30/09/2023
Le 29 septembre, l’Église fête tous les saints anges, et en particulier les archanges Michel, Gabriel et Raphaël. Le frère carme Baptiste de l’Assomption nous présente ce que disait Thérèse de l’Enfant Jésus de nos frères les anges, de ce qu’ils sont et de leur mission auprès de nous.
Source Aleteia
Dans la spiritualité de Thérèse, la perspective du ciel est absolument fondamentale. C’est vers lui, vers sa véritable patrie, que tous ses désirs convergent. Et parmi les habitants du ciel, elle a porté une attention toute particulière aux anges, ses premiers habitants. En tout ce que Thérèse dit, il y a un enseignement très ancien, traditionnel, mais aussi très nouveau, plein de fraîcheur et d’originalité. Ce qu’elle dit des anges ne manque pas à la règle ! Voici un petit « bouquet » de quelques-unes de ses grandes intuitions sur le rôle des esprits célestes.
Un des premiers aspects qui captive le cœur de Thérèse, c’est que les anges manifestent à son égard un amour prévenant, semblable à celui de Jésus. Pour Thérèse, selon une formule bien ramassée, « le propre de l’amour [est] de s’abaisser » (Manuscrits A, f°2v). Les anges, puisqu’ils sont transformés dans l’amour, font à l’égard de Thérèse exactement ce que Jésus a fait pour elle : ils descendent du ciel, ils s’abaissent vers elle avec une sollicitude toute fraternelle. Comme elle le dit à son ange gardien (Poésies 46,1.2) :
Tu descends pour moi sur la terre
Et m’éclairant de ta splendeur
Bel Ange, tu deviens mon Frère,
Mon Ami, mon Consolateur !…
Connaissant ma grande faiblesse
Tu me diriges par la main
Et je te vois avec tendresse
Ôter la pierre du chemin .
Un autre aspect, assez inédit, de la contemplation de Thérèse est, paradoxalement, la découverte, sous le regard des anges, de la très haute dignité de tout être humain. Chez Thérèse, on retrouve une sorte de vaccin universel contre la « gnose ». Jamais nous ne soupçonnons dans ses écrits un quelconque mépris de la chair. Lorsqu’elle contemple la vie du ciel et des esprits célestes, elle n’envie pas les anges parce qu’ils seraient immatériels et qu’ils échapperaient aux douleurs d’ici-bas.
Au contraire ! Ce sont plutôt les anges qui éprouvent une « sainte jalousie » à l’égard des hommes. Eux seuls ont été rejoints dans leur nature par le Verbe éternel ! Eux seuls ont la capacité de pouvoir imiter l’Amour infini de Jésus, un Amour qui s’est donné jusqu’à livrer sa vie, jusqu’à verser son sang en mourant sur la Croix. Voilà ce qu’elle fait dire à un séraphin dans une poésie (Poésies 3,89-97.) :
Je m’abîme en mon Dieu, je contemple ses charmes,
Mais je ne puis pour lui m’immoler et souffrir,
Je ne puis lui donner ni mon sang ni mes larmes
Malgré tout mon amour, je ne saurais mourir…
La pureté, de l’ange est le brillant partage
Son immense bonheur ne doit jamais finir,
Mais sur le Séraphin, vous avez l’avantage
Vous pouvez être purs, et vous pouvez souffrir !…
Mais la « jalousie » n’est qu’une manière de parler. En réalité, les anges sont pour Thérèse de véritables compagnons d’armes, animés du même zèle enflammé qu’elle, pour le salut des âmes. Alors qu’elle est encore limitée par l’espace-temps, enfermée dans les murs de son Carmel de Lisieux, c’est à eux qu’elle confie la mission de l’aider à faire aimer Jésus par toute la terre (Poésies 46,3.) :
Ô toi ! qui traverses l’espace
Plus promptement que les éclairs
Je t’en supplie, vole à ma place
Auprès de ceux qui me sont chers
De ton aile sèche leurs larmes
Chante combien Jésus est bon.
Chante que souffrir a des charmes
Et tout bas, murmure mon nom…
Les anges sont pour elles les relais de son désir absolument fou et universel de répandre la Charité dans le monde entier.
Thérèse ne s’arrête pas là ! À la fin de sa vie, les anges deviennent des modèles qui lui permettent de penser son apostolat futur dans le ciel. Voilà ce qu’elle écrit quelques semaines avant de mourir :
« Je compte bien ne pas rester inactive au Ciel, mon désir est de travailler encore pour l’Église et les âmes, je le demande au bon Dieu et je suis certaine qu’Il m’exaucera. Les Anges ne sont-ils pas continuellement occupés de nous sans jamais cesser de voir la Face divine, de se perdre dans l’Océan sans rivages de l’Amour? Pourquoi Jésus ne me permettrait-Il pas de les imiter ? » (Lettres 254.)
Mais au Ciel, Thérèse restera humaine tout de même. Comme elle le dit elle-même :
« Je crois que les Bienheureux ont une grande compassion de nos misères, ils se souviennent qu’étant comme nous fragiles et mortels, ils ont commis les mêmes fautes, soutenu les mêmes combats et leur tendresse fraternelle devient plus grande encore qu’elle ne l’était sur la terre, c’est pour cela qu’ils ne cessent de nous protéger et de prier pour nous » (Lettres 263).
Parce qu’elle a vécu les mêmes combats que nous, Thérèse garde à l’égard de tous ceux qui la prie une sorte de proximité toute fraternelle.
Pour recueillir l’enseignement de Thérèse, voici quatre actes de foi que nous pourrions faire :
« Mon ange gardien descend du ciel vers moi avec un Amour qui vient du cœur de Jésus ! Il s’abaisse vers moi, il m’aime plus que je ne peux l’imaginer. »
« Il regarde avec émerveillement la capacité que j’ai de pouvoir m’offrir tout entier, avec mes souffrances, au Père, à l’imitation de Jésus sur la Croix. Voilà un privilège que j’ai et qu’il n’a pas. »
« Il veut se mettre à mon service pour m’aider à répandre la charité autour de moi. Il attend que je le prie pour aller visiter mes frères, à ma prière, pour les bénir à ma place. »
« Un jour, il me fera participer à ses propriétés célestes pour que je puisse, moi aussi, illuminer mes frères depuis le ciel. »