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1er octobre - Prière à Saint Remi, Évêque et Confesseur

01/10/2024

1er octobre - Prière à Saint Remi, Évêque et Confesseur

Il montra dès l’abord toutes les vertus des grands pontifes. Les miracles relevèrent encore l’éclat de sa sainteté: pendant ses repas, les oiseaux venaient prendre du pain dans ses mains; il guérit un aveugle possédé du démon; il remplit de vin, par le signe de la Croix, un vase presque vide; il éteignit, par sa seule présence, un terrible incendie; il délivra du démon une jeune fille que saint Benoît n’avait pu délivrer.

 

L’histoire de sainte Clotilde nous apprend comment Clovis se tourna vers le Dieu des chrétiens, à la bataille de Tolbiac, et remporta la victoire. Ce fut saint Rémi qui acheva d’instruire le prince. Comme il lui racontait, d’une manière touchante, la Passion du Sauveur: “Ah! s’écria le guerrier, que n’étais-je là avec mes Francs pour Le délivrer!” La nuit avant le baptême, saint Rémi alla chercher le roi, la reine et leur suite dans le palais, et les conduisit à l’église, où il leur fit un éloquent discours sur la vanité des faux dieux et les grands mystères de la religion chrétienne. Alors l’église se remplit d’une lumière et d’une odeur célestes, et l’on entendit une voix qui disait: “La paix soit avec vous!” Le Saint prédit à Clovis et à Clotilde les grandeurs futures des rois de France, s’ils restaient fidèles à Dieu et à l’Église. Quand fut venu le moment du baptême, il dit au roi: “Courbe la tête, fier Sicambre; adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré.” Au moment de faire l’onction du Saint Chrême, le pontife, s’apercevant que l’huile manquait, leva les yeux au Ciel et pria Dieu d’y pourvoir. Tout à coup, on aperçut une blanche colombe descendre d’en haut, portant une fiole pleine d’un baume miraculeux; le saint prélat la prit, et fit l’onction sur le front du prince.

 

Cette fiole, appelée dans l’histoire la sainte Ampoule, exista jusqu’en 1793, époque où elle fut brisée par les révolutionnaires. Outre l’onction du baptême, saint Rémi avait conféré au roi Clovis l’onction royale. Deux soeurs du roi, trois mille seigneurs, une foule de soldats, de femmes et d’enfants furent baptisés le même jour. Saint Rémi devint aveugle dans sa vieillesse. Ayant recouvré la vue par miracle, il célébra une dernière fois le Saint Sacrifice et s’éteignit, âgé de quatre-vingt-seize ans.

 

 

 

Prière à St Rémi 

 

Glorieux Saint Remi,
que le Christ Rédempteur, désiré des nations et Roi des rois, a choisi de toute éternité pour conduire le peuple Franc vers la lumière de la Foi véritable, et pour consacrer par l’onction sainte d’un chrême miraculeux venu du ciel Clovis, le premier de nos rois, regardez aujourd’hui le peuple de France tombé aux mains de chefs illégitimes et pervers qui l’entraînent dans l’apostasie et l’enchaînent à de nouveaux paganismes : du haut du ciel regardez-nous, ayez pitié de nous, et priez pour nous !

 

   Vous qui avez été autrefois et demeurez à jamais l’apôtre des Francs, intercédez sans relâche devant le trône de la divine Majesté pour que se renouvellent les prodiges de grâce de jadis et que l’illumination surnaturelle mette fin à la cécité spirituelle des Français d’aujourd’hui, que la voix céleste rompe leur surdité et les attire au seul véritable Sauveur,
que les ténèbres qui enveloppent leurs cœurs soient dissipées, et qu’ils trouvent la force pour triompher des ennemis de leur salut et du salut de leur patrie !

   

Les ennemis du Christ et de la Sainte Eglise, tous ceux qui rejettent les intangibles Lois divines et veulent les extirper pour toujours du cœur des Français, œuvrent sans relâche dans l’ombre et le secret des loges et des sectes pour mettre en échec le plan salvifique de Dieu par le moyen de la France : ils ont usurpé le trône du Fils aîné de la Sainte Eglise, ils ont perverti le pouvoir et corrompu l’autorité, ils ont ébloui tant d’esprits par ces fallacieuses lumières allumées aux flammes de l’enfer…
Saint Rémi, notre père, suscitez aujourd’hui de nouveaux apôtres, animés de ce zèle infatigable et de la sagesse conquérante qui brillaient en vous, pour qu’ils arrachent la France et les Français aux griffes de l’ennemi du genre humain, et qu’ils reconquièrent au Christ-Roi les intelligences, les esprits et les cœurs !

 

Puisse la France, par votre intercession, trouver la force de rejeter les faux prophètes d’une fausse liberté, d’une menteuse égalité et d’une spécieuse fraternité, et de se précipiter aux pieds de Jésus et de Marie, sa Reine miséricordieuse : obtenez à tout son peuple un repentir sincère et le pardon de ses péchés, pour qu’il restaure l’alliance avec la Sagesse Eternelle conclue dans les fonts baptismaux de Reims, grâce à votre précieux ministère, et qu’il se fasse à nouveau une gloire de proclamer : « Vive le Christ qui aime les Francs ! »

 

Saint Remi, apôtre des Francs, priez pour nous, et priez pour la France !

Ainsi soit-il !

 

(Prière composée par Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur)

 

 

“Les traditions culturelles et liturgiques constituent une bouée de sauvetage plus que bienvenue”

30/09/2024

“Les traditions culturelles et liturgiques constituent une bouée de sauvetage plus que bienvenue”

40 ans. Une fine tranche de vie au regard de l’éternité. Une éternité au regard de la pente descendue. En 1985, à l’occasion d’une exposition itinérante Les Bretons et Dieu co-produite par l’Institut Culturel de Bretagne (I.C.B.) et par Buhez, association regroupant les musées d’archéologie, d’ethnographie et d’histoire de Bretagne, l’historien Alain Lacroix faisait remarquer une vérité qui n’a rien perdu de son évidence : « Comprendre la Bretagne d’aujourd’hui hors du phénomène religieux ne relèverait même pas du tour de force ». C’est que ce lien étroit, pour ne pas dire décisif et consubstantiel, entre la foi catholique et l’identité bretonne, la sagesse locale l’exprime au moyen d’un dicton synthétique : « Breton et Foi sont frère et sœur en Bretagne : Ar brezhoneg hag ar feiz a zo breur ha c’hoar e Breizh ».

 

Aussi, à l’heure où le catholicisme breton ne semble pas avoir échappé à la déferlante de la déchristianisation générale, une question se pose : Que reste-t-il aujourd’hui du catholicisme comme expression d’une foi inculturée ?

 

Depuis ses sept saints fondateurs, les fameux “pères de la patrie”, de saint Brieuc à saint Malo, de Tudgual à Tréguier ou Patern à Vannes, en passant par les grandes figures de prêtres comme Monsieur saint Yves ou saint Louis-Marie Grignion de Montfort, l’identité catholique de la Bretagne s’est tranquillement dessinée. Siècle après siècle, traditions, langue, architecture et musique bretonnes se sont constituées en parfaite osmose avec son âme religieuse. D’une façon quasi consubstantielle. Monseigneur Gourvès, évêque de Vannes jusqu’au début des années 2000, estimait, dans son ultime lettre pastorale intitulée Le renouveau de la culture bretonne ; un défi pour l’Eglise, que l’Eglise avait commis une très grave erreur en abandonnant la culture bretonne au tournant des années cinquante, même « là où elle aurait pu être sauvegardée ».

 

Cette déliquescence du catholicisme breton, l’historien Yvon Tranvouez en a livré une étude documentée, au titre évocateur : La Puissance et l’effacement (Presses Universitaires de Rennes, 2022). Son constat est implacable : « La Bretagne catholique a longtemps été une évidence, et voilà qu’elle ne l’est plus. On se souvient de sa puissance d’hier, on s’étonne de son effacement d’aujourd’hui ». En effet, non épargnée par la trahison de ses clercs dans le sillage des années post-conciliaires, la Bretagne a fait les frais de l’apparition d’une nouvelle religion hors-sol, laïcisée et mondialiste. Patrick Buisson, qui consacre dans son monumental ouvrage La fin d’un monde, plusieurs chapitres à l’effondrement du christianisme, rappelle le cas d’école de la Bretagne, où il n’y eut « pas de pitié pour la piété populaire ».

 

Identité, un mot honni

 

Il n’empêche, s’il existe un lien particulier entre la Foi et l’identité bretonne, on comprendra aisément que la croissance de l’une et la défense de l’autre ne se réaliseront qu’à leur profit mutuel. Le projet, spirituel et culturel, de l’association Feiz e Breizh est à cet égard éloquent. Sous le triptyque Foi – Tradition – Patrimoine, l’objectif est d’offrir aux Bretons la possibilité de renouer avec leur riche héritage patrimonial. Selon ses dirigeants, il ne saurait y avoir de fatalité au drame de l’effondrement du catholicisme en Armorique. Le pèlerinage à Sainte-Anne-d’Auray qu’ils organisent à la fin du mois de septembre, et qui se termine aujourd’hui avec une affluence record de plus de 2000 pèlerins, est devenu, en l’espace de quelques années, le plus important pèlerinage de Bretagne. Feiz e Breizh ou un état d’esprit qui claque comme une devise, faisant communier piété et culture bretonne dans une même ferveur. Un enrichissement mutuel pour le salut des âmes et la préservation d’une identité.

 

“Identité”, ce mot honni par les pédants et que les déracinés ont frappé d’anathème. “Identité” que les démiurges postmodernes veulent pouvoir modifier à leur guise. Oui, l’identité est bien le lieu décisif d’une partie majeure des tourments actuels. Dans son corps et dans son âme, l’homme de 2024 essuie de plein fouet, tel un petit mousse hébété, une tempête concentrée, identitaire et spirituelle. Ce drame intérieur fera jusqu’à faire dire au pape François lui-même : « Il n’y a pas pire aliénation que de faire l’expérience de ne pas avoir de racines ». Par son développement insolent Feiz e Breizh manifeste combien les traditions culturelles et liturgiques constituent une bouée de sauvetage plus que bienvenue. Bouée que le diocèse de Quimper vient pourtant de rejeter de façon invraisemblable, la communauté zélée des prêtres célébrant la messe ancienne étant priée de cesser son œuvre évangélisatrice… Quelle pitié ! Il faut le dire sans peur : dans le naufrage actuel des repères d’antan, le secours ne vient pas tant de la course au progrès que de la sagesse du passé. Les vieux pots ne font pas seulement les meilleures confitures, ils nous enseignent qu’on ne se moque pas du passé impunément.

 

Bertrand de Tinténiac, président du pèlerinage, en est persuadé :

 

« C’est bien parce que nous ne voulons pas nous abandonner à l’idéologie du monde et d’une chrétienté sans racine, coller à l’ère du temps, si prompt à suivre les humeurs de l’instant, et voguer au gré des modes et des influences, que Feiz e Breizh rassemble si largement ».

 

La Tradition, réalité devenue incontournable

 

Fort de l’engouement autour de ce double enracinement identitaire et liturgique, l’écosystème traditionnel a de beaux jours devant lui ! Pèlerinage de Chrétienté à Chartres, Feiz e Breizh à Sainte-Anne-d’Auray, sa petite sœur provençale Nosto Fe (qui organise un pèlerinage enraciné et traditionnel les 5 et 6 octobre prochains à Saint-Maximin) : partout où se trouve un peuple chrétien prêt à marcher derrière la croix, pourvu qu’il puisse communier dans un écrin rituel digne de la culture et de l’histoire de son pays, la chrétienté reste non seulement en marche mais conserve toute son énergie missionnaire ! « La Tradition, remède à la déchristianisation » sera justement le thème des 3èmes assises de la Tradition organisées à l’espace Saint-Martin (Paris, 3e) le samedi 12 octobre à venir, preuve supplémentaire de la dimension incontournable de l’univers traditionnel dans l’Eglise de France.

 

Se replonger dans une telle atmosphère n’est pas affaire de folklore ni même un moyen de survie. Dans un monde sans repères et sans Dieu, il est un préalable à tout redressement culturel et à toute résistance spirituelle. Et l’espoir d’une résurrection.

 

Image : capture d'écran X  @PereDanziec

L’ensauvagement d’une société sans Dieu

28/09/2024

L’ensauvagement d’une société sans Dieu

Je ne veux pas ici traiter des multiples causes d’un pareil désastre, ayant été aumônier de prison pendant dix ans, j’en quelque idée. Je n’évoquerai que la principale, difficile à exprimer en France parce que c’est le pays qui l’a enfantée et continue à la chérir : je veux parler de la prétention utopique de construire une société sans Dieu. De là vient l’idéologie qui pourrit la justice, la religion catholique dans quelques uns de ses représentants, et bien d’autres choses. Avant donc de légiférer, il faut penser autrement, et surtout prier !

 

La principale source du mal, pour ses « succès » et sa durée : Jean Jacques Rousseau, et son Contrat social ( 1762). Je cite:

 

On nous dit qu’un peuple de vrais chrétiens formerait la plus parfaite société que l’on puisse imaginer. Je ne vois à cette supposition qu’une grande difficulté ; c’est qu’une société de vrais chrétiens ne serait plus une société d’hommes…Mettez vis-à-vis d’eux ces peuples généreux que dévorait l’ardent amour de la gloire et de la patrie, supposez votre république chrétienne vis-à-vis de Sparte ou de Rome, les pieux chrétiens seront battus, écrasés, détruits, avant d’avoir eu le temps de se reconnaître, ou ne devront leur salut qu’au mépris que leur ennemi concevra pour eux…Mais je me trompe en disant une république chrétienne, chacun de ces mots exclut l’autre. Le christianisme ne prêche que servitude et dépendance. Son esprit est trop favorable à la tyrannie pour qu’elle n’en profite pas toujours. Les vrais chrétiens sont faits pour être esclaves, ils le savent et ne s’en émeuvent guère, cette courte vie a trop peu de prix à leurs yeux. ». Œuvres complètes vol 5 pp150-154).

 

Et Robespierre sera son fidèle disciple, en toute logique et sans aucun sadisme, ni esprit de cruauté, il se prononcera pour l’abolition de la peine de mort infligée à des hommes en 1790. En 1792, il demandera la mort du roi qui, parce que roi (catholique de plus) n’était plus un homme mais un monstre. Et en 1793 et 1794, il fera massacrer les Vendéens qui, par par leurs superstitions catholiques, avaient perdu leur qualité d’hommes pour devenir « des brigands ». Cela dit, le rejet du christianisme chez Robespierre, n’impliquait pas le refus de la morale, bien au contraire, comme son maître Rousseau, il a une profonde et sincère exigence de vertu, il a donc besoin de Dieu, mais d’un Dieu « épuré » que les Évangiles et l’Eglise ont déformé. L’Etre Suprême sera ce Dieu, créateur et assurant la vie après la mort, mais n’ayant delivré aucune révélation sinon sa création. Comment alors donner de l’autorité à une morale ou à une justice avec cet Être Suprême qui n’est pas le vrai Dieu ? Par la terreur ! Écoutons l’Incorruptible dans un de ses plus grands discours , celui du 5 février 1794 (Principes moraux du gouvernement français. Archives parlementaires de la Révolution française 1962 tome 84 pp 330-337)

 

« Si le ressort du gouvernement populaire dans la paix est la vertu, le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur : la vertu sans laquelle la terreur est funeste, la terreur sans laquelle la vertu est impuissante. La terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ; elle est donc une émanation de la vertu ; elle est moins un principe particulier, qu’une conséquence du principe général de la démocratie, appliqué aux plus pressante besoins de la patrie. » (1)

 

Tout esprit averti et un tant soit peu cultivé relèvera les caricatures anti-chrétiennes de notre philosophe, mais il ne pourra pas s’empêcher, s’il est honnête, d’y reconnaître, hélas, des thèmes de certains prêches ou écrits, à l’estampille catholique. Cependant , il n’empêche que ce « jugement » de Rousseau sur le christianisme est à la base de la laïcisation de la société et se son lent travail d’expulsion du Christ de son sein. En juin 1794, la France connaîtra le culte de l’Etre Suprême, une religion civique, et une première séparation de l’Eglise et de l’Etat le 21 février 1795.

 

Napoléon qui avait été très proche de Robespierre et surtout de son frère Augustin avait été témoin de l’aventure de l’Etre Suprême et de son échec. Et bien qu’à l’époque où il prit le pouvoir en 1799, ses préférences allassent vers cet ancien culte révolutionnaire, il signa le Concordat de 1801 qui rétablissait le culte catholique. Il manifestait ainsi son pragmatisme politique, il indiquait de plus qu’il n’existait pour la France, dont il connaissait bien l’histoire, qu’une alternative, le culte du Dieu des chrétiens ou le culte de l’homme ; et cette vérité demeure.

 

Ce n’est que le 9 décembre 1905, qu’eut lieu une deuxième séparation d’avec l’Eglise, qui dure toujours. Pendant plus d’un siècle (1801-1905) , et ce avec la permanence du raisonnement de Rousseau , auquel s’ajouta tel ou tel événement (du style «  affaire Dreyfus »), on en arriva à la situation actuelle. Sa forme législative est certes assez particulière à la France, mais son esprit demeure le même chez tous ceux qui veulent empêcher le christianisme d’avoir une quelconque influence dans la société.

 

Ce qui a fait reculer la séparation de l’Eglise et de l’Etat par les politiciens français à partir du véritable avènement de la III ème république, en 1879, ce fut la question de la morale . Sur quoi fonder la morale laïque, puisqu’on voulait faire abstraction de Dieu ? Chacun connaît la réponse de Jules Ferry au Sénat le 28 mars 1882, cette morale sera « la bonne vieille morale de nos pères, la nôtre, la vôtre, car nous n’en avons qu’une ». Cette volonté se traduira dans les faits pendant un certain temps,  il y aura en effet des leçons de morale à l’école. Mais cela ne durera pas.

 

Le Pape Léon XIII avait prévu cette terrible évolution et avait averti des dangers que faisait courir à la société la « mise à la porte » de Dieu !

 

(Encyclique Libertas praestantissimum 20 juin 1888 ) « Ce qui vient d’être dit de la liberté des individus, il est facile de l’appliquer aux hommes qu’unît entre eux la société civile, car ce que la raison et la loi naturelle font pour les individus, la loi humaine promulguée pour le bien commun des citoyens l’accomplit pour les hommes vivant en société…De tels commandements ne tirent aucunement leur origine de la société des hommes ; car de même que ce n’est pas la société qui a créé la nature humaine, ce n’est pas elle qui fait que le bien soit en harmonie et le mal en désaccord avec cette nature ; mais tout cela est antérieur à la société humaine elle-même et doit être rattaché à la loi naturelle, et partant à la loi éternelle. Comme on le voit, les préceptes de droit naturel compris dans les lois des hommes n’ont pas seulement la valeur de la loi humaine, mais ils supposent avant tout cette autorité bien plus élevée et bien plus auguste qui découle de la loi naturelle elle-même et de la loi éternelle…si l’on fait dépendre du jugement de la seule et unique raison humaine le bien et le mal, on supprime la différence propre entre le bien et le mal ; le honteux et l’honnête ne diffèrent plus en réalité, mais seulement dans l’opinion et le jugement de chacun ; ce qui plaît sera permis….D’autres vont un peu moins loin ( c’est à dire qu’ils ne refusent pas la référence à Dieu)…selon eux, les lois divines doivent régler la vie et la conduite des particuliers, mais non celles des États ; il est permis dans les choses publiques de s’écarter des ordres de Dieu et de légiférer sans en tenir aucun compte ; d’où naît cette conséquence pernicieuse de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.( après avoir défini toutes sortes de liberté le Pape concède ce qui suit par réalisme politique et pour éviter un « trop » de rigueur) …Néanmoins, dans son appréciation maternelle, l’Eglise tient compte du poids accablant de l’infirmité humaine, et elle n’ignore pas le mouvement qui entraîne à notre époque les esprits et les choses. Pour ces motifs, tout en accordant de droits qu’à ce qui est vrai et honnête, elle ne s’oppose pas cependant à la tolérance dont la puissance publique croit pouvoir user à l’égard de certaines choses contraires à la vérité et à la justice, en vue d’un mal plus grand à éviter ou d’un bien plus grand à obtenir et à conserver. ».

 

Et les successeurs de ce grand Pontife ont repris sa doctrine, avec des modalités différentes, car si la doctrine ne change pas, ce n’est pas le cas des hommes et des sociétés . Vatican II se situe dans cette continuité.

 

Au moment où se clôturait ce Concile,  la France vivait une laïcité apaisée, je l’ai écrit  précédemment, mais force est de constater que, depuis 2012, ce n’est plus le cas. Les lois sociétales défiant la raison et la morale se sont succédées et d’autres encore pires se préparent. L’enseignement catholique est menacé, nos églises constamment profanées. Je pourrais continuer ma liste.

 

La réponse des autorités politiques se résume à un renforcement de la Laïcité, idéologie élevée au rang de religion d’Etat. Certains évoquent même 1789 et la suite…pour un ancien ministre de l’Education nationale, « La révolution française n’est pas terminée ». Désacralisation et neutralité religieuse de l’espace publique sont devenus les deux mots d’ordre du  combat à mener présentement. L’esprit moderne se voit refuser tout accès à la loi naturelle, il est abandonné à ses pulsions, les prêtres ( que certains veulent désacraliser) à leurs déviances éventuelles, les magistrats ( qui ne se sentent jamais assez libres) aux utopies les aveuglant quant à leurs devoirs, et les criminels à leurs envies.

 

Quand de grands intérêts sont en jeu, on peut cependant maintenir l’ordre un moment, dans un lieu bien délimité, mais avec un déploiement de forces exceptionnelles, impossible à maintenir longtemps . L’exemple de la sécurité sur les différents lieux des jeux olympiques en est un exemple. Pratiquement tout ce qui existait comme force de l’ordre, en France , était mobilisé dans ces lieux qui seuls aussi captaient les regards des juges, puisque que c’est vers cette période qu’on a laissé sortir de prison un homme très dangereux et qu’on a négligé son expulsion de France, probablement avec un arrière fond assez fort de légalité. Ce n’est pas de nouvelles lois que viendra une quelconque amélioration !

 

Ne comptant que sur des forces matérielles et ne vivant que d’une « spiritualité » frelatée, ceux qui dirigent notre société sont vite réduits à l’impuissance.Depuis de très nombreuses années le principe d’autorité est bafoué, parce que toute autorité vient de Dieu qui n’a plus sa place dans l’espace public. Ainsi tous les détenteurs de pouvoirs sont condamnés à l’impuissance, surtout si pour se résigner à cette dégénérescence, ils l’ont transformée en doctrine. Certains prêtres catholiques, surtout après la « révélation » des abus, oh combien exagérée dans les chiffres , ont donné le triste exemple d’une repentance masochiste , bien peu évangélique. Certains magistrats, surtout parmi ceux qui avaient érigé un mur des cons sur lequel ils affichaient les photos des victimes de criminels et aussi leur famille, je pense, en particulier à une jeune fille violée , puis tuée, et il y avait aussi la photo de son père ! Et c’est la même race de juges qui octroya un  bracelet électronique au fiché S qui égorgea le père Hamel. Et on pourrait là aussi continuer la liste aux conséquences sanglantes de décisions de justice fort étranges.

 

Les lois existent, mais parmi les humains qui sont chargés de les faire appliquer, un certain nombre en est incapable. Non pas par manque d’intelligence, mais au nom d’une idéologie «  optimiste » , celle de la philosophie des Lumières, prompte à absoudre le pire criminel pour condamner la société coupable de tout. Et les victimes, faisant partie de la société partagent l’opprobre dont la couvrent (inconsciemment je l’espère) nos juges. Dans le cas présent, la jeune fille, victime, était suspecte, son nom, elle habitait les beaux quartiers, était catholique pratiquante et engagée dans sa foi, fréquentait un milieu privilégié. Quant à son assassin présumé, il était un pauvre rejeté ! Ces magistrats idéologues font penser à ces professeurs de mai 1968 qui notaient aux examens de cette époque, 20 sur 20 une copie blanche ! Déni de réalité absolu!  Le même qui se traduit par le refus de considérer la prison comme une sanction normale ( mais il faudrait bien sûr améliorer nos prisons et les «  diversifier »). Mais on doit aussi poser la question de la psychiatrie en milieu carcéral. Les médecins ne sont pas en cause, ceux qui doivent leur verser des honoraires convenables, oui ! Car la sanction en matière de viol dépend certes de la loi, mais la rédaction même de cette dernière, et l’application de la sanction requièrent une très grande participation des psychiatres. N’en déplaisent aux idéologues, la perversité humaine existe, quelquefois inguérissable. Cela ne signifie pas qu’il faille rétablir la peine de mort. Elle n’est pas nécessaire, surtout pour un pays civilisé, en temps de paix, même relatif ! Seul le temps de guerre ou l’état de siège pourraient justifier un rétablissement temporaire de la peine capitale. Mais ce n’est pas le problème urgent qui se pose aujourd’hui.

 

Pour reprendre le langage des maîtres stoïciens, la France, comme beaucoup de pays d’Europe doit retourner à ses « convenables », à savoir la civilisation chrétienne qui comporte comme annoncé au début de ce propos l’espérance religieuse juive accomplie en Jesus-Christ, la sagesse grecque et le droit romain. Pendant des siècles, l’Eglise catholique a transmis ce trésor aux pays où Elle se trouvait , une civilisation s’est construite ! Il est clair que maintenant, on veut la détruire en organisant le désordre civil et moral par l’exclusion de Dieu de l’espace public ! Comme l’écrivait Léon XIII dans l’encyclique citée, l’Etat ne peut pas être athée. Combien faudra-t-il de victimes, par le viol, l’assassinat, la drogue, pour que nous nous réveillions et agissions ? Et surtout arrêtions de croire à une Laïcité messianique !

 

Lettre pastorale de Mgr Luc Crepy “Porter une parole d’espérance en Yvelines”

27/09/2024

Lettre pastorale de Mgr Luc Crepy “Porter une parole d’espérance en Yvelines”

Pourquoi ce Jubilé, pourquoi cette lettre pastorale ?


“Porter une parole d’espérance dans les Yvelines, c’est être capable de dire à toute personne qu’elle a de la valeur aux yeux de Dieu” explique Mgr Crepy dans cette vidéo.

L’espérance chrétienne est le fruit de la grande espérance, mais quelle est cette grande espérance des Chrétiens ? Quel est le lien entre espérance et charité ? Pourquoi se mobiliser quel que soit notre âge et notre situation de vie ?

 

“Cette année jubilaire peut être l’occasion, à l’écoute de l’Esprit Saint, de prendre le temps de lire et de réfléchir personnellement et avec d’autres – par exemple en paroisse –, en s’interrogeant : « Comment sommes-nous témoins d’espérance ? » Ainsi, cette lettre pastorale a l’ambition d’apporter, modestement, quelques jalons afin de préparer notre entrée dans l’année jubilaire et devenir ces témoins porteurs d’une parole d’espérance dans les Yvelines.” écrit Mgr Luc Crepy dans sa lettre pastorale. Vous souhaitez approfondir ? Téléchargez la lettre pastorale “Porter une parole d’espérance dans les Yvelines”

Des versions imprimées de la lettre pastorale seront distribués dans les paroisses le week-end du 13 et 14 octobre 2024.

 

Les temps forts du Jubilé 2025 dans les Yvelines


“Notre diocèse se prépare à vivre pleinement cette année jubilaire qui s’ouvrira le 29 décembre prochain. Depuis plusieurs mois, une équipe diocésaine de préparation du Jubilé s’est mise en place et trace peu à peu le chemin que nous essaierons de mettre en oeuvre ensemble dans les paroisses et, plus largement, dans le diocèse. Cette année sera jalonnée de diverses étapes dont le point culminant est un grand rassemblement diocésain, en la fête de l’Ascension, le 29 mai 2025.”

 

Mgr Luc Crepy

 

 

 

 

 

 

Le pape : "l'inspiration divine habite toute foi"

26/09/2024

Le pape : "l'inspiration divine habite toute foi"

Le pape François a solennellement inscrit ses récentes déclarations sur les différentes religions « voulues » par Dieu dans leur diversité et constituant « toutes » un « chemin pour arriver » à Lui dans « l’esprit d’Assise » qu’il a longuement évoqué dans un message aux participants à la Rencontre internationale de prière pour la paix organisée par la communauté de Sant’Egidio à Paris du 22 au 24 septembre. Il les a même renforcées de manière spectaculaire en invitant les participants de multiples confessions à « se laisser guider par l’inspiration divine qui habite toute foi ».

 

Comment ne pas y reconnaître la doctrine maçonnique, qui refuse le dogme et par là-même la possibilité d’une vérité révélée et même d’une vérité tout court ? comment ne pas y percevoir ce point clef de la pensée des francs-maçons qui, déiste ou pas, oblige chacun à laisser entière liberté aux autres en matière religieuse, cette liberté de conscience qui nie les droits supérieurs de la vérité, et à n’imposer aux autres « frères » ni ses conceptions métaphysiques ni un quelconque livre sacré, chacun devant pouvoir y inscrire ce qu’il veut ? Leur morale est celle des droits de l’homme : est bien tout ce qui sert le bien de l’homme, l’humanisme sans Dieu et sans limites, sinon qu’il n’y a pas de liberté pour les ennemis de la liberté.

 

 

François voit de l’inspiration divine partout


L’infiltration de ces idées dans l’Eglise ne date pas d’hier mais François les porte à un niveau de visibilité inédit. Ses efforts en vue de la fraternité universelle – pensez à ses encycliques, à Abou Dhabi – ont pris un tournant plus spectaculaire depuis ses déclarations à Singapour à des jeunes de toutes confessions, et aux participants des Rencontres méditerranéennes à qui il affirma : « La diversité de notre identité culturelle et religieuse est un don de Dieu. »

 

Pas d’appel à la conversion. Pas de prédication de la vraie foi. Seulement de la philanthropie et de la bienveillance universelle ; c’est signé. En s’adressant à la rencontre parisienne de Sant’Egidio, le pape s’abstint pareillement de parler de Jésus-Christ… un « inspiré » parmi d’autres, après tout.

 

Il le faut pas s’étonner de ce qu’un Emmanuel Macron, qui se présente si volontiers à travers ses mises en scène comme le maître des horloges, ait honoré dimanche l’événement de sa présence en s’y attardant six heures ; une soirée complète marquée d’un discours fleuve où il affirma – au-delà d’une réflexion sur la guerre non dénuée d’intérêt – qu’« il y a des sources d’espérance. Celle par lesquelles l’unanimisme se fait qui permet de bâtir les grands accords que nous savons encore trouver, comme en effet celui pour le climat ».

 

L’« unanimisme », voilà le mot fort, et l’idée d’un règlement global des problèmes de notre temps. C’est l’affirmation d’un mondialisme qui contourne et dépasse les religions ; d’ailleurs Macron appelle de ses vœux un « nouvel ordre international » : « Un ordre permettant de penser tout ensemble, les questions de paix et de guerre, les questions de développement, les questions technologiques, les questions de climat et de planète, sans priorités. Ce que nous avons essayé de faire avec le Pacte de Paris pour les peuples et la planète. Et il faut le faire dans un ordre où tel ou tel ne peut pas bloquer les autres et où les pays sont dignement représentés. Donc le faire avec des instances beaucoup plus justes, qu’il s’agisse des Nations Unies, de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international. Cela contribue à cette nécessité, en effet, d’imaginer la paix. » C’est la direction dans laquelle le monde est entraîné derrière l’ONU, avec sa spiritualité horizontale, son refus de la morale traditionnelle, son indifférentisme religieux qui s’abrite derrière la fraternité universelle.

 

La foi en l’homme aboutit au naturalisme maçonnique


Et le discours du pape François est en accord avec cette pensée, cette poussée. Il va jusqu’à dire qu’il faut « se laisser guider par l’inspiration divine qui habite toute foi ».

 

Qu’on n’objecte pas qu’il évoque là de la religiosité naturelle qui porte l’homme à chercher ce qui le transcende (même si aujourd’hui, l’homme se laisse plutôt porter vers l’athéisme et le refus de Dieu). Les déclarations antérieures, à Singapour ou aux participants aux Rencontres méditerranéennes à Tirana, éclairent justement cette déclaration qui les renforce en retour : il s’agit bien d’affirmer dans dans les croyances elles-mêmes des païens, des hérétiques, des adeptes des grandes religions mondiales polythéistes ou non, cette « inspiration divine » qui les justifierait en quelque sorte.

 

Or Dieu ne se trompe pas, et il ne nous trompe pas.

 

On aurait pu imaginer que le pape s’en réfère à la loi naturelle qui est en effet inscrite au cœur de l’homme, lui commandant d’adorer Dieu, d’honorer son père et sa mère, de ne pas tuer l’innocent, de ne pas mentir ni voler… Le voilà, l’héritage commun de l’humanité, abîmé certes, et obscurci dans notre nature déchue, mais terrain d’entente et de dialogue possible entre ceux qui ont reçu la grâce de la vraie foi et ceux qui ne l’ont pas, ou qui l’ont rejetée.

 

 

François et la confusion entre le Décalogue et la Révélation


Mais parler d’une inspiration divine, c’est autre chose. C’est dire que Dieu parle à l’homme à travers sa foi quelle qu’elle soit, non pas en lui accordant la « grâce prévenante » qui l’attirera vers Jésus-Christ, « le chemin, la vérité et la vie » qui seul peut conduire au Père. C’est à tout le moins attiser la confusion – car toute croyance qui se prétend vraie exclut par le fait même l’adhésion à la vraie foi – et cette confusion a un effet aujourd’hui très clair : elle « enmaçonne » l’Eglise. Elle y instille une manière de voir et de penser qui est celle de la franc-maçonnerie ennemie des dogmes. L’idée que chacun croit ce qu’il veut, et que ce n’est pas bien grave, pourvu qu’on fraternise !

 

Pie XI dénonçait ces erreurs en 1928 dans Mortalium Animos « sur l’unité de la véritable Eglise ». Il y exprimait l’aspiration des hommes à la paix :

 

« Jamais peut-être dans le passé, les esprits des hommes n’ont été saisis aussi fort que nous le voyons de nos jours, du désir de renforcer et d’étendre pour le bien commun de la société humaine, les relations fraternelles qui nous lient à cause de notre communauté d’origine et de nature. (…) On comprend donc aisément, et cela d’autant mieux que plus personne ne refuse d’admettre l’unité du genre humain, pourquoi la plupart des hommes désirent voir, au nom de cette fraternité universelle, les divers peuples s’unir entre eux par des liens chaque jour plus étroits. »

 

Mais il mettait en garde contre l’idée de transposer ces efforts au domaine des croyances religieuses, ce qui ne se ferait qu’au détriment de la foi et la véritable Eglise :

 

« C’est un résultat semblable que d’aucuns s’efforcent d’obtenir dans les choses qui regardent l’ordre de la Loi nouvelle, apportée par le Christ Notre Seigneur. Convaincus qu’il est très rare de rencontrer des hommes dépourvus de tout sens religieux, on les voit nourrir l’espoir qu’il serait possible d’amener sans difficulté les peuples, malgré leurs divergences, religieuses, à une entente fraternelle sur la profession de certaines doctrines considérées comme un fondement commun de vie spirituelle. C’est pourquoi, ils se mettent à tenir des congrès, des réunions, des conférences, fréquentés par un nombre appréciable d’auditeurs, et, à leurs discussions, ils invitent tous les hommes indistinctement, les infidèles de tout genre comme les fidèles du Christ, et même ceux qui, par malheur, se sont séparés du Christ ou qui, avec âpreté et obstination, nient la divinité de sa nature et de sa mission. »

 

Et il condamnait, sans hésiter :

 

« De telles entreprises ne peuvent, en aucune manière, être approuvées par les catholiques, puisqu’elles s’appuient sur la théorie erronée que les religions sont toutes plus ou moins bonnes et louables, en ce sens que toutes également, bien que de manières différentes, manifestent et signifient le sentiment naturel et inné qui nous porte vers Dieu et nous pousse à reconnaître avec respect sa puissance. En vérité, les partisans de cette théorie s’égarent en pleine erreur, mais de plus, en pervertissant la notion de la vraie religion ils la répudient, et ils versent par étapes dans le naturalisme et l’athéisme. La conclusion est claire : se solidariser des partisans et des propagateurs de pareilles doctrines, c’est s’éloigner complètement de la religion divinement révélée. »

 

L’Eglise une et sainte n’est pas éparpillée parmi les différentes croyances qui ont cours dans le monde ; pas même parmi les différentes confessions chrétiennes qui en sont séparées. Et c’est elle qui ouvre les portes du ciel.

 

Le pape François semble ne plus défendre la foi et l’Eglise, mais le Christ est là


C’est elle aussi qui a la promesse du Christ : « Voici que je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles » ; Il avait déjà affirmé que les portes de l’enfer ne prévaudraient pas contre elle. Ces promesses annonçaient en creux les difficultés que la barque de l’Eglise aurait à traverser du fait des hommes, et des esprits mauvais qui cherchent à perdre leurs âmes.

 

Aujourd’hui, le désarroi est grand, la confusion évidente, la victoire de l’idéologie maçonnique – qui est aux antipodes de la foi – semble proche sinon acquise dans le monde et pour une grande part, dans l’Eglise. Nous avons l’assurance qu’elle ne s’imposera pas absolument. Mais sans doute le devoir de s’instruire de la vérité, de la connaître et de la défendre a pris une force et une urgence nouvelles, sans se laisser ébranler par les égarements du moment, même en haut lieu.

 

Jeanne Smits

« Pour qu’Il règne ! »

25/09/2024

« Pour qu’Il règne ! »

Premièrement, il n’y a pas de meilleur but que nous puissions nous fixer que celui-ci : « Pour que le Christ règne ». Pas de but plus enthousiasmant. En effet, « Si les hommes venaient à reconnaître l’autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique des bienfaits incroyables — une juste liberté, l’ordre et la tranquillité, la concorde et la paix — se répandraient infailliblement sur la société tout entière » (Pie XI, encyclique Quas primas).

 

Deuxièmement. « Pour qu’il règne », c’est un… but. Evident ! Or, un but n’est pas réalisé. Encore évident. Surtout un tel but, si élevé, si noble, ne sera jamais réalisé entièrement sur terre. Mais, voici mon argument : c’est précisément pour cela que c’est enthousiasmant. Pourquoi ? Parce que cela nous invite à être créatifs ! Être créatifs ne signifie, certes, pas « faire table rase du passé » (comme on disait en 1968). Être créatifs signifie, au contraire, être inventifs pour découvrir, en s’aidant des meilleures traditions, les secrets des bonnes fondations, afin de bâtir sur du roc. À ce point de notre réflexion, je devine que d’innombrables questions montent à vos lèvres. Je  vous propose de répondre à quelques-unes d’entre elles.

 

Mon père, le thème de cette année est bien beau, mais je ne vois pas trop comment m’y prendre, ni par où commencer. Pour qu’Il règne, c’est vaste ! Comment faire ?

 

Réponse. Pourquoi ne pas commencer par (re-)lire les deux encycliques auxquelles renvoie le Catéchisme de l’Église catholique lorsqu’il rappelle « la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines » (n° 2105) ? Ces deux encycliques sont Immortale Dei de Léon XIII (1er novembre 1885), et Quas primas de Pie XI (11 décembre 1925). Elles sont riches d’enseignement et on peut en trouver le texte sur le site du Saint-Siège. À la lecture de ces documents charpentés, il apparaît clairement que la doctrine catholique sur le ChristRoi n’est pas du tout nuageuse, mais, au contraire, bien précise, dans ses structures essentielles (quoi qu’il en soit de détails qui, dans ces encycliques, ne concerneraient qu’une époque). Le point essentiel est celui-ci : il ne s’agit pas seulement, pour les catholiques, de mener une vie spirituelle fervente. Le pape Pie XII y insistait avec force dans un discours aux congressistes de l’Union internationale des ligues féminines catholiques :

 

«Sous couleur de défendre l’Église contre le risque de se fourvoyer dans la sphère du “temporel”, un mot d’ordre, lancé il y a quelques dizaines d’années, continue de s’accréditer dans le monde : retour au pur “spirituel”. Et l’on entend par là la confiner étroitement sur le terrain de l’enseignement strictement dogmatique, l’offrande du saint sacrifice, l’administration des sacrements, lui interdire toute incursion, tout droit de regard même, sur le domaine de la vie publique, toute intervention dans l’ordre civil ou social. Comme si le dogme n’avait rien à voir dans tous les champs de la vie humaine, comme si les mystères de la foi avec leurs richesses surnaturelles devaient s’abstenir de maintenir et tonifier la vie des individus et, par conséquence logique, d’harmoniser la vie publique avec la loi de Dieu, de l’imprégner de l’esprit du Christ ! Pareille vivisection est tout simplement anticatholique. Le mot d’ordre doit être, tout au rebours : pour la foi, pour le Christ, dans toute la mesure du possible, présence partout où sont en cause les intérêts vitaux, où sont en délibération les lois qui regardent le culte de Dieu, le mariage, la famille, l’école, l’ordre social, partout où se forge, par l’éducation, l’âme d’un peuple. » (12 septembre 1947)

 

En définitive, comme l’explique Pie XI, « Ce serait une erreur grossière de refuser au Christ-Homme la souveraineté sur les choses temporelles, quelles qu’elles soient (…). »

 

« Sa dignité royale exige (postulet) que l’État tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens dans l’établissement des lois, dans l’administration de la justice, dans la formation intellectuelle et morale  de la jeunesse, qui doit respecter la saine doctrine et la pureté des moeurs. » (Encyclique Quas Primas)

 

Voilà un programme bien irréaliste, en 2025 ! Ne pensez-vous pas ? À notre époque, peut-on travailler à une telle victoire du Christ-Roi ?

 

De nos jours, on peut s’efforcer de préparer, de manière lointaine, une telle victoire dans l’État tout entier. La raison en est que le Christ est le Créateur de l’univers et qu’Il est victorieux du péché par sa Croix. Avec une pointe de paradoxe, je vous dis :

 

« Vous devez et vous pouvez travailler (autant que la situation le permet) pour que Jésus règne, précisément… parce qu’Il règne déjà ! »

 

Oui, c’est parce qu’Il règne sur le cosmos et sur nos âmes rachetées, que nous pouvons et devons œuvrer (même très modestement, à cause des innombrables obstacles) « pour qu’Il règne » sur les chefs d’état, sur les parlements, sur la vie politique tout entière. Nous n’avons pas le choix. Serait-il cohérent de faire appel à un autre que le Créateur et le Rédempteur ? Les sociétés, avec toute leurs activités politiques, seraient-elles les parties d’un autre univers que le nôtre ?

 

Est-il possible de demander que les chefs d’état  rendent un culte à Dieu, dans l’état de moralité où se trouve la France ?

 

La chrétienté doit être installée en profondeur dans un pays avant que ses chefs d’état, s’ils sont catholiques, ne rendent à Dieu un culte public (CEC 2105). Autrement la chrétienté ne serait qu’une forme de mensonge collectif. Ce serait une chrétienté de nom, pas une chrétienté de fait. Aujourd’hui, la situation politique de notre pays peut se comparer au triste état d’un prêtre en prison. Prenons l’exemple de Mgr N’Guyen van Thuan. Le saint évêque vietnamien ne pouvait célébrer la messe qu’avec des moyens réduits, dans sa prison. Cela n’empêche pas que la célébration de la messe avec l’ensemble de tous les rites reste l’objectif à viser, en temps normal. De même, il faut viser l’établissement d’une société chrétienne, avec son trésor de culture et de législations. Ce qui ne veut pas dire que Dieu ne trace pas droit même avec des lignes courbes. Les persécutions sont occasions d’un élan de ferveur. Le mal est occasion d’un bien. On l’a vu en Pologne sous le régime communiste.

 

Voulez-vous dire que l’état désastreux de la France est une chance ?

 

Non, ce n’est pas une chance. Certes, les persécutions rendent possible la floraison des martyrs, mais aussi… la chute des apostats. Les faibles tombent. À l’inverse, l’état de la société où
règne substantiellement le Christ est celui où il est plus facile de faire son Salut. Qu’on pense au royaume de saint Louis. C’est à quoi nous devons travailler, avec les moyens modernes. Internet produit des effets pervers. Mais internet rend aussi possibles des actions qui paraissaient très au-dessus de leurs forces aux Français de 1975, par exemple. N’oublions pas non plus que les forces surnaturelles sont très supérieures aux puissances du mal. La porte est ouverte à nos initiatives. Avec la grâce de Dieu, un bien, même limité, peut sortir d’une situation désastreuse. Fixonsnous des objectifs à notre portée. Soyons à la fois humbles, raisonnables et magnanimes !

 

En quoi une loi peut-elle rendre plus facile de faire son Salut ?

 

Il suffit d’observer les ravages d’une mauvaise loi, pour comprendre les bienfaits d’une bonne loi.

Simone Veil, l’auteure de la loi sur l’avortement, a pu déclarer à une journaliste : « Ceci me fascine : en modifiant la loi, vous pouvez modifier fondamentalement le modèle du comportement humain. Et par le biais d’une loi légalisant l’avortement, vous changerez de façon fondamentale la position de la femme et de l’enfant dans la Société » (à Carole Morre, le 3 mars 1975).

 

Dans un autre ordre d’idée, selon le célèbre franc-maçon Pierre Simon : « La révision du concept de vie, induite par la contraception, peut (…) transformer la société dans son intégralité. » (De la vie avant toute chose, Mazarine, 1979, p. 85) En faut-il davantage pour comprendre l’importance de faire le pèlerinage de Chartres 2025, 50 ans après la loi Veil, « pour qu’Il règne » ?


Le pape François a rappelé, devant le parlement européen, l’importance du patrimoine chrétien :

 

«J’estime fondamental, non seulement le patrimoine que le christianisme a laissé dans le passé pour la formation socioculturelle du continent, mais surtout la contribution qu’il veut donner, aujourd’hui et dans l’avenir, à sa croissance. Cette contribution n’est pas un danger pour la laïcité des États ni pour l’indépendance des institutions de l’Union, mais au contraire un enrichissement. (…) Je suis convaincu qu’une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses, sachant en recueillir la richesse et les potentialités, peut être plus facilement immunisée contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d’aujourd’hui, et aussi contre le grand vide d’idées auquel nous assistons en Occident, parce que “c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence”. » (25 novembre 2014)$

 

Mon Père, je suis étudiant, je suis père ou mère de famille, que puis-je faire ?

 

Premièrement, vous convaincre que vous devez tous faire quelque chose pour le Christ-Roi. Pas seulement d’une manière privée, mais aussi d’une manière publique. Jean-Paul II le soulignait énergiquement dans une ample exhortation aux fidèles laïcs, en 1988 :

 

« Des situations nouvelles, dans l’Eglise comme dans le monde, dans les réalités sociales, économiques, politiques et culturelles, exigent aujourd’hui, de façon toute particulière, l’action des fidèles laïcs. S’il a toujours été inadmissible de s’en désintéresser, présentement c’est plus répréhensible que jamais. Il n’est permis à personne de rester à ne rien faire. » (Christifideles laïci, n° 3)

 

Deuxièmement, ne pas déserter votre devoir d’état familial ou professionnel, vos études ou votre enseignement. Serait-il cohérent qu’une maman ne s’occupe plus de ses enfants, sous prétexte de réunions politiques ?

 

Troisièmement, dans le cas où votre devoir d’état vous empêche de mener une action de quelque envergure dans le domaine public, vous pouvez, du moins, apporter une aide plus limitée à d’autres, qui ont consacré l’essentiel de leur emploi du temps pour une politique au service du Christ-Roi. Vous devez aussi vous rappeler, surnaturellement, la puissance missionnaire de vos simples activités quotidiennes. Le  pape François met en lumière l’indéniable force évangélisatrice qui en ressort :

 

« Les missionnaires, en effet, dont Thérèse de l’Enfant-Jésus est la patronne, ne sont pas seulement ceux qui parcourent de longues distances, apprennent de nouvelles langues, font de bonnes œuvres et sont doués pour l’annonce ; non, missionnaire l’est aussi celui qui vit, là où il se trouve, comme instrument de l’amour de Dieu ; c’est celui qui fait tout pour que, par son témoignage, sa prière, son intercession, Jésus soit manifesté. » (Audience générale du 7 juin 2023).

 

Père Luc, o.s.b.

Toutes les religions se valent, c’est le Pape qui l’a dit

24/09/2024

Toutes les religions se valent, c’est le Pape qui l’a dit

 

 

« Understood ? », « Capito ? », a fini par demander en anglais le Pape François aux jeunes de différentes religions qui l’entouraient, le 13 septembre à Singapour, à la dernière étape de son récent voyage en Asie et en Océanie.

 

La réponse (à la minute 44’42’’ de l’enregistrement vidéo du Vatican) a été accueillie par des éclats de rire et des applaudissements, comme s’ils avaient apprécié ce qu’il venait de dire, mais sans trop le prendre au sérieux.

 

Et qu’est-ce que le Pape avait donc bien pu dire juste avant, en italien traduit en anglais phrase par phrase ? Voici la transcription de ses déclarations, enregistrées dans les actes officiels de son pontificat :

 

« L’une des choses qui m’a le plus frappé chez vous, les jeunes, ici, c’est votre capacité de dialogue interreligieux. Et c’est très important, parce que si vous commencez à vous disputer : ‘Ma religion est plus importante que la tienne… ‘, ‘La mienne est la vraie, la tienne n’est pas vraie… ‘. Où cela mène-t-il ? Où ? Quelqu’un répond : où ? [quelqu’un répond : ‘La destruction’]. C’est ainsi. Toutes les religions sont un chemin vers Dieu. Elles sont – je fais une comparaison – comme des langues différentes, des idiomes différents, pour y parvenir. Mais Dieu est Dieu pour tous. Et parce que Dieu est Dieu pour tous, nous sommes tous fils de Dieu. ‘Mais mon Dieu est plus important que le vôtre !’ Est-ce vrai ? Il n’y a qu’un seul Dieu, et nous, nos religions sont des langues, des chemins vers Dieu. Certains sont sikhs, d’autres musulmans, d’autres hindous, d’autres chrétiens, mais ce sont des chemins différents. Understood ? ».

 

Dix jours se sont déjà écoulés depuis que François a fait cette déclaration, et pourtant rien ne s’est passé, comme si même à l’intérieur de l’Église, personne ne prend plus ses déclarations au sérieux, peut-être dans l’espérance que « ce qu’il a dit ne soit pas exactement ce qu’il voulait dire », comme l’a écrit Charles Chaput, l’archevêque émérite de Philadelphie dans « First Things ».

 

Alors qu’en fait, il y a quelques décennies à peine, les thèses formulées à Singapour par le Pape François avait déclenché dans l’Église l’une des crises les plus radicales sur l’identité même de la foi chrétienne, une crise tranchée – mais visiblement pas résolue – par la déclaration « Dominus Iesus » promulguée en août 2000 par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi présidée à l’époque par Joseph Ratzinger, en accord total et public avec le pape de l’époque, Jean-Paul II.

 

Pour bien comprendre la gravité des enjeux, il est bon de relire ce que disait Giacomo Biffi, un cardinal et théologien de grande valeur, à ses collèges cardinaux à la veille du conclave de 2005 qui allait élire Ratzinger pape :

 

« Je voudrais signaler au nouveau pape l’affaire incroyable de la déclaration ‘Dominus Iesus’. Jamais, en 2 000 ans – depuis le discours de Pierre après la Pentecôte – on n’avait ressenti la nécessité de rappeler cette vérité : Jésus est l’unique et indispensable Sauveur de tous. Cette vérité est, pour ainsi dire, le degré minimum de la foi. C’est la certitude primordiale, c’est pour les croyants la donnée la plus simple et la plus essentielle. Jamais, en 2 000 ans, elle n’a été remise en doute, pas même pendant la crise de l’arianisne ni à l’occasion du déraillement de la Réforme protestante. Qu’il ait fallu rappeler cette vérité à notre époque montre à quel point la situation est grave aujourd’hui ».

Mais lisons ce que déclare « Dominus Iesus ». Le danger auquel cette déclaration entendait réagir était le « relativisme », c’est-à-dire le fait de considérer que toutes les religions se valent, ce qui revient par conséquence à vider de son sens la mission évangélique :

« La pérennité de l’annonce missionnaire de l’Église est aujourd’hui mise en péril par des théories relativistes, qui entendent justifier le pluralisme religieux, non seulement de facto mais aussi de iure (ou en tant que principe). »

Un relativisme qui considère comme dépassées « des vérités comme l’unicité et l’universalité salvifique du mystère de Jésus-Christ », professées très fermement depuis la période apostolique.

 

Par Pierre :

« Dans son discours devant le sanhédrin, pour justifier la guérison de l’impotent de naissance réalisée au nom de Jésus (cf. Ac 3,1-8), Pierre proclame : ‘Il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés’ (Ac 4,12) »

 

Et par Paul :

« S’adressant à la communauté de Corinthe, Paul écrit : ‘Bien qu’il y ait, soit au ciel, soit sur la terre, de prétendus dieux – et de fait il y a quantité de dieux et quantité de seigneurs –, pour nous en tous cas, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et vers qui nous allons, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui viennent toutes choses et par qui nous allons’ (1 Co 8,5-6) ».

 

Sans pour autant que cela ne porte préjudice à un dialogue respectueux entre les religions :

« Cette vérité de foi n’enlève rien à la considération respectueuse et sincère de l’Église pour les religions du monde, mais en même temps, elle exclut radicalement la mentalité indifférentiste imprégnée d’un relativisme religieux qui porte à considérer que ‘toutes les religions se valent’. […] La parité, condition du dialogue, signifie égale dignité personnelle des parties, non pas égalité des doctrines et encore moins égalité entre Jésus-Christ – Dieu lui-même fait homme – et les fondateurs des autres religions ».

 

La déclaration « Dominus Iesus » a connu une réception tourmentée. Ses détracteurs répandirent pendant des années la fake news prétendant qu’elle aurait été écrite par des prélats de seconde zone de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, et que le cardinal Ratzinger et le Pape Jean-Paul II les auraient laissé faire par embarras et par indolence, sans se soucier de nuire aux ouvertures du Concile Vatican II et à l’« esprit d’Assise » prophétique des rencontres interreligieuses.

 

Ces fausses rumeurs circulaient encore au début du pontificat de François. À tel point qu’en mars 2014, un mois après sa démission du pontificat, Ratzinger/Benoit XVI avait publié une note de clarification sur la manière dont les choses s’étaient vraiment passées.

 

Il commence tout d’abord par reconnaître le « courage de la vérité » du Pape Karol Wojtyla :

« Jean-Paul II ne recherchait pas les applaudissements et il n’a jamais regardé autour de lui avec inquiétude en se demandant comment ses décisions allaient être accueillies. Il a agi en fonction de sa foi et de ses convictions et il était même prêt à recevoir des coups. Le courage de la vérité est, à mes yeux, un critère de premier ordre de la sainteté ».

 

Et il poursuit par cette reconstruction inédite expliquant à quel point Jean-Paul II partageait pleinement la déclaration « Dominus Iesus » :

« Face au tourbillon qui s’était développé autour de ‘Dominus Iesus’, Jean-Paul II m’annonça qu’il avait l’intention de défendre ce document de manière tout à fait claire lors de l’Angélus. Il m’invita à rédiger pour l’Angélus un texte qui soit, pour ainsi dire, étanche et qui ne permette aucune interprétation différente. Il fallait montrer de manière tout à fait indiscutable qu’il approuvait inconditionnellement le document.

Je préparai donc un bref discours. Toutefois je n’avais pas l’intention d’être trop brusque ; je cherchai donc à m’exprimer avec clarté mais sans dureté. Après l’avoir lu, le pape me demanda encore une fois : ‘Est-ce que c’est vraiment assez clair ?’. Je lui répondis que oui. Mais ceux qui connaissent les théologiens ne seront pas étonnés d’apprendre que, malgré cela, il y a eu par la suite des gens qui ont soutenu que le pape avait pris prudemment ses distances par rapport à ce texte ».

 

L’Angélus au cours duquel le Pape Jean-Paul II a lu les phrases écrites pour lui par Ratzinger était celui du 1er octobre 2000, deux mois après la publication de « Dominus Iesus ».

 

Il est bon de la relire :

« Avec la Déclaration ‘Dominus Iesus’ – ‘Jésus est le Seigneur’ – que j’ai approuvée sous une forme particulière, j’ai voulu inviter tous les chrétiens à renouveler leur adhésion à Lui dans la joie de la foi, en témoignant de façon unanime qu’il est, également aujourd’hui et demain, ‘le chemin, la vérité et la vie’ (Jn 14, 6). Notre confession du Christ comme unique Fils, à travers lequel nous voyons nous-mêmes le visage du Père (cf. Jn 14, 8), n’est pas l’arrogance de celui qui méprise les autres religions, mais une reconnaissance joyeuse car le Christ s’est montré à nous sans que nous n’en ayons aucun mérite. Et, dans le même temps, Il nous a engagés à continuer à donner ce que nous avons reçu, et également à communiquer aux autres ce qui nous a été donné, car la Vérité donnée et l’Amour qui est Dieu appartiennent à tous les hommes.

Avec l’Apôtre Pierre, nous confessons qu’ ’il n’y a pas d’autre nom donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés’ (Ac 4, 12). La Déclaration ‘Dominus Iesus’, dans le sillage de Vatican II, explique que cela ne signifie pas que le salut est nié aux non-chrétiens, mais qu’on en indique la source ultime dans le Christ, en qui Dieu et l’homme sont unis. Dieu donne la lumière à tous de façon adaptée à leur situation intérieure et à leur environnement, en leur accordant la grâce salvifique à travers des voies qu’il connaît (cf. ‘Dominus Iesus’ VI, 20-21). Le document apporte un éclaircissement sur les éléments chrétiens essentiels, qui ne font pas obstacle au dialogue, mais montrent ses bases, car un dialogue sans fondement serait destiné à dégénérer en paroles vides de sens.

Cela vaut également pour la question œcuménique. Si le document, avec le Concile Vatican II, déclare que ‘l’unique Église du Christ subsiste dans l’Église catholique’, il n’entend pas exprimer par cela une considération moindre à l’égard des autres Églises et communautés ecclésiales. Cette conviction s’accompagne de la conscience que cela n’est pas dû au mérite humain, mais est un signe de la fidélité de Dieu qui est plus forte que les faiblesses humaines et les péchés, que nous avons confessés de façon solennelle devant Dieu et les hommes au début du Carême. L’Église catholique souffre – comme le dit le document – du fait que de véritables Églises particulières et communautés ecclésiales possédant de précieux éléments de salut soient séparées d’elle.

Le document exprime ainsi encore une fois la même passion œcuménique qui se trouve à la base de mon encyclique ‘Ut unum sint’. J’ai espoir que cette Déclaration qui me tient à cœur, après tant d’interprétations erronées, puisse finalement jouer son rôle de clarification et, dans le même temps, d’ouverture. »

 

*

 

Pour en revenir à ce que le Pape François a dit aux jeunes de Singapour, de toute évidence le fossé abyssal avec l’enseignement de « Dominus Iesus » et celui des deux papes qui l’ont précédé sur la chaire de Pierre.

 

Mais le fossé est encore plus dramatique si ces déclarations sont mises en rapport avec les raisons d’être de l’Église depuis toujours et avec la « priorité suprême et fondamentale de l’Église et du successeur de Pierre aujourd’hui », mises en lumière par Benoît XVI dans ce mémorable passage de sa lettre aux évêques du monde entier du 10 mars 2009 :

« À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité.

 

En ce moment de notre histoire, le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible: c’est la priorité suprême et fondamentale de l’Église et du successeur de Pierre aujourd’hui. »

 

On ne manquera pas de constater que le Pape François a prononcé ces paroles dans l’une des rares régions du monde où l’élan missionnaire de l’Église catholique est le plus vivace, sans réaliser qu’en mettant toutes les religions sur un même pied d’égalité, il vidait de son sens le mandat de Jésus ressuscité de faire « de toutes les nations des disciples » (Matthieu 28,18-20).

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Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles en langue française sur diakonos.be.
Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

Padre Pio, en même temps ici et ailleurs

23/09/2024

 Padre Pio, en même temps ici et ailleurs

 

Les raisons d'y croire


Parce qu’il n’a pas beaucoup voyagé, on peut facilement dire où se trouvait Padre Pio chaque jour de sa vie. En tant que moine, ses allées et venues sont décidées par ses supérieurs et connues par ses frères religieux. Il entre le 22 janvier 1903 chez les Capucins à Morcone (Campanie, Italie) ; il est envoyé à Pietrelcina le 10 août 1910, puis au couvent de San Giovanni Rotondo (Pouilles, Italie) à partir du 4 septembre 1916. Après cela, il ne voyage plus, à part brièvement pour servir à l’hôpital Sainte-Trinité à Naples pendant la Première Guerre mondiale, avant d’être réformé en août 1917.


Pourtant, nombreuses sont les personnes qui assurent l’avoir rencontré et lui avoir parlé, bien loin de son monastère de San Giovanni Rotondo. Ces personnes sont certaines d’avoir rencontré un être de chair, et non une apparition vaporeuse ou un fantôme. Elles ne connaissent pas nécessairement l’identité du moine qu’elles rencontrent sur le moment, mais comprennent a posteriori qu’il s’agissait de Padre Pio en le reconnaissant, par exemple sur des photos.


Les bilocations de Padre Pio ne sont jamais des prodiges « gratuits » : elles ont toutes un objectif spirituel, au service de l’Évangile et en parfaite cohérence avec l’enseignement de l’Église.


Padre Pio est interrogé sous serment en 1921 par un enquêteur du Vatican au sujet des bilocations qui lui sont attribuées. Il jure de dire toute la vérité, la main sur l’Évangile, puis explique : « Il m’est arrivé d’être en présence de telle ou telle personne, dans tel ou tel lieu. Je ne sais pas si mon esprit a été transporté là-bas ou si ce que j’ai vu était une sorte de vision. Je ne sais pas si j’étais présent avec mon corps ou simplement avec mon esprit […]. Un soir, je me suis retrouvé au chevet d’une femme malade, Maria Massa. J’étais au couvent et je priais. Je ne la connaissais pas personnellement, on me l’avait recommandée. »

 

Voici un exemple, parmi tant d’autres : en 1941, en Uruguay, de nombreuses personnes ont rapporté avoir vu un moine capucin lors du décès de Mgr Damiani. Le mystérieux moine capucin est venu réveiller en pleine nuit Mgr Barbieri pour l’avertir de l’état de santé de Mgr Damiani, afin que ce dernier puisse recevoir les derniers sacrements. Or Mgr Damiani avait rencontré Padre Pio plusieurs années auparavant et ce dernier avait promis de l’assister à l’heure de sa mort. L’évêque mourant prononce les mots « Padre Pio ».

 

Plus tard, lorsqu’il visite San Giovanni Rotondo, Barbieri reconnaît sans l’ombre d’un doute Padre Pio : il est certain que c’est le moine qu’il a vu, à plus de dix mille kilomètres de là, au chevet de Mgr Damiani.


Les frères capucins de Padre Pio sont pourtant certains que le moine n’a pas quitté le monastère de San Giovanni Rotondo à cette période. Il est évidemment impossible pour Padre Pio de se rendre en catimini à l’autre bout du monde sans que son absence soit remarquée.


En outre, une mitaine est trouvée dans le palais épiscopal uruguayen, identique à celles, assez caractéristiques, du Padre Pio. Elle est conservée comme relique.

 

 

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Auteur : Camille Mino di Ca, récemment baptisée, s’est convertie à cinquante ans. Passionnée par les récits de conversion et les vies de saints, elle rédige pour Hozana et d’autres supports. Elle pratique l’écriture sous différentes formes, y compris la biographie, le théâtre, la poésie et la chanson.

Brève revue de presse

Toulouse entre lumière et ténèbres ou comment résister à la tentation du retour aux mythes

22/10/24

"C’est une arme de lumière qu’a prise l’archevêque de Toulouse, qu’il en soit remercié. Le mercredi 16 octobre, l’Archevêque de Toulouse a consacré l’église Sacré-Coeur et a béni la ville de Toulouse pour la protéger."

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Faut-il s'inquiéter 
de la chute de la natalité ?

19/10/24

La planète se réchauffe, la guerre est de retour, les crises politiques et économique se multiplient mais le bouleversement le plus important de ce siècle, le changement fou auquel est confronté l'humanité, c'est la chute de la natalité. De la France aux États-Unis en passant par la Chine et la Corée du Sud, l'hiver démographique est partout. Quelles sont les causes de ce bouleversement anthropologique ? Faut-il s'en réjouir ou le déplorer ? Est-il possible d'enrayer ce déclin démographique ?

Pour en débattre, Eugénie Bastié reçoit Aziliz Le Corre, Marianne Durano et David Duhamel.

 

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Burkina Faso : Nouveau massacre contre des chrétiens

19/10/24
Plus de 150 personnes- dont de nombreux chrétiens- ont été massacrés par des terroristes à Manni, dans le nord-est du pays, le 6 octobre.


Lire + sur ZENIT 

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La Chine accélère sa politique de sinisation des religions selon un nouveau rapport

19/10/24

Ces dernières semaines, la Commission des États-Unis pour la Liberté Religieuse Internationale (USCIRF) a publié plusieurs rapports sur la situation actuelle de la liberté religieuse dans divers pays d’Asie : le 23 septembre pour la Chine, le 2 octobre pour l’Inde et le 27 septembre pour le Vietnam. Le rapport sur la Chine, intitulé « Sinisation de la religion : la politique religieuse coercitive de la Chine », met l’accent sur la politique de sinisation de la religion en Chine en indiquant qu’elle s’est intensifiée depuis 2023.

Lire + sur Ad Extra 

(Missions etrangères de Paris)

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16 octobre 1917
Création de la
Milice de l'Immaculée

16/1024

La Milice de l’Immaculée (du latin : Militia Immaculatæ : Chevalerie de l’Immaculée) nous vient du zélé Père Maximilien Marie Kolbe. En 1917, le Père Kolbe fonda à Rome, avec d’autres Franciscains, l’organisation catholique de la Milice de l’Immaculée (MI), qui a construit son propre centre de mission après la fin de la Première Guerre mondiale : Niepokalanów près de Varsovie. D’après l’idée du Père Maximilien, il s’agit d’une armée spirituelle au service de l’Immaculée dans la lutte pour le salut des âmes.

 

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Témoignage de foi

15/10/24

L’Italien Sammy Basso est mort le 5 octobre. Il était à 28 ans « le plus vieux » malade de progeria,, ou syndrome de Hutchinson-Gilford, maladie dont il était devenu un spécialiste, ayant passé en 2021 un master en biologie moléculaire et travaillant à une thèse sur le sujet.

Sammy Basso était connu pour la joie dont il rayonnait et qu’il puisait dans sa foi profonde.

Voici un extrait de la lettre qu’il a laissée :

Suite sur le blog d'Yves Daoudal

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Une vision terrifiante 
et l’origine d’une prière

13/10/24

Le 13 octobre 1884, le pape Léon XIII venait de conclure la messe. Alors qu’il s’entretenait avec quelques cardinaux sur certaines questions urgentes pour l’Église, alors qu’il se trouvait encore près de l’autel, il eut une vision mystique. Ceux qui étaient proches de lui le virent pâlir. Après la vision, il confessa à ses collaborateurs avoir eu une vision terrifiante. Qu’avait-il vu ?

 

Lire + sur le Salon Beige

 

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Les apparitions de Fatima

13/10/24

 

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Le scoutisme, source d’engagement civique et citoyen, selon l’IFOP

12/10/24

L'article d'Aliénor de Pompignan explore les résultats d'une étude de l'IFOP sur l'impact du scoutisme sur l'engagement civique et citoyen des Français. L'enquête montre que les anciens scouts sont plus susceptibles de s'investir dans des associations, de défendre des causes, et de participer aux élections. L'article met en avant le sens du collectif, de la responsabilité et du service appris au sein des mouvements scouts, qui contribue à un sentiment de bien-être généralisé chez les anciens scouts. Les auteurs de l'article soutiennent que le scoutisme offre un antidote à des maux contemporains comme l'addiction aux écrans et la baisse de l'engagement bénévole.

Lire ici

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Mgr Bernard Tissier de Mallerais, évêque de la Fraternité Saint-Pie X, est mort à 79 ans

11/10/24

L’un des quatre évêques ordonnés en 1988 par Mgr Marcel Lefebvre, Mgr Bernard Tissier de Mallerais, est décédé le 8 octobre 2024 à l’âge de 79 ans. Hospitalisé après une chute au séminaire d’Écône le 28 septembre, il était dans le coma depuis plusieurs jours. Son décès pose à nouveau la question de l’ordination de nouveaux évêques pour la Fraternité. 

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« Ils ne pourront jamais brûler
notre foi » : la fermeté du frère
Paul-Adrien face aux
incendies d’églises

11/10/24

Le frère dominicain a adressé un message fort devant l'église Saint-Hilaire de Poitiers incendiée la semaine dernière.
« En ce moment, en France, il y a une église qui brûle tous les mois ». Le frère dominicain s’est saisi de ses réseaux sociaux mardi 8 octobre pour faire part de son inquiétude face à la multiplication des incendies et profanations d’églises.

 

Tribune Chrétienne