25/03/2023
25/03/2023
L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait : ‘la femme stérile’. Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. » Alors l’ange la quitta.
(Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris)
Méditation
L’Annonciation, c’est l’appel. Dans cette ville appelée Nazareth, même l’ange a un nom : Gabriel, homme de Dieu. La jeune fille était Marie, donnée en mariage un homme de la maison de David, appelé Joseph. Mais voici venir le Nom qui est au-dessus de tout nom, le Fils du Très Haut : tu lui donneras le Nom de Jésus, Dieu Sauve. Dans chacun de ces noms s’inscrit une mission. Que peut signifier cet appel ? A l’écoute de ces appels résonne notre appel. Quel est ton Nom ? Quelle est ta mission ?
L’Annonciation, c’est la peur. La peur humaine de Marie, devant l’ange de Dieu. La peur d’Elisabeth face à sa stérilité, et au faux nom, fausse mission que lui donne le monde, dérision de la « femme stérile ». La peur de chacun de nous face au mystère de Dieu dans nos vies, sa Grandeur, le Très Haut, devant notre petitesse et nos bassesses. Ma propre peur face à la sainteté de l’appel et la pauvreté de ma vie. Face au péché, ma peur me casse. Face à Sa Miséricorde, ma peur s’efface.
L’Annonciation, c’est l’appui. Sur le « Oui » de Marie et sous l’ombre du Très-Haut va naître le Fils de Dieu. Sur le « Oui » de Marie viendra s’appuyer l’humanité, qui de générations en générations la dira bienheureuse. Sur le « Oui » de Marie, je viens puiser l’eau vive du Salut, à l’heure de l’Angelus, quand trois fois par jour, Tu me rappelles que rien est impossible à Dieu.
21/03/2023
[…]
Je n’ai jamais trahi les convictions qui m’animaient, malgré les persécutions inévitables. J’ai toujours résisté, combattu et lutté quand je sentais que les mensonges, la médiocrité, ou la perversité étaient à l’œuvre. Cela m’a valu des coups reçus et des brimades, mais je ne regrette pas ces combats menés avec conviction. Le plus dur est de souffrir par l’Église.
Le Pape saint Jean-Paul II fut le Pape de ma jeunesse. Je l’ai tellement aimé, dans l’exemple de force et de courage qu’il nous donnait. C’est lui qui m’a communiqué l’enthousiasme de la foi et l’ardeur apostolique. Avec lui, j’ai grandi dans l’amour de l’Église et la fidélité au Magistère. Le témoignage de sa vie donnée jusqu’au bout, dans la souffrance acceptée et offerte, dans la célébration de la Messe malgré les douleurs, m’a bouleversé. C’est toujours sur lui que je m’appuie aujourd’hui pour célébrer la messe. Quand les forces me manquent, quand je suis essoufflé, quand mon corps me fait mal, je lui parle et lui demande : « Très saint Père, donnez-moi votre force et votre courage pour célébrer les saints mystères, comme vous l’avez fait jusqu’au bout dans un don total ». Il fut pour moi le témoin de la joie de la foi et de l’attachement au Christ. Il fut pour moi l’exemple d’un bloc de prière au milieu des tribulations de ce monde. Il fut confronté aux forces du mal, affrontant avec courage ces deux totalitarismes du vingtième siècle qui ont fait des millions de morts. Il a résisté, il a combattu, il a fait tomber le mur de Berlin qui écrasait l’humanité. Saint Jean-Paul II est pour moi un géant de la foi, un saint exceptionnel qui continue de me porter. Je n’oublierai jamais ces moments où j’ai eu la joie de le rencontrer. C’est pourquoi j’ai participé, malgré tous les obstacles, à ses funérailles, à sa béatification puis à sa canonisation.
Le Pape Benoît XVI fut le Pape de mon sacerdoce. J’ai été ordonné le 25 juin 2005, deux mois après son élection. Il m’a porté d’une manière extraordinaire dans les débuts de ma vie de prêtre par la profondeur de ses homélies, par ses analyses pertinentes et prophétiques de notre monde, par ses réflexions lumineuses. L’exemple de son humilité et de sa douceur m’ont beaucoup touché. Il fut un vrai serviteur de Dieu, soucieux d’affermir la foi des fidèles pour le salut des âmes. Il a cherché sans cesse à ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Ce fut un homme de prière, enraciné dans la contemplation du Dieu vivant. Pendant près de dix ans, après sa renonciation, il vécut retiré du monde, mais le portant dans sa prière. Depuis son décès, je l’invoque pour notre Église, en proie à une grave crise. Il est pour moi l’exemple d’une vie donnée au service de la vérité, déployant toute sa grande intelligence pour mettre en lumière, de façon limpide, les plus hautes vérités de la foi. Je me plonge toujours dans ses écrits, ses livres, ses homélies, ses discours avec la joie profonde de celui qui apprend et commence à mieux comprendre. La défense et la transmission de la foi, dans la fidélité à la Tradition, furent son combat de chaque jour. Je puis témoigner du fait qu’il m’a affermi dans la foi. Je demeure toujours bouleversé par son cœur de bon Pasteur, en particulier lorsqu’il écrivit une lettre aux évêques du monde entier, suite aux attaques suscitées par son geste de communion en levant l’excommunication qui pesait sur les quatre évêques de la fraternité saint Pie X. Cette lettre est magnifique, c’est son cœur qui parle. […]
A l’intérieur de l’Église, des loups se sont introduits. Ce sont des prêtres, et même parfois des évêques, qui ne cherchent pas le bien et le salut des âmes, mais qui désirent d’abord la réalisation de leurs propres intérêts, comme la réussite d’une « pseudo-carrière ». Alors ils sont prêts à tout : céder à la pensée dominante, pactiser aves certains lobbies comme les LGBT, renoncer à la doctrine de la vraie foi pour s’adapter à l’air du temps, mentir pour parvenir à leurs fins. J’ai rencontré ce genre de loups déguisés en bons pasteurs, et j’ai souffert par l’Église. Dans les différentes crises que j’ai traversées, je me suis rendu compte que les autorités ne prenaient pas soin des prêtres et les défendaient rarement, prenant fait et cause pour des récriminations de laïcs progressistes en mal de pouvoir et voulant une liturgie plate dans une auto-célébration de l’assemblée. Comme prêtre, pasteur et guide des brebis qui vous sont confiées, si vous décidez de soigner la liturgie pour honorer notre Seigneur et lui rendre un culte véritable, il est peu probable que vous soyez soutenu en haut lieu face aux laïcs qui se plaignent.
Aujourd’hui, je veux offrir mes souffrances pour l’Église, pour ma paroisse, pour les vocations. Toutes les vocations : sacerdotales, religieuses, maritales. Je demande au Seigneur la force de pardonner à ceux qui m’ont persécuté, et le courage d’avancer en portant ces croix de chaque jour. Comme Zachée, pour voir le Christ, il nous faut monter sur un arbre, l’arbre de la Croix. « Stat crux dum volvitur orbis » – « la croix demeure tandis que le monde tourne » : telle est la devise des Chartreux. Au milieu des changements et des troubles de ce monde, demeure plantée sur notre terre de manière stable, comme le signe de notre foi, la croix de notre Sauveur. […]
Comme j’aimerais, au soir de ma vie, m’écrier comme saint Paul : « J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi » (2 Tm 4, 7). Quel est le bon combat à mener en ce monde ? Beaucoup dépensent de l’énergie pour des luttes qui n’en valent pas la peine, comme cette écologie érigée en nouvelle religion, ou cette défense de la cause animale au détriment des hommes. Voyez toute cette énergie dépensée pour des combats menés avec le diable, comme ceux de la culture de mort, de la théorie du genre, du transhumanisme, du wokisme…. Tout cela détourne les personnes de Dieu et leur fait mener de faux combats qui sont ceux du démon.
Le bon combat est celui de la foi : garder la foi et transmettre la foi, dans la fidélité à la tradition de l’Église. Ma foi, aujourd’hui, est celle des patriarches, des prophètes, des apôtres, des saints et des saintes qui nous précèdent et qui nous ont transmis ce trésor de la foi au vrai Dieu. Au long des siècles de l’histoire de l’Église, que de sang versé, de souffrances subies, de persécutions violentes pour protéger et transmettre la foi !
Le bon combat, c’est celui qui consiste à rester fidèle aux promesses de son baptême, à lutter pour demeurer uni au Seigneur Jésus, à vivre en chrétien, à garder ses convictions. C’est un combat de chaque jour, car le démon ne cesse de tenter de nous détourner de Dieu. Le bon combat, c’est celui de la fidélité au Christ, fidélité qui se gagne chaque jour à travers les devoirs de la vie chrétienne : la prière quotidienne, la messe dominicale, la confession régulière, la lutte contre tel ou tel péché qui revient sans cesse. Il y a des chrétiens héroïques qui se battent chaque jour pour terrasser un péché qui empoisonne leur vie. Ces combats de l’ombre, dans les secrets de la vie, sont autant de petites victoires remportées contre le Prince des ténèbres.
20/03/2023
05/05/2022
« Beaucoup de saints et d’hommes de vertu ont écrit sur les avantages qu’on retire de l’oraison, je veux dire l’oraison mentale. Que Dieu en soit glorifié ! Mais quand ils ne l’auraient pas fait, je ne serais pas, malgré mon peu d’humilité, assez téméraire pour oser en parler. Je puis dire toutefois ce que l’expérience m’a appris. Malgré les fautes où tombe celui qui débute dans la voie de l’oraison, il ne doit jamais l’abandonner. L’oraison est le moyen qui lui servira à se relever. Sans elle, ce serait beaucoup plus difficile. Mais qu’il ne se laisse pas séduire comme moi par le démon, et qu’il se garde bien d’abandonner cet exercice sous prétexte d’humilité. Il doit croire que le Seigneur ne peut manquer à sa parole. Si notre repentir est sincère, et si nous prenons la résolution généreuse de ne plus pécher, il nous rend son amitié première ; il nous accorde les mêmes faveurs que précédemment, et parfois de beaucoup plus grandes, si le repentir de notre cœur le mérite. »
« Quant à celui qui n’aurait pas encore commencé à faire oraison, je le supplie pour l’amour de Dieu de ne pas se priver d’un si grand bien. Ici, il n’y a rien à craindre, mais tout à espérer. Si, je suppose, on n’avance pas et si l’on ne s’efforce pas d’être assez parfait pour mériter les joies et les délices que le Seigneur réserve à ses vrais amis, on arrivera néanmoins à connaître peu à peu la voie du ciel. Si l’on persévère, j’ai confiance en la miséricorde de Dieu. Personne ne l’a pris en vain pour ami.
Or, l’oraison mentale n’est, à mon avis, qu’un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé. Mais vous ne l’aimez pas encore, dites-vous. Car pour que l’amour soit vrai et l’amitié durable, il faut la parité des conditions. Or Notre-Seigneur, nous le savons, ne peut avoir de défauts ; notre nature, au contraire, est vicieuse, sensuelle et ingrate. Vous ne pouvez donc arriver à lui porter assez d’amour, à cause de l’infériorité de votre état. Mais la vue des grands biens qu’il y a pour vous à posséder son amitié et de l’amour immense qu’il vous porte, vous amènera à triompher de la peine où vous êtes de rester longtemps avec Celui qui est si différent de vous.
O bonté infinie de mon Dieu ! C’est bien de la sorte, ce me semble, que je vous vois et que je me vois.
O délices des Anges, je voudrais à cette vue me consumer tout entière d’amour pour vous. »
« Oh ! qu’il est bien vrai que vous supportez la présence de celui qui se fatigue en votre compagnie ! quel ami généreux vous êtes pour lui, ô mon Dieu ! que de faveurs vous lui prodiguez ! quelle patience à le supporter ! vous attendez qu’il se conforme à votre condition, pendant que vous poussez la condescendance jusqu’à supporter la sienne. Vous lui tenez compte, ô mon Dieu, de quelques instants qu’il consacre à vous aimer ; et, à la première lueur de son repentir, vous oubliez ses offenses envers vous. Voilà ce que j’ai vu clairement par moi-même. Aussi, je ne comprends pas, ô mon Créateur, pourquoi tout le monde ne chercherait pas à se rapprocher de vous par une amitié si intime. »
« En récompense des efforts qu’on fait pour rester en si bonne compagnie, vous tenez compte de ce que dans les débuts, et même parfois dans la suite, nous ne saurions faire davantage. Et alors vous, ô Seigneur, vous empêchez les démons de nous attaquer, vous diminuez chaque jour leur empire sur nous, et vous nous donnez la force d’en triompher. Non, vie de toutes les vies, vous ne donnez la mort à aucun de ceux qui se confient en vous et vous prennent pour ami. Mais vous donnez la vie à l’âme, et vous soutenez celle du corps en lui communiquant une nouvelle santé.
Je ne comprends pas les craintes de ceux qui n’osent s’adonner à l’oraison mentale ; je ne sais de quoi ils ont peur. Quant au démon, il sait bien ce qu’il fait lorsqu’il nous inspire ces frayeurs. Il nous cause un vrai préjudice quand il nous empêche de penser à nos péchés et à nos graves obligations envers Dieu, à l’existence d’un enfer et d’un ciel, aux tourments inouïs et aux angoisses que le Sauveur a endurés pour nous. »
« Telle fut toute mon oraison au milieu des dangers dont j’ai parlé. Telles furent les vérités sur lesquelles je méditais quand je le pouvais. Mais très souvent pendant plusieurs années, j’étais beaucoup plus préoccupée du désir de voir s’achever l’heure d’oraison et d’entendre le coup de l’horloge, que d’autres pensées vraiment utiles. Souvent aussi il m’eût été moins dur de subir les pénitences les plus rigoureuses que de me recueillir pour faire oraison.
Oui, je l’affirme, j’avais à soutenir un tourment inouï contre le démon ou ma mauvaise nature, qui voulaient m’empêcher de me rendre à l’oraison. Une telle tristesse s’emparait de moi, en entrant à l’oratoire, que pour, me surmonter j’avais besoin de tout mon courage, qui, dit-on, n’est pas petit. On a vu, en effet, que Dieu me l’a donné bien supérieur à celui d’une femme, quoique j’en aie mal usé. Enfin, le Seigneur venait à mon secours. Après m’être ainsi surmontée, je goûtais plus de repos et de consolation que dans quelques autres circonstances où j’étais stimulée par le désir de le prier. »
Références |
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↑1 |
Sainte Thérèse de Jésus, « Vie écrite par elle-même », dans Œuvres complètes, trad. par Grégoire de saint Joseph, Paris, Seuil, 1949, p. 81-85. |