Le blog du Temps de l'Immaculée.
07/10/2024
Versé en 1808 dans le 12e régiment de Ligne en tant que chirurgien, le jeune médecin miliaire Gaultier de Claubry se retrouve pris dans le soulèvement du Dos de Mayo. La population madrilène ne supporte plus la présence des troupes françaises et la tentative de Napoléon de détrôner le roi Charles IV pour mettre son frère Joseph à sa place....
...Toute la nuit et une partie de la matinée, les insurgés vont massacrer tout Français qui a le malheur de tomber entre leurs mains. Alors qu’ils vont tuer le jeune docteur, il a soudain l’inspiration de sortir la plus redoutable des armes en sa possession : son chapelet. L’effet en est instantanément miraculeux.
C’est Emmanuel Gaultier de Claubry lui-même qui répandra très vite l’histoire de son sauvetage. Nous avons donc une version de première main. Or, le docteur Gaultier, fils d’un professeur de médecine, est un scientifique parfaitement formé, d’une grande rigueur intellectuelle et qui sera membre de l’Académie de Médecine. Ce n’est donc pas quelqu’un de crédule prêt à trouver une explication surnaturelle à n’importe quoi.
Il sait très bien que sa grande piété et sa forte dévotion mariale le singularisent et lui attirent de nombreuses moqueries, risquant de nuire à sa carrière, militaire ou civile. L’armée napoléonienne est largement composée d’anciens soldats de la Révolution très hostiles au catholicisme et l’avancement se fait beaucoup par les loges maçonniques ; afficher sa foi catholique demande une forme d’héroïsme. Gaultier n’aurait donc aucun intérêt à répandre un récit inventé et seule la réalité des faits le pousse à parler.
Prudent, le jeune homme commencera par consulter plusieurs prêtres et religieux, espagnols, français, italiens, leur demandant s’il se trompe en voyant une explication miraculeuse et providentielle à sa survie.
Au nombre des personnes qui l’encourageront à répandre son récit figure le futur saint Eugène de Mazenod, un ami d’enfance. De personnalité intègre et qui a les pieds sur terre, Eugène sait que répandre des niaiseries pieuses aurait un effet contraire à celui espéré. Cela participe à attester le sérieux de l’histoire.
Sa première réaction, ce 2 mai, alors qu’il risque la mort n’est pas de se défendre ou chercher une échappatoire qui lui sauverait la vie, mais, de se recommander en prière à la Sainte Vierge.
À l’Espagnol qui le traite « d’impie », le jeune médecin rétorque : « Moi ? Impie ? Je ne le suis pas ! En voulez-vous la preuve ? » et il sort son chapelet de sa poche. Ce n’est pas assez pour le tirer d’affaire, tant l’atmosphère est violente et les insurgés excités. Mais soudain, alors que les gens de bon sens se terrent chez eux en attendant la fin de l’émeute, surgit un Espagnol qui fréquente la même église et peut témoigner de la piété de ce Français-là. Il y a quelque chose de providentiel dans cette coïncidence inespérée. C’est d’ailleurs ce qui frappera le plus Gaultier.
Aussitôt, les hommes échauffés qui s’apprêtaient à le tuer se calment, embrassent pieusement le chapelet puis mettent le jeune médecin en lieu sûr, lui évitant une mort certaine et horrible car les autres soldats français tombés entre leurs mains seront systématiquement massacrés.
Avec un calme et une lucidité qui plaident en sa faveur, le docteur Gaultier se borne à conclure son récit en disant sobrement : « Plus je réfléchis aux circonstances de cet événement, plus je reconnais devoir la vie à la protection de la Vierge du Rosaire. Si ce n’est pas un miracle, c’est au moins une assistance spéciale et manifeste. » Jusqu’à la fin de ses jours, le docteur Gaultier fera célébrer des messes d’actions de grâce pour cet évènement.
L’anecdote fait partie des nombreuses grâces obtenue par Notre-Dame du Rosaire, fêtée le 7 octobre.
Auteur : Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.
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