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Porter secours aux familles libanaises : au cœur d’une mission d’urgence

14/10/2024

Porter secours aux familles libanaises : au cœur d’une mission d’urgence

Thibaut Wallet est chef de mission au Liban pour SOS Chrétiens d’Orient depuis trois mois, après une mission d’un an en Éthiopie. Conscient de la gravité de la situation, déjà complexe, il a vu la crise s’aggraver après le 7 octobre 2023. L’intensification du conflit était prévisible en raison de la faiblesse de l’État libanais, régulièrement en crise. Israël, visant le Hezbollah, place ainsi le Liban en ligne de mire.  


Image Sos Chrétiens d'Orient

| Quelle est la situation d’urgence actuelle au Liban, en particulier à Beyrouth ? 


La situation a pris un tournant dramatique le 17 septembre 2024 avec une attaque du Hezbollah, provoquant de graves dégâts à Beyrouth. La ville a plongé dans le chaos, marquée par des sirènes incessantes et une panique généralisée. La semaine suivante, les frappes se sont intensifiées. Le 23 septembre, on comptabilisait déjà 568 morts et plusieurs milliers de blessés. Depuis, Beyrouth subit des bombardements quotidiens, principalement dans la banlieue sud.

Récemment, une frappe israélienne a touché le quartier de Rasanaba, au centre de Beyrouth, après qu’une autre a touché un axe majeur reliant l’aéroport à la ville. Les frappes ne se limitent pas à la capitale, elles atteignent aussi la vallée de la Bekaa, Tripoli au nord, et d’autres régions comme le Keserwan. 


| Quels sont les besoins des familles et les principaux défis auxquels vous faites face dans ces conditions ? 


La crise des déplacés est le défi le plus préoccupant. Le Premier Ministre libanais évoque un chiffre d’un million de personnes déplacées, mais nous estimons que ce nombre atteint désormais 1,2 million, pour une population totale de six millions. Parmi eux, seulement 180 000 sont officiellement recensés dans les 990 centres d’accueil, dont 790 sont déjà pleins. Le reste des déplacés survit dans des conditions précaires : certains chez des proches, d’autres dans des hôtels ou des appartements, mais beaucoup dorment dans leurs voitures ou à même la rue.

SOS Chrétiens d’Orient est présent sur le terrain. Nous distribuons des matelas et des couvertures dans les camps d’hébergement. Pour porter des secours d’urgence aux déplacés atteints par les bombardements, nous avons mis en place une unité médicale qui circule dans la région de Jezzine, au Sud-Liban. 


| Quelle est la situation de l’aide humanitaire sur le terrain ? 


Le Liban reçoit une aide humanitaire importante, mais malgré cela, elle reste insuffisante face à l’ampleur de la crise actuelle. Les ressources manquent cruellement. Nous sommes en première ligne pour distribuer des biens de première nécessité, mais nous devons également lancer des appels aux dons. La situation évolue rapidement, et les besoins des Libanais augmentent chaque jour. Nous travaillons en collaboration avec d’autres associations et le ministère des Affaires sociales. 


| Quel impact la crise a-t-elle sur la vie spirituelle des déplacés ?

 
Cela dépend des régions où ils se trouvent, mais dans de nombreux cas, quitter son village et son église est un véritable déchirement. Les églises restent ouvertes, et beaucoup parviennent encore à assister à la messe. Cependant, certains paroissiens sont séparés de leurs prêtres, ce qui rend la situation spirituelle difficile. Beaucoup de déplacés se sentent perdus, désespérés, et épuisés par l’épreuve qu’ils traversent. 


| Vous avez également une mission implantée dans la ville de Rachaya Al Foukhar. Dans ce contexte de conflit intense et d’exode massif, comment évaluez-vous l’impact des distributions de colis alimentaires sur la vie des familles présentes là-bas ? 


La distribution de colis alimentaires est cruciale dans cette situation désastreuse. Pour beaucoup de familles, ces colis représentent non seulement une aide matérielle, mais aussi un lien avec leur communauté et leur terre. Chaque paquet permet à une famille de se nourrir pendant deux semaines, un répit essentiel face à l’angoisse quotidienne. De plus, cela crée un espace de solidarité où les villageois se retrouvent, échangent des nouvelles et renforcent leurs liens malgré l’instabilité. Même en exil à Beyrouth, le fait de recevoir cette aide leur rappelle qu’ils ne sont pas seuls et que des efforts sont faits pour les soutenir. Cela nourrit l’espoir, si vital en ces temps sombres. 

Source de l'article : L'Homme Nouveau

 

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