«  Des modèles de prêtres pour aujourd’hui  »

21/04/2023

«  Des modèles de prêtres pour aujourd’hui  »

Ce samedi 22 avril, l’Église célèbre la béatification de cinq prêtres assassinés pendant la Commune de Paris. Ils font partie des dix religieux exécutés rue Haxo, dans le 20e arrondissement parisien, le 26 mai 1871, après une détention de près de deux mois. La célébration sera présidée par le cardinal Semeraro, Préfet du Dicastère pour la Cause des Saints. Comme l’écrit France catholique, ces prêtres sont des modèles pour aujourd’hui :

Les nouveaux béatifiés sont des modèles de foi et de charité. Entretien avec le Père Yvon Sabourin, religieux de Saint-Vincent-de-Paul et postulateur de la cause en béatification du Père Henri Planchat.

 

Le Père Henri Planchat était surnommé «  le chasseur d’âmes  »… D’où lui était venu ce surnom ?

Père Yvon Sabourin : Il avait gagné ce surnom grâce à son ministère et à sa personnalité. À l’époque, il s’occupait des Parisiens appartenant à ce que l’on nomme aujourd’hui les «  périphéries  », c’est-à-dire ceux qui sont éloignés de l’Église. Certains d’entre eux étaient même farouchement anticléricaux ! Il les approchait avec zèle et simplicité et ne s’offusquait jamais lorsqu’il était rejeté. Il savait reprendre en main la situation, par ses mots qui touchaient les cœurs, par sa délicatesse. Son but n’était pas simplement de s’occuper matériellement des pauvres, mais aussi spirituellement. Il était un «  chasseur  » car il voulait ramener les âmes au plus près de Dieu. Comme dirait le pape François, il portait sur lui l’odeur de ses brebis ! Il montre que l’Église doit être missionnaire partout. Les cinq béatifiés avaient cela en commun : regarder les âmes des gens qui étaient loin de Dieu avec le même regard que celui de Dieu sur ses enfants.

 

Ses derniers mots sont saisissants : «  Laissez-moi prier  »

Le Père Planchat a subi de nombreuses épreuves, aussi bien dans sa santé que par l’opposition qu’il a rencontrée au cours de son ministère en raison des jalousies suscitées par son succès pastoral ! Mais dès sa jeunesse, il avait été préparé par ses parents à être éprouvé. De sorte que, lorsqu’il l’était, il grandissait dans la foi. Cela fut son parcours tout au long de sa vie. Quand arrivent les derniers jours, quand il voit le calvaire et saisit qu’il va subir une passion qui ressemble à celle de Notre-Seigneur, il tombe à genoux. Son réflexe n’est pas de se plaindre. La violence qui s’abat sur lui est pourtant inouïe – il est criblé de sept balles, ses bras sont brisés –, et pourtant ses derniers mots sont un réflexe profond qui révèle sa dynamique spirituelle. En disant : «  Laissez-moi prier  », il montre que c’est dans l’épreuve que l’on s’ouvre au Seigneur et que l’on crie vers lui. Il était d’une grande humilité, il savait dire : «  Je ne suis rien sans toi, Seigneur.  »

 

Quel modèle ces béatifiés représentent-ils pour aujourd’hui ?

Certains de nos contemporains entretiennent un esprit de haine contre l’Église. Par exemple en profitant des scandales pour faire en sorte que les évêques ne puissent plus dire quoi que ce soit sur les questions bioéthiques. Nous vivons une période très difficile, aussi difficile que sous la Commune. Espérons que ces béatifications édifient les catholiques et ouvrent les yeux, afin de redécouvrir la beauté du ministère sacerdotal. Les cinq béatifiés sont des modèles de prêtres, d’autant plus importants dans ce contexte où nous sommes éprouvés par les scandales. Ce sont également des modèles de sainteté : s’il n’avait pas été martyrisé, nul doute que le Père Planchat aurait quand même été candidat à la béatification au nom de l’héroïsme de ses vertus ! Il me semble que le Seigneur a attendu cette béatification : elle aurait pu survenir dans les années 1950, puis au début des années 1960 lorsque Paul VI signe un décret en ce sens. Mais nous sommes alors en 1964 et mai 1968 vient tout arrêter… Aujourd’hui, le temps est opportun pour ces béatifications. L’Église a besoin de cette consolation !

 

Image : L’arrestation du Père Planchat.
Dessin de Charles Albert d’Arnoux,
dit Bertall, publié dans le Figaro en 1875.