Le blog du Temps de l'Immaculée.
27/01/2025
Reprenant lâexpression de N. Dupont-Aignan, on a vu les Ă©lites prĂ©sentes comme "des lapins tĂ©tanisĂ©s par les phares dâune voiture" face aux changements politiques, notamment aux Ătats-Unis. L'oligarchie mondialiste voit son monde se fragiliser cette annĂ©e.
L'Ă©lection de figures telles que Milei en Argentine et Trump aux Ătats-Unis est vue comme un symbole du retour des nations et des empires. Milei dâailleurs sâest payĂ© le culot de se dĂ©placer Ă Davos pour faire Ă ces « Young Leaders » et autres un discours virulent et provocateur, dopĂ© par ses excellents et incontestables rĂ©sultats Ă©conomiques. Le rejet de Trudeau au Canada, la grogne des peuples en Allemagne, en Hongrie, en Roumanie, en Autriche et en Slovaquie nous montre, avec la provocante crĂ©ation des BRICS, que lâidĂ©ologie mondialiste a brutalement du plomb dans lâaile.
LâUnion EuropĂ©enne est devenue le dernier carrĂ© de cette rĂ©sistance mondialiste qui, nâen doutons pas, ne se laissera pas faire. Si les plateformes X Twitter et Meta Facebook suppriment officiellemnt leur censure (les complotistes avaient encore raison), lâU.E. met en place un « bouclier dĂ©mocratique » pour supprimer « la dĂ©sinformation » venue desdites plateformes.
Chez nous, ça va ĂȘtre la fuite en avant : wokisme, suicide assistĂ©, avortement, sexualisation des petits et satanisme assumĂ© (cĂ©rĂ©monies des J.O., Toulouse, ClissonâŠ).
Nombre de catholiques ont compris que le combat eschatologique qui se déroule sous nos yeux arrive à un point critique.
Et lâEglise dans tout ça ?
Vive le Christ Roi !
27/01/2025
[âŠ] « LâespĂ©rance ne déçoit pas » (Rm 5, 5), elle nous rend mĂȘme forts dans les Ă©preuves.
Cette expression est consolante mais elle peut soulever des questions, en particulier chez les personnes qui souffrent. Par exemple, comment rester forts lorsque nous sommes touchĂ©s dans notre chair par des maladies graves, invalidantes, qui nĂ©cessitent peut-ĂȘtre des soins dont les coĂ»ts sont au-dessus de nos moyens ? Comment le rester quand, en plus de notre propre souffrance, nous voyons celle de ceux qui nous aiment et qui, tout en Ă©tant proches de nous, se sentent impuissants Ă nous aider ? Nous ressentons dans ces circonstances le besoin dâun soutien plus grand que nous : nous avons besoin du secours de Dieu, de sa grĂące, de sa Providence, de cette force quâest le don de son Esprit (cf. CatĂ©chisme de lâĂglise catholique, 1808).
ArrĂȘtons-nous donc un instant pour rĂ©flĂ©chir sur la prĂ©sence de Dieu auprĂšs de ceux qui souffrent, en particulier sous trois aspects qui la caractĂ©risent : la rencontre, le don et le partage.
1. La rencontre. Lorsque JĂ©sus envoie les soixante-douze disciples en mission (cf. Lc 10, 1-9), il les exhorte Ă dire aux malades : « Le Royaume de Dieu est proche pour vous » (v. 9). Il leur demande, en dâautres termes, de les aider Ă saisir dans lâinfirmitĂ©, mĂȘme si elle est douloureuse et difficile Ă comprendre, une occasion de rencontrer le Seigneur. Dans la maladie, en effet, si dâune part nous ressentons toute notre fragilitĂ© de crĂ©atures â physique, psychologique et spirituelle -, nous faisons dâautre part lâexpĂ©rience de la proximitĂ© et de la compassion de Dieu qui, en JĂ©sus, a partagĂ© notre souffrance. Il ne nous abandonne pas et nous surprend souvent par le don dâune tĂ©nacitĂ© que nous nâaurions jamais cru avoir et que nous nâaurions jamais trouvĂ©e par nous-mĂȘmes.
La maladie devient alors lâoccasion dâune rencontre qui nous change, la dĂ©couverte dâun rocher inĂ©branlable auquel nous pouvons nous accrocher pour affronter les tempĂȘtes de la vie. Câest une expĂ©rience qui nous rend plus forts mĂȘme dans le sacrifice parce que nous sommes davantage conscients de ne pas ĂȘtre seuls. Câest pourquoi lâon dit que la douleur porte toujours en elle un mystĂšre de salut : elle nous fait expĂ©rimenter la proche et rĂ©elle consolation qui vient de Dieu, au point de « connaĂźtre la plĂ©nitude de lâĂvangile avec toutes ses promesses et sa vie » (Saint Jean-Paul II, Discours aux jeunes, Nouvelle-OrlĂ©ans, 12 septembre 1987).
2. Et cela nous amĂšne Ă la deuxiĂšme piste de rĂ©flexion : le don. Jamais comme dans la souffrance nous ne nous rendons davantage compte que toute espĂ©rance vient du Seigneur, et quâelle est avant tout un don Ă accueillir et Ă cultiver en restant, selon une belle expression de Madeleine DelbrĂȘl, « fidĂšles Ă la fidĂ©litĂ© de Dieu » (Cf. Nous autres, gens des rues, Livre de vie, 1966).
De plus, ce nâest que dans la rĂ©surrection du Christ que notre destin tout entier trouve sa place, dans lâhorizon infini de lâĂ©ternitĂ©. Seule sa PĂąque nous donne la certitude que rien, « ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautĂ©s, ni le prĂ©sent, ni lâavenir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre crĂ©ature ne pourra jamais nous sĂ©parer de lâamour de Dieu » (Rm 8, 38-39). Toutes les sources de lumiĂšre qui permettent de surmonter les Ă©preuves et les obstacles de la vie naissent de cette âgrande espĂ©ranceâ (cf. BenoĂźt XVI, Lett. enc. Spe salvi, 27.31). De plus, le RessuscitĂ© marche avec nous, il se fait notre compagnon de route, comme pour les disciples dâEmmaĂŒs (cf. Lc 24, 13-53). Comme eux, nous pouvons partager avec Lui notre dĂ©sarroi, nos inquiĂ©tudes et nos dĂ©ceptions, nous pouvons Ă©couter sa Parole qui Ă©claire et enflamme nos cĆurs. Nous pouvons le reconnaĂźtre prĂ©sent dans la fraction du Pain en saisissant, dans le fait quâil est avec nous mĂȘme dans les limites du prĂ©sent, cet âau- delĂ â qui nous redonne courage et confiance en se faisant proche.
3. Nous en arrivons ainsi au troisiĂšme aspect, celui du partage. Les lieux oĂč lâon souffre sont souvent des lieux de partage, oĂč lâon sâenrichit mutuellement. Combien de fois on apprend Ă espĂ©rer au chevet dâun malade ! Combien de fois on apprend Ă croire en se tenant prĂšs de ceux qui souffrent ! Combien de fois on dĂ©couvre lâamour en se penchant sur ceux qui sont dans le besoin ! En dâautres termes, on se dĂ©couvre ĂȘtre des âangesâ de lâespĂ©rance, des messagers de Dieu les uns pour les autres, tous ensemble : malades, mĂ©decins, infirmiĂšres, membres de la famille, amis, prĂȘtres, religieux et religieuses ; lĂ oĂč lâon se trouve : dans les familles, les cliniques, les centres de soins, les hĂŽpitaux et les dispensaires.
Et il est important de savoir saisir la beautĂ© et la portĂ©e de ces rencontres de grĂące et dâapprendre Ă les inscrire dans notre Ăąme pour ne pas les oublier : garder dans le cĆur le sourire bienveillant dâun soignant, le regard reconnaissant et confiant dâun patient, le visage comprĂ©hensif et attentif dâun mĂ©decin ou dâun bĂ©nĂ©vole, celui, plein dâattente et dâinquiĂ©tude, dâun conjoint, dâun enfant, dâun petit-enfant, dâun ami trĂšs cher. Ce sont autant de lumiĂšres Ă garder prĂ©cieusement qui, mĂȘme dans lâobscuritĂ© de lâĂ©preuve, non seulement donnent de la force mais enseignent le vrai goĂ»t de la vie, dans lâamour et la proximitĂ© (cf. Lc 10, 25-37).
Chers malades, chers frĂšres et sĆurs qui portez assistance Ă ceux qui souffrent, vous avez plus que jamais en ce JubilĂ© un rĂŽle particulier Ă jouer. Votre marche avec les autres est un signe pour chacun, « un hymne Ă la dignitĂ© humaine, un chant dâespĂ©rance » (Bulle Spes non confundit, n. 11) dont la voix va bien au-delĂ des chambres et des lits des Ă©tablissements de soins oĂč vous ĂȘtes. Vous stimulez et encouragez dans la charitĂ© « lâagir harmonieux de toute la sociĂ©tĂ© » (ibid.), dans une symphonie parfois difficile Ă rĂ©aliser mais trĂšs douce et forte, prĂ©cisĂ©ment pour cette raison, capable dâapporter la lumiĂšre et la chaleur lĂ oĂč elle est le plus nĂ©cessaire. [âŠ]
Extraits choisis par le Salon Beige
26/01/2025
Les Ă©vĂȘques US, en la personne de Mgr Timothy P. Broglio, prĂ©sident de la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques catholiques des Ătats-Unis (USCCB), puis Mgr Mark J. Seitz d'El Paso, prĂ©sident du comitĂ© de l'USCCB sur les migrations, invitent D. Trump Ă reconsidĂ©rer les mesures qui ne respectent pas la dignitĂ© humaine.
La ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques catholiques des Ătats-Unis a publiĂ© deux dĂ©clarations concernant les dĂ©crets prĂ©sidentiels de Donald Trump. Les Ă©vĂȘques expriment des prĂ©occupations quant Ă l'impact nĂ©gatif de certaines mesures sur les populations vulnĂ©rables, notamment les immigrants et les rĂ©fugiĂ©s. Ils affirment cependant que l'Ăglise n'est liĂ©e Ă aucun parti politique et appellent Ă une meilleure considĂ©ration de la dignitĂ© humaine. MalgrĂ© les dĂ©saccords, ils s'engagent Ă collaborer avec l'administration pour promouvoir le bien commun. Enfin, ils rappellent l'importance de l'espĂ©rance chrĂ©tienne et de la protection des plus fragilisĂ©s.
Ces arguments sont effectivement à considérer. Pour autant, le déplacement de populations pour en faire des esclaves dans les pays « riches » est-il moralement acceptable ?
En revanche, on notera les 9 dĂ©crets pro-vie signĂ©s par Trump dont les Ă©vĂȘques auraient pu se fĂ©liciter, Ă savoir :
Ave Maria !
25/01/2025
Catholicisme et franc-maçonnerie
En 1821, Pie VII, avec la Constitution apostolique Ecclesiam a Jesu Christo publiĂ©e le 13 septembre, condamne les sociĂ©tĂ©s secrĂštes, les dĂ©finissant comme « un cancer et un flĂ©au mortel de la sociĂ©tĂ© ». Le pape LĂ©on XII, dans l'encyclique Quo graviora mala, a renouvelĂ© sa condamnation de la franc-maçonnerie et des Carbonari. Le 26 novembre 1983, la CongrĂ©gation pour la Doctrine de la Foi publie une dĂ©claration sur les associations maçonniques, rĂ©itĂ©rant que : « Le jugement nĂ©gatif de l'Ăglise Ă l'Ă©gard des associations maçonniques reste donc inchangĂ©, puisque leurs principes ont toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme inconciliables avec la doctrine de l'Ăglise et l'adhĂ©sion reste donc interdite. Les fidĂšles qui appartiennent aux associations maçonniques sont dans un Ă©tat de pĂ©chĂ© grave et ne peuvent accĂ©der Ă la Sainte Communion", Ă©crivait alors le cardinal Ratzinger. Un an plus tard, l'interdiction a Ă©tĂ© rĂ©itĂ©rĂ©e et il a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© : « Seul JĂ©sus-Christ est en fait le MaĂźtre de la VĂ©ritĂ© et c'est seulement en Lui que les chrĂ©tiens peuvent trouver la lumiĂšre et la force pour vivre selon le dessein de Dieu, en travaillant pour le vĂ©ritable bien de tous. d'autres, leurs frĂšres". Le 13 novembre 2023, le Saint-PĂšre François a rĂ©itĂ©rĂ© ce principe en approuvant une lettre adressĂ©e Ă S.E. Mgr Julito Cortes, Ă©vĂȘque de Dumaguete (Philippines) : «par consĂ©quent, ceux qui sont formellement et consciemment membres des loges maçonniques et ont embrassĂ© les principes maçonniques, tombent sous le coup des dispositions prĂ©sentes dans la DĂ©claration susmentionnĂ©e. Ces mesures s'appliquent Ă©galement Ă tout ecclĂ©siastique inscrit Ă la franc-maçonnerie.
Nous sommes certains que les trĂšs excellents prĂ©lats de la ConfĂ©rence Ă©piscopale amĂ©ricaine qui, ces derniĂšres annĂ©es, ont soutenu la politique de Joe Biden, basĂ©e principalement sur l'avortement, la moquerie du mariage et l'euthanasie, prendront dĂ©sormais une position ferme contre cet homme qui s'est toujours dit catholique mais n'a fait que promouvoir des politiques de mort en signant Ă plusieurs reprises l'envoi d'armes vers des territoires de guerre. Nous sommes certains que mĂȘme le Saint-PĂšre François, conformĂ©ment Ă ce quâil dit, prend dĂ©sormais ses distances avec Biden quâil a souvent louĂ©.
24/01/2025
« Je ne me sens plus seul, a expliquĂ© le prĂ©sident. LâArgentine est devenue un vrai modĂšle. Et jâai trouvĂ© des alliĂ©s : Elon Musk, la fĂ©roce Giorgia Meloni, Viktor Orban, Benyamin Netanyahou, Donald Trump. Une alliance se forme entre toutes les nations qui veulent ĂȘtre libres. »
Il a dĂ©noncĂ© une gauche woke infiltrĂ©e partout, « dans les mĂ©dias, les organisations internationales, les grandes entreprises, et mĂȘme ici Ă Davos. Ce Forum a promu un sinistre wokisme ! »
Javier Milei dĂ©cortique les mĂ©canismes du « virus mortel de lâidĂ©ologie woke, la grande Ă©pidĂ©mie de notre Ă©poque ». Il souligne que câest la libertĂ© individuelle et la propriĂ©tĂ© privĂ©e, placĂ©es au-dessus de tout, qui ont permis la rĂ©volution industrielle du XIXe siĂšcle et la formidable croissance qui a suivi. Il dĂ©fend « lâesprit pionnier qui repousse les limites du possible », soutenant au passage la dĂ©fense de Musk critiquĂ© pour son bras levĂ© qui faisait penser au salut nazi, « un geste innocent qui reflĂ©tait sa joie ».
Le leader argentin dĂ©nonce ensuite « lâidĂ©e ignoble de la justice sociale », selon laquelle « lâĂ©galitĂ© devant la loi ne suffit pas. Câest une mine dâor pour la bureaucratie ! » DerriĂšre se pointerait « une distribution arbitraire des richesses Ă la pointe du fusil ».
Il sâen prend violemment au fĂ©minisme, qualifiĂ© de « demande de privilĂšges ». Il serait dĂ©sormais plus grave de tuer une femme quâun homme. Sâensuit lâavortement, qui provoque le dĂ©clin des naissances dans de nombreux pays. LâidĂ©ologie du genre est Ă©videmment une catastrophe. La montĂ©e du mouvement LGBT dĂ©boucherait sur « la pĂ©dophilie ».
[...] "Cependant, lorsque lâon affirme que la Terre a dĂ©jĂ connu cinq cycles de changements brusques de tempĂ©rature et que, dans quatre dâentre eux, lâhomme nâexistait mĂȘme pas, on nous traite de « terraplanistes » afin de discrĂ©diter nos idĂ©es, sans tenir compte du fait que la science et les donnĂ©es sont de notre cĂŽtĂ©. Ce nâest pas une coĂŻncidence si ces mĂȘmes personnes sont les principaux promoteurs du programme sanguinaire et meurtrier de lâavortement, un programme conçu sur la base du postulat malthusien selon lequel la surpopulation dĂ©truira la terre et que nous devons donc mettre en Ćuvre un mĂ©canisme de contrĂŽle de la population. En fait, ce principe a dĂ©jĂ Ă©tĂ© adoptĂ©, Ă tel point que le taux de croissance de la population sur la planĂšte commence aujourdâhui Ă poser problĂšme". [...]
« Le wokisme se manifeste aussi dans cette histoire de changement climatique. Nous sommes passĂ©s de la prĂ©servation de lâenvironnement Ă un environnementalisme fanatique. Quand nous disons que la planĂšte a connu cinq cycles de rĂ©chauffement, on nous traite de platistes. »
« Maintenant, on laisse rentrer les immigrés non par nécessité mais par culpabilité. »
Sa mission de gouvernant, « câest de rĂ©duire la taille de lâEtat. Le scĂ©nario des quarante derniĂšres annĂ©es sâest Ă©puisĂ©. Il faut sâen libĂ©rer, oser penser, Ă©crire notre propre histoire ».
« Ecoutons le cri de la liberté. Vive la liberté, bordel ! »
Extraits choisis par le Salon Beige
23/01/2025
François Bayrou, ministre et leader du MoDem, propose de séparer le texte en deux : un volet sur les soins palliatifs et un autre sur "l'aide active à mourir". Cette proposition divise les députés, notamment Olivier Falorni, sachant Bayrou catholique pratiquant, craint que cela retarde l'avancée sur "l'aide active à mourir", un enjeu majeur selon lui.
L'Ăglise catholique, Ă la suite du pape la qualifiant de "meurtre", s'oppose fermement Ă "l'aide active Ă mourir", considĂ©rant la vie comme sacrĂ©e jusqu'au dernier souffle. Elle prĂŽne plutĂŽt des soins palliatifs de qualitĂ© pour accompagner les personnes en fin de vie.
Olivier Falorni, soutenu par une majorité de députés, est confiant quant à l'adoption de la loi en 2025. Il souligne l'importance de traiter les deux sujets ensemble pour une meilleure compréhension des enjeux de fin de vie.
Le dĂ©bat s'annonce houleux. La sociĂ©tĂ© française est divisĂ©e sur la question de l'euthanasie. L'Ăglise catholique, fidĂšle Ă ses principes, continuera de dĂ©fendre le caractĂšre sacrĂ© de la vie. La question est de savoir si la sociĂ©tĂ© française, marquĂ©e par ses racines chrĂ©tiennes, saura rĂ©sister aux pressions en faveur de l'euthanasie.
23/01/2025
Des dĂ©mographes français comme Alfred Sauvy, Pierre Chaunu, GĂ©rard-François Dumont avaient beau lancer lâalerte depuis des dĂ©cennies, on a lâimpression dâassister Ă un rĂ©veil dans les milieux du pouvoir. Pour en parler, le Forum a invitĂ© Niall Ferguson, Ă qui a Ă©tĂ© confiĂ©e mardi martin lâanimation du premier atelier de la session 2025 sous le titre : « DĂ©mographie : que va-t-il arriver ? »
On ne sâattend pas a priori Ă lâapproche qui a Ă©tĂ© la sienne dans un tel cadre. Mais en faisant son constat, Ferguson nâa pas suggĂ©rĂ© des solutions, il a mis en Ă©vidence des problĂšmes rĂ©els. Et la rĂ©ponse Ă ces problĂšmes â ou leur utilisation, voire leur instrumentalisation â est au fond ce qui importe.
Un mot au sujet de Sir Niall Campbell Ferguson, historien de renom, rĂ©putĂ© homme de droite, auteur de livres Ă thĂšse controversĂ©s et pourtant bien vu de lâestablishment : il a mĂȘme Ă©tĂ© fait chevalier lâan dernier par le roi Charles III dâAngleterre. Il fait partie de ceux qui considĂšrent le protestantisme comme la cause du progrĂšs humain, face Ă lâislam⊠mais aussi au catholicisme. Cela fait peut-ĂȘtre partie des raisons qui en font une persona grata Ă Davos, chroniqueur Ă lâoccasion pour le Forum Ă©conomique mondial, et ce dâautant quâil ne rĂ©cuse pas le discours officiel sur des thĂšmes tels le rĂ©chauffement climatique et les restrictions anti-covid.
Un historien de « droite » au Forum de Davos
DivorcĂ© en 2011, il sâest remariĂ© la mĂȘme annĂ©e avec Ayaan Hirsi Ali, cette NĂ©erlando-AmĂ©ricaine dâorigine somalienne trĂšs critique de lâislam (elle collabora au film Soumission de Theo van Gogh qui fut assassinĂ© par un musulman par la suite). Ayaan Hirsi Ali, ancien dĂ©putĂ© nĂ©erlandais vivant dĂ©sormais aux Etats-Unis, a annoncĂ© en 2023, aprĂšs une pĂ©riode dâathĂ©isme, sa conversion au christianisme.
La prĂ©sentation de Ferguson Ă Davos, face Ă une assistance Ă©tique, mĂ©rite quâon sây arrĂȘte.
Il a dĂ©marrĂ© sa mini-confĂ©rence avec ce constat de la rĂ©cente augmentation spectaculaire de la population mondiale principalement au XXe siĂšcle : « Lâhistoire de la population humaine est remarquable, car pendant la plus grande partie de lâhistoire, nous nâĂ©tions pas trĂšs nombreux. Il a fallu 123 ans pour que la population mondiale double, passant de 1 Ă 2 milliards, puis 33 ans pour passer de 2 Ă 3 milliards, 15 ans pour passer de 3 Ă 4 milliards, et nous avons ajoutĂ© un milliard tous les 12 ans environ. »
Et de prĂ©senter un graphique publiĂ© lâan dernier dans le New York Times faisant valoir qui si le taux de fĂ©conditĂ© du monde Ă©tait le mĂȘme que celui des Etats-Unis aujourdâhui, la population mondiale, aprĂšs un pic dâenviron 10 milliards, chuterait presque aussi vite quâelle a montĂ©, Ă moins de 2 milliards environ 300 ans plus tard.
Lâalerte dĂ©mographie fait presque pĂąlir le rĂ©chauffement climatique
Ferguson ajoutait quâElon Musk pourrait bien avoir raison en affirmant que lâeffondrement de la population dĂ» au faible taux de natalitĂ© est un risque bien plus important pour la civilisation que le rĂ©chauffement climatique. « A-t-il raison ? », se demande Ferguson : « Les dĂ©mographes sont de plus en plus nombreux Ă admettre que la population humaine atteindra probablement son maximum plus tĂŽt quâon ne le pensait⊠Selon la projection de base des Nations unies, la population mondiale atteindra 10,3 milliards dâhabitants dans les annĂ©es 2080. Mais il existe dâautres scĂ©narios selon lesquels la population atteindra son maximum plus tĂŽt, peut-ĂȘtre dans les annĂ©es 2060. LâInstitute for Health Metrics and Evaluation projette que la population pourrait diminuer Ă partir de 2064 pour atteindre quelque chose comme 8 milliards dâici Ă 2100. » Et il existe des projections prĂ©voyant un dĂ©clin encore plus rapide.
Ferguson identifie la chute de la fĂ©conditĂ© comme le principal responsable de la situation, les taux de remplacement Ă©tant de moins en moins atteints dans un nombre croissant de pays â pas seulement les pays dĂ©veloppĂ©s. Elle va de pair avec le vieillissement alimentĂ© par lâallongement de la durĂ©e de vie : « Ces deux Ă©lĂ©ments interagissent pour rendre la population humaine beaucoup plus ĂągĂ©e quâelle ne lâa jamais Ă©tĂ© historiquement. » Avec toutes les consĂ©quences parfaitement prĂ©visibles que cela entraĂźne pour les finances publiques et les systĂšmes de soin.
« Les systĂšmes de pension, qui ont Ă©tĂ© conçus pour la plupart Ă la fin du XIXe et au dĂ©but du XXe siĂšcle, lorsque lâespĂ©rance de vie Ă©tait beaucoup plus courte, nâont pas Ă©tĂ© mis Ă jour pour tenir compte du fait que nous vivons tous beaucoup plus longtemps et que nous avons beaucoup moins dâenfants. En matiĂšre de finances publiques, lâĂ©volution de la structure de la population entraĂźne une augmentation des dĂ©penses liĂ©es au vieillissement et au service de la dette, car les pays ayant ce type de structure dâĂąge finissent par accuser des dĂ©ficits permanents », souligne le confĂ©rencier.
Lâalerte dĂ©mographie Ă Davos sâattarde sur le vieillissement sans prĂ©cĂ©dent
Niall Ferguson souligne que cela a des consĂ©quences pour les autres types de dĂ©penses, et prĂ©sente de tels problĂšmes pour les rĂ©gimes de pension notamment que de nombreux pays tentent aujourdâhui dâinverser la tendance â presque invariablement sans y parvenir. Il Ă©numĂšre plusieurs faits constatĂ©s : Ă mesure que les familles sâenrichissent, elles ont moins dâenfants en moyenne, la contraception a permis aux femmes de contrĂŽler leur fertilitĂ©, et elles lâont fait dâautant plus quâelles sont entrĂ©es toujours plus nombreuses sur le marchĂ© du travail au XXe siĂšcle, mettant un « coĂ»t » sur la parentalitĂ© qui interrompt et complique les carriĂšres. « La participation des femmes au marchĂ© du travail et les niveaux dâĂ©ducation ont donc Ă©tĂ© les principaux facteurs prĂ©dictifs de lâindice synthĂ©tique de fĂ©conditĂ© dâun pays », observe Ferguson.
Parmi les causes de la dĂ©natalitĂ©, quâon constate partout, « indĂ©pendamment de la culture ou de lâhistoire », il met aussi en avant le fait religieux : « Le dĂ©clin de la foi religieuse semble faire partie de cette histoire. Au XVIIIe siĂšcle, il Ă©tait frappant de constater que la croissance de la population française commençait Ă ralentir par rapport Ă celle de la population anglaise, et les historiens ont souvent avancĂ© que les Français avaient commencĂ© Ă limiter la taille des familles au XVIIIe siĂšcle parce quâils connaissaient les premiers balbutiements de la sĂ©cularisation. »
Aucun effort gouvernemental ne semble pouvoir freiner ce déclin.
Le Forum Ă©conomique mondial, ce grand promoteur des robots
Parmi les rĂ©ponses possibles, Ferguson cite lâautomatisation et les robots dans lesquels investissent actuellement le plus les pays comme la CorĂ©e du Sud ou le Japon dont la population se contracte dĂ©jĂ . Les pays occidentaux « ont tentĂ© de rĂ©soudre le problĂšme par lâimmigration », dont il affirme les rĂ©percussions civilisationnelles et culturelles accentuĂ©es par la distance toujours plus grande entre les populations islamiques, et dans une moindre mesure, catholiques et orthodoxes, et les « protestants blancs ». Le seul bassin dâĂ©migration vigoureux Ă moyen terme Ă©tant lâAfrique subsaharienne : « Cela se traduira par des changements sociaux et culturels continus et trĂšs rapides dans les pays qui suivront la voie de lâimmigration. Vous pouvez constater le dĂ©clin dramatique qui sâest dĂ©jĂ produit dans la part des Britanniques et des Irlandais blancs de la population londonienne au cours de notre propre vie », dit Ferguson.
Et dâajouter : « En 2021, moins de 40 % de la population de Londres est blanche (Britanniques et Irlandais). Pew prĂ©voit que dâici Ă 2050, prĂšs de 12 % de la population britannique sera musulmane. Il sâagit lĂ de changements extraordinaires qui se produisent dans un laps de temps Ă©tonnamment court⊠» Et ayant soulignĂ© ce qui apparaĂźt comme des incompatibilitĂ©s, il affirme : « Certaines parties de lâanglosphĂšre et de lâEurope du Nord et du Nord-Ouest deviennent-elles trop progressistes pour assimiler facilement les immigrants dâautres parties du monde ? Lâeffondrement de la population constitue-t-il ou non notre avenir ? »
Autrement dit : il va falloir rĂ©gler la question du vieillissement et de la contraction de la population, avec les frais et les manques de main dâĆuvre affĂ©rents, en tenant compte des difficultĂ©s quâil y aurait Ă gĂ©rer lâarrivĂ©e de personnes culturellement de plus en plus Ă©loignĂ©es.
Davos : profiter des peurs
On ne sait quelle solution propose Ferguson car il nâen parle pas. En revanche, dans un environnement comme celui du Forum Ă©conomique mondial, on devine lâintĂ©rĂȘt de son discours pour recommander davantage dâaccĂšs Ă la contraception (comme câest effectivement le cas dans certains ateliers qui se tiennent cette semaine Ă Davos), davantage de robots (le vrai grand remplacement de lâhomme), une autre gestion de la vieillesse et de la fin de vie.
Mais on lui saura grĂ© dâavoir soulignĂ© ouvertement que les gouvernements ont « sans aucun doute rĂ©agi de maniĂšre excessive aux projections de la bombe dĂ©mographique » : « Cela remonte aux dĂ©bats des annĂ©es 1960 et 1970, qui ont donnĂ© lieu Ă des rĂ©ponses politiques dĂ©sastreuses. La politique de lâenfant unique en Chine est la plus connue, mais les politiques de stĂ©rilisation forcĂ©e en Inde ont eu des consĂ©quences terriblement nĂ©fastes », a-t-il dĂ©clarĂ©.
Il a Ă©galement dĂ©noncĂ© « notre tendance Ă avoir un horizon temporel qui sâarrĂȘte en 2100 dans nos projections nous a fait complĂštement oublier le dĂ©clin spectaculaire qui se produira ensuite si les taux de fĂ©conditĂ© totaux tombent partout en dessous de deux ».
Câest une forme de « myopie » pour Ferguson â mais en est-il totalement exempt, lui qui ne souligne pas explicitement comment ce sont aussi les pouvoirs politiques dans les pays dĂ©veloppĂ©s qui ont favorisĂ© le refus de la vie Ă travers la promotion dans le monde entier, mais aussi chez eux, de la contraception et de lâavortement, et dans la crĂ©ation de conditions Ă©conomiques et sociales qui sont dĂ©favorables aux familles nombreuses, sans compter les messages martelĂ©s dans les programmes scolaires supervisĂ©s par lâEtat, et encore dans les mĂ©dias et lâindustrie du divertissement ?
Et toujours le rĂ©chauffement climatiqueâŠ
Sa conclusion est de la mĂȘme eau : « Nous nâavons pas eu le temps dâaborder la question du changement climatique. Lorsque jâai pensĂ© pour la premiĂšre fois au dĂ©clin de la population, je me suis dit : âBien, si la population redescend Ă 2 milliards dâhabitants cela rĂ©soudra probablement le problĂšme du changement climatique.â Malheureusement, il est trop tard. Tous les problĂšmes liĂ©s au changement climatique, si les projections du GIEC sont exactes, arriveront Ă peu prĂšs au moment oĂč la population approche de son maximum. Cela signifie que la migration des pays dâAfrique qui seront affectĂ©s par le changement climatique se fera Ă une Ă©chelle encore plus grande que si câĂ©tait seulement lâĂ©conomie qui faisait le travail. Le temps nous est comptĂ©. »
Ainsi le discours qui dĂ©nonce lâempreinte des hommes qui dĂ©truisent la planĂšte par le rĂ©chauffement climatique dont ils sont supposĂ©s responsables, en favorisant la dĂ©natalitĂ©, sert en mĂȘme dâĂ©pouvantail qui vient dĂ©multiplier les problĂšmes liĂ©s Ă la dĂ©natalitĂ©.
Un serpent qui se mord la queue ? Lâimage est plus exacte encore quâon ne pourrait le penser, car il met en Ă©vidence ce qui est propre au vieux Serpent de la GenĂšse : la mort, le mensonge, le dĂ©clin, et la dĂ©sespĂ©rance face aux horizons prĂ©sentĂ©s comme inĂ©luctablement fermĂ©s.
Le Forum Ă©conomique mondial est aussi une gigantesque usine Ă entretenir les peurs, et dans ce domaine il peut faire feu de tout bois.
Jeanne Smits
23/01/2025
Avant de signer les grĂąces, Trump a dĂ©clarĂ© quâaucun des 23 pro-vie nâaurait dĂ» ĂȘtre « poursuivi ».
Les militants pro-vie maintenant graciés sont : Joan Bell, Coleman Boyd, Joel Curry, Jonathan Darnel, Eva Edl, Chester Gallagher, Rosemary « Herb » Geraghty, William Goodman, Dennis Green, Lauren Handy, Paulette Harlow, John Hinshaw, Heather Idoni, Jean Marshall, le pÚre Fidelis Moscinski, Justin Phillips, Paul Place, Bevelyn Beatty Williams et Calvin, Eva et James Zastrow.
Signal galvanisant avant la Marche pour la Vie
Cette nouvelle devrait certainement galvaniser les participants Ă la Marche pour la vie de demain, au cours de laquelle Trump devrait sâadresser aux participants du rassemblement par vidĂ©o. Le vice-prĂ©sident JD Vance devrait Ă©galement prendre la parole en personne lors de cet Ă©vĂ©nement de grande envergure.
Source : Pierre-Alain Depauw MPI
22/01/2025
Le cardinal Robert Sarah critique vivement la suppression envisagĂ©e de la messe tridentine, la qualifiant de "projet diabolique" visant Ă effacer l'histoire de l'Ăglise. Il souligne l'importance de ce rite ancien, cĂ©lĂ©brĂ© depuis plus de 1600 ans, et son lien avec la tradition chrĂ©tienne et la salvation par le Christ. Pour Sarah, cette suppression reprĂ©sente une rupture dangereuse avec les vĂ©ritĂ©s fondamentales de la foi, favorisant l'indiffĂ©rentisme et la nĂ©gation de la mĂ©diation ecclĂ©siale. Il dĂ©fend ainsi la messe traditionnelle comme Ă©lĂ©ment essentiel du patrimoine spirituel chrĂ©tien.
Source : La NBQ
22/01/2025
Bien que le temps des vĆux soit dĂ©sormais passĂ©, il nâest pas trop tard pour sâattarder sur quelques perspectives pour cette annĂ©e 2025. Certes, le climat nâest pas au beau et lâinquiĂ©tude devant les Ă©vĂ©nements habite nombre dâentre nous. Beaucoup de faits nous bousculent et nous laissent mĂȘme parfois interloquĂ©s. Raison de plus pour essayer de nous placer dans la bonne optique.
Par un effet de la Providence, nous cĂ©lĂ©brerons cette annĂ©e Ă la fois une annĂ©e jubilaire, lâanniversaire du concile de NicĂ©e et le centenaire de lâencyclique Quas Primas sur la royautĂ© du Christ. Autant dâĂ©vĂ©nements qui ne peuvent laisser indiffĂ©rent un chrĂ©tien consĂ©quent. Autant dâĂ©vĂ©nements, surtout, qui soulignent lâimportance dĂ©cisive de la foi.
ProfondĂ©ment ancrĂ© dans les Saintes Ăcritures et la Tradition de lâĂglise, un jubilĂ© constitue une invitation forte Ă la conversion. Je nâinsiste pas ici sur lâencyclique Quas Primas autour de laquelle LâHomme Nouveau organise une annĂ©e dâenquĂȘte. Je voudrais juste souligner que lâAnnĂ©e jubilaire 2025 et cette encyclique de Pie XI ne peuvent ĂȘtre dĂ©connectĂ©es de ce prĂ©alable dĂ©cisif quâest la foi.
Et câest ici que nous retrouvons lâanniversaire du concile de NicĂ©e qui sera cĂ©lĂ©brĂ© en mai prochain mais qui mĂ©rite, par son importance et son actualitĂ©, que nous nous en emparions dĂšs maintenant.
Parlons de Nicée
Ce concile (325), nous le savons, a donnĂ© ce qui devait devenir le Symbole de NicĂ©e-Constantinople. Pour rĂ©pondre Ă Arius, NicĂ©e a introduit le terme « consubstantiel » pour affirmer que le Christ est bien de la mĂȘme essence que le PĂšre et quâil est vraiment Dieu. Câest ici quâil faut se souvenir de la phrase forte de saint Paul, si peu audible pour nos oreilles relativistes : « il faut quâil y ait des hĂ©rĂ©sies ».
Heureuse erreur thĂ©ologique dâArius ! Elle a conduit lâĂglise Ă prĂ©ciser sa doctrine, en dĂ©finissant que les personnes divines sont de mĂȘme essence. Mais malheureuse opiniĂątretĂ© du mĂȘme Arius qui lâa menĂ© Ă sâenfermer dans son erreur au point de se couper de la communion ecclĂ©siale.
Quel rapport avec nous, en 2025 ? Arius et NicĂ©e ne feront pas la Une des journaux. On ne se bat plus, aujourdâhui, pour des questions religieuses, sinon pour tenter de dĂ©finir la juste place de lâislam dans nos pays occidentaux. La vĂ©ritĂ© nâa plus aucune importance, sinon celle du consensus dĂ©mocratique. Au contraire, on se complaĂźt Ă se dĂ©clarer hĂ©rĂ©tique, non plus sous ce terme religieux sans portĂ©e pour nos oreilles contemporaines, mais sous des vocables diffĂ©rents comme ceux dâanticonformiste, de rebelle ou de provocateur.
Ceux qui Ă la tĂ©lĂ©vision ou Ă la radio donnent le ton du moment sont dans lâattitude prĂ©cise que Chesterton dĂ©crivait dĂ©jĂ en 1905 :
« Non seulement le mot âhĂ©rĂ©sieâ ne signifie plus ĂȘtre dans lâerreur, il signifie, en fait, ĂȘtre clairvoyant et courageux. Non seulement le mot âorthodoxieâ ne signifie plus quâon est dans le vrai ; il signifie quâon est dans lâerreur. Tout cela ne peut vouloir dire quâune chose, une seule : câest que lâon ne sâinquiĂšte plus autant de savoir si lâon est philosophiquement dans la vĂ©ritĂ©. »
« Qui ne gueule pas la vérité⊠»
La vĂ©ritĂ© ? Pilate sâen est lavĂ© les mains tant son regard lui Ă©tait insoutenable. Elle nous dĂ©range nous aussi, tant elle est exigeante. Elle reste pourtant notre horizon et le moteur de nos vies. Dans son langage militaire, PĂ©guy a eu une parole Ă©loquente Ă son sujet : « Qui ne gueule pas la vĂ©ritĂ©, quand il sait la vĂ©ritĂ©, se fait le complice des menteurs et des faussaires. »
Il ne sâagit nullement de jouer les bravaches ou de se donner lâillusion dâĂȘtre un redresseur de torts. Mais, puisque nous sommes dans lâannĂ©e anniversaire du concile de NicĂ©e, comment taire quâArius nâest pas mort et quâil campe dans nos esprits et dans nos mentalitĂ©s de catholiques ? La divinitĂ© du Christ nâest certes pas explicitement niĂ©e, mais elle est rĂ©duite Ă nâĂȘtre quâun mythe, une fable pour enfants, une donnĂ©e sans consistance.
Lâhorizontalisme sâest abattu sur le catholicisme et, partant, sur JĂ©sus-Christ, rĂ©duit Ă la figure dâun grand modĂšle en humanitĂ©. DĂ©cisions synodales, dĂ©clarations Ă©piscopales, homĂ©lies presbytĂ©rales sont tellement imprĂ©gnĂ©es de cet humanitarisme rĂ©ducteur que lâon se met (presque) Ă rĂȘver quâun nouveau Maurice Clavel ait le courage de crier : « Dieu est Dieu, nom de D⊠»
Si nous devons garder un trĂ©sor Ă lâesprit tout au long de cette annĂ©e 2025, câest bien que le Christ est Dieu. Notre foi y est engagĂ©e et elle ne permet aucune abdication, aucune compromission, aucune capitulation.
21/01/2025
Au dĂ©but de son discours, il y a eu, comme on pouvait sây attendre, quelques allusions trĂšs amĂ©ricaines, Ă lâusage de son propre Ă©lectorat, et je ne veux pas mây attarder. Je veux plutĂŽt souligner les faits concrets quâil a annoncĂ©s, les mesures qui ne sont pas thĂ©orisĂ©es sur le papier, mais qui peuvent ĂȘtre mises en Ćuvre avec ses cent premiers dĂ©crets. Des dĂ©cisions qui, contrairement Ă ce qui se passe chez nous, peuvent dans de nombreux cas ĂȘtre traduites en actions opĂ©rationnelles immĂ©diates. Une vĂ©ritable musique Ă mes oreilles et, en mĂȘme temps, un cauchemar pour la satrapie lib-dem amĂ©ricaine et les cathos-gauchistes euro-italiens-vaticans qui rĂšgnent encore dans cette partie du monde qui est la nĂŽtre.
Incroyable, presque Ă©mouvant, dâavoir enfin entendu de la part dâun leader politique des mots qui sonnent comme une attaque totale â dans le but de leur destruction inconditionnelle â contre des concepts tels que :
â lâidĂ©ologie woke et transgenre (il nây a que des hommes et des femmes) ;
â la cancel culture (assez de la salissure de lâhistoire et de la discrimination Ă lâĂ©gard des blancs) ;
â le green deal (fin de lâhĂ©gĂ©monie Ă©cologique et du totem de la durabilitĂ© environnementale)
â lâinvasion migratoire et la puissance Ă©crasante des groupes criminels multiethniques (sĂ©curitĂ©, sĂ©curitĂ©, sĂ©curitĂ©) ;
â le totem du vaccinisme Covid (rĂ©habilitation totale des non-vaccinĂ©s, grĂące Ă Robert Kennedy Jr) ;
â lâintervention dans la politique du pouvoir judiciaire corrompu (le vĂ©ritable cancer de toute dĂ©mocratie).
A noter : il nây a guĂšre de sujet, parmi ceux citĂ©s, qui ne voie lâEglise prendre fiĂšrement le parti « liberal ».
Aurons-nous un jour chez nous un leader politique qui aura le courage, la force et la clartĂ© de proposer ces projets en leur donnant une chance concrĂšte de mise en Ćuvre immĂ©diate ?
Jâimagine le dĂ©sespoir de Jorge et de ses diaboliques Chevaliers de lâApocalypse, puis de la ConfĂ©rence Ă©piscopale italienne, de lâAction catholique, de la CommunautĂ© de SantâEgidio, des catholiques de base et de tous les membres des paroisses modernistes, inclusives et synodales qui peuplent notre pays. Que de cris dĂ©sespĂ©rĂ©s, que de hurlements de malĂ©diction Ă lâencontre du tycoon de New York ! (âŠ)
Enfin, lâaccent est mis sur un aspect de la cĂ©rĂ©monie dâinvestiture. La figure du vice-prĂ©sident Vance. Un visage net et dĂ©terminĂ© ; une histoire encore courte derriĂšre lui, mais extrĂȘmement douloureuse, dâoĂč Ă©merge, me semble-t-il, une vision trĂšs proche de nos exigences tant religieuses que civiques. Un protestant rĂ©cemment converti au catholicisme ; une foi qui pour lui, pour autant que jâaie pu en juger, est extrĂȘmement Ă©loignĂ©e des mĂ©tastases de la nouvelle Ă©glise universelle-synodale actuelle.
Trump a ses annĂ©es, et il est de toute façon un personnage destinĂ© Ă passer le relais bientĂŽt. JâespĂšre vraiment quâavec le choix de Vance, il a vu juste ; pour lâAmĂ©rique et un peu pour nous aussi.
21/01/2025
IntĂ©gralitĂ© de la version francaise de lâintervention du cardinal Robert Sarah (traduction Tribune ChrĂ©tienne)
« Chers frÚres dans le sacerdoce de Jésus-Christ,
Comme je lâai dit dans mon homĂ©lie pendant la Sainte Messe plus tĂŽt, câest un grand privilĂšge et une joie dâĂȘtre avec vous. Vous avez fait lâeffort de venir Ă Rome en pĂšlerinage en cette annĂ©e jubilaire depuis vos diffĂ©rents apostolats Ă travers le monde. Merci. Merci de venir partager la fraternitĂ© sacerdotale que cette confĂ©rence permet â puisse-t-elle vĂ©ritablement vous Ă©difier et vous renforcer. Merci de venir aux tombeaux des ApĂŽtres Pierre et Paul, qui sont le cĆur mĂȘme de cette Ville â que vos priĂšres devant eux vous fortifient dans votre vocation de ministres du Christ et intendants des mystĂšres de Dieu (1 Co 4, 1). Que ce temps particulier de grĂące vous confirme dans la foi qui nous vient des ApĂŽtres, par laquelle il est notre joie de vivre et quâil est notre devoir solennel dâenseigner sans diminution et intacte.
Je suis trĂšs reconnaissant pour lâinvitation Ă parler sur « La BeautĂ© et la Mission du PrĂȘtre ». Il y a beaucoup de choses laides et mauvaises dans notre monde, et parfois mĂȘme dans lâĂglise, et il est facile, mĂȘme pour les prĂȘtres, de devenir dĂ©couragĂ©s et dĂ©primĂ©s. Et pourtant, chers frĂšres, vous souvenez-vous de la beautĂ© de votre premiĂšre offrande de la Sainte Messe ? Vous souvenez-vous de lâĂ©motion, peut-ĂȘtre aussi des larmes, que cela a occasionnĂ© ? Notre premiĂšre Messe remonte peut-ĂȘtre Ă de nombreuses annĂ©es maintenant, mais la beautĂ© de lâoffrande du Saint Sacrifice est la mĂȘme aujourdâhui et chaque jour !
La beautĂ© de notre vocation dans notre configuration particuliĂšre avec JĂ©sus-Christ, la beautĂ© de notre ministĂšre et la beautĂ© de notre tĂ©moignage en apportant Lui aux autres et en amenant les autres vers Lui restent inchangĂ©es â mĂȘme si nous sommes plus vieux, fatiguĂ©s ou dĂ©couragĂ©s. Mes frĂšres, jâespĂšre que le temps que nous passons ensemble ce soir pourra vous encourager et servir en quelque sorte Ă vous renouveler dans votre vocation â car les prĂȘtres sont indispensables pour lâĂglise fondĂ©e par JĂ©sus-Christ. Notre Seigneur a grand besoin de chacun de nous, chers PĂšres !
Quâest-ce que la BeautĂ© ?
Nous vivons Ă une Ă©poque marquĂ©e par le subjectivisme et le relativisme, et en de tels temps, toute rĂ©ponse Ă la question : « Quâest-ce que la beautĂ© ? » risque dâattirer de nombreux contemporains qui rĂ©pondront : « Cela dĂ©pend de vos goĂ»ts ou prĂ©fĂ©rences. » Ce subjectivisme vide la beautĂ© de tout contenu objectif : il rend chaque goĂ»t et chaque dĂ©sir â mĂȘme ceux que la sociĂ©tĂ© considĂ©rait autrefois comme tout Ă fait abominables â Ă©galement acceptables.
Le philosophe anglais Roger Scruton (1944-2020) rĂ©fute Ă©nergiquement cette idĂ©e. « Imaginer que nous pouvons⊠voir la beautĂ© comme rien de plus quâune prĂ©fĂ©rence subjective ou une source de plaisir transitoire, câest mal comprendre la profondeur avec laquelle la raison et la valeur pĂ©nĂštrent nos vies. » Scruton poursuit :
Câest Ă©chouer Ă voir que, pour un ĂȘtre libre, il existe des sentiments, des expĂ©riences et des jouissances justes tout autant quâil existe des actions justes. Le jugement de la beautĂ© ordonne les Ă©motions et les dĂ©sirs de ceux qui lâĂ©mettent. Il peut exprimer leur plaisir et leur goĂ»t : mais câest un plaisir dans ce quâils valorisent et un goĂ»t pour leurs vĂ©ritables idĂ©aux.
(Beauty: A Very Short Introduction, Oxford, 2011, p. 163-164)
Prenons ce raisonnement philosophique solide et appliquons-le à la sphÚre théologique.
En tant que catholiques, nous soutenons que JĂ©sus-Christ est la rĂ©vĂ©lation dĂ©finitive de Dieu dans lâhistoire humaine, et que Son enseignement, fidĂšlement transmis par lâĂglise jusquâĂ nous aujourdâhui, est objectivement vrai. Câest ce que Dieu Tout-Puissant, notre CrĂ©ateur, nous a rĂ©vĂ©lĂ© sur ce que câest que dâĂȘtre vĂ©ritablement humain et ce que nous devons faire pour atteindre la vie Ă©ternelle avec Lui au ciel.
Ainsi, pour le catholique, il y a assurĂ©ment des actions justes, une doctrine juste et un culte juste â tout comme la rĂ©vĂ©lation dĂ©finitive de Dieu en JĂ©sus-Christ exclut clairement certaines expĂ©riences, jouissances et dĂ©sirs. Nous avons le privilĂšge de vivre dans la VĂ©ritĂ© et ne sommes pas limitĂ©s simplement Ă la spĂ©culation philosophique. Ainsi, nous devons dire quâĂ la lumiĂšre de la RĂ©vĂ©lation Divine, le subjectivisme dans la foi, la morale ou le culte est faux. Il nâest pas de Dieu. Il conduit les Ăąmes en enfer, non au ciel.
Un autre Ă©minent intervenant a abordĂ© hier les questions de la « VĂ©ritĂ© », et un autre encore Ă©tudiera « la BontĂ© » avec vous demain, je vais donc me limiter Ă dire que la vĂ©ritable beautĂ© est celle qui participe Ă lâobjectivitĂ© de la rĂ©vĂ©lation de Dieu dans lâhistoire humaine. Autrement dit, thĂ©ologiquement (et moralement, pastoralement, etc.), la beautĂ© nâest pas principalement une question dâesthĂ©tique, mais une question de savoir si tel ou tel aspect perceptible de notre culte de Dieu et de nos vies vĂ©cues en et Ă partir de ce culte participe vĂ©ritablement Ă ce qui est de JĂ©sus-Christ, qui est BeautĂ©, VĂ©ritĂ© et BontĂ© incarnĂ©es.
Car Dieu seul est beautĂ©, et Son Fils incarnĂ©, JĂ©sus-Christ, est lâhomme le plus beau qui ait jamais existĂ© â mĂȘme, surtout â lorsquâil pendait sur la contradiction laide de la Croix. Sa beautĂ© nâest pas due Ă sa physionomie, mais Ă son intĂ©gritĂ©, Ă sa saintetĂ© et Ă son dĂ©vouement sacrificiel Ă sa Mission. Il est beau parce quâil est entiĂšrement donnĂ© Ă lâaccomplissement de la volontĂ© de Son PĂšre.
En tant que prĂȘtres de JĂ©sus-Christ, nous ferions bien de considĂ©rer cela trĂšs soigneusement. Nous sommes appelĂ©s Ă devenir des amis proches du Christ. En effet, nous ne sommes pas simplement appelĂ©s Ă devenir un alter Christus â un autre Christ â mais vĂ©ritablement Ă devenir ipse Christus, câest-Ă -dire Ă devenir le Christ Lui-mĂȘme ; Ă entrer dans Son auto-don au PĂšre. Il est possible dâĂȘtre un alter Christus et dâĂȘtre un fonctionnaire, et il y a trop dâexemples de vĂ©ritables fonctionnaires laids dans lâĂglise aujourdâhui.
Mais si, par chaque souffle, nous nous efforçons de devenir ipse Christus â mĂȘme si ces souffles sont pris dans la douleur et la souffrance des croix que nous devons porter â notre coopĂ©ration continue avec Sa grĂące, qui nous a Ă©tĂ© donnĂ©e dâune maniĂšre spĂ©cifique dans le Sacrement de lâOrdre SacrĂ©, nous configurera plus Ă©troitement au Christ BeautĂ©. Cela fera de nous, hommes fragiles et faibles, une Ćuvre de beautĂ© rĂ©demptrice de Dieu pour la gloire de Dieu Tout-Puissant, le salut de nos Ăąmes et des Ăąmes que nous sommes appelĂ©s Ă servir.
Câest fondamental. Le Christ est la beautĂ© elle-mĂȘme, et la vocation du prĂȘtre est belle lorsquâelle participe vĂ©ritablement Ă lâauto-offrande sacrificielle du Christ dans les circonstances particuliĂšres auxquelles il est appelĂ© Ă servir. En tant quâhomme, je connais mes limites. Je connais mes pĂ©chĂ©s. Je connais mes incapacitĂ©s. En tant que prĂȘtre de JĂ©sus-Christ, je suis appelĂ© Ă devenir quelque chose que je ne pourrai jamais atteindre par moi-mĂȘme. Mais par Sa grĂące, câest possible : le beau visage de JĂ©sus-Christ, la rĂ©vĂ©lation dĂ©finitive de Dieu dans lâhistoire humaine, peut briller en moi et Ă travers moi ; mais seulement si je coopĂšre avec cette grĂące aujourdâhui et renouvelle ma rĂ©solution de le faire pour autant de jours futurs que je serai donnĂ© sur cette terre.
Comme je lâai dit, nous devrions tous considĂ©rer cette rĂ©alitĂ© trĂšs soigneusement. Elle a des implications pour chaque Ă©lĂ©ment de notre ministĂšre sacerdotal, et je suis sĂ»r que les autres intervenants de cette semaine exploreront beaucoup dâentre elles. Les organisateurs de la confĂ©rence mâont demandĂ© de parler spĂ©cifiquement de la beautĂ© dans la Sainte Liturgie dans la vie et la mission du prĂȘtre, ce que je ferai maintenant avec grand plaisir, car comme le Cardinal Ratzinger lâa dit un jour :
LâĂglise se tient et tombe avec la Liturgie. Lorsque lâadoration de la divine TrinitĂ© dĂ©cline, lorsque la foi nâapparaĂźt plus dans sa plĂ©nitude dans la Liturgie de lâĂglise, lorsque les mots, les pensĂ©es et les intentions de lâhomme lâĂ©touffent, alors la foi aura perdu le lieu oĂč elle sâexprime et oĂč elle habite. Câest pourquoi la vĂ©ritable cĂ©lĂ©bration de la Sainte Liturgie est le centre de toute rĂ©novation de lâĂglise, quelle quâelle soit. (Voir : A. Reid Ă©d., Looking Again at the Sacred Liturgy with Cardinal Ratzinger, St Michaelâs Abbey Press, 2003, p. 139)
Beauté et la Sainte Liturgie
Quelques principes
Ceux dâentre nous qui sont nĂ©s en dehors de lâEurope se souviennent probablement trĂšs bien de notre premiĂšre visite sur ce continent, notamment de notre premiĂšre visite Ă Rome. Quand nous avons grandi en entendant parler de la Basilique Saint-Pierre Ă Rome et des grandes cathĂ©drales de Chartres, Munich, etc., et nâen ayant vu que des images, ĂȘtre rĂ©ellement debout en elles pour la premiĂšre fois nous coupe le souffle. Et câest juste. Nous sommes en prĂ©sence dâune beautĂ© qui participe Ă et transmet la beautĂ© de Dieu Lui-mĂȘme !
Si nous voyageons un peu, nous rencontrerons diffĂ©rents styles dâarchitecture ecclĂ©siastique. La simplicitĂ© austĂšre et solide du romanisme nous confrontant au Christ-Dieu (habituellement reprĂ©sentĂ© dans lâabside). La hauteur et les dĂ©tails des cathĂ©drales gothiques qui feront sâĂ©lever nos Ăąmes vers Dieu. Le baroque et le rococo nous montrant comment de simples hommes ont exubĂ©ramment cĂ©lĂ©brĂ© la magnificence de lâIncarnation avec chaque fibre crĂ©ative de leur ĂȘtre. Les grandes Ă©glises de lâOrient chrĂ©tien nous immergeront dans la cour cĂ©leste. Le contraste avec les Ă©glises et chapelles oĂč nous servons peut-ĂȘtre assez spectaculaire. Nous pouvons mĂȘme nous sentir un peu dĂ©couragĂ©s par le manque de ce que nous avons chez nous. Certaines des Ă©glises que nous pourrions visiter peuvent mĂȘme sembler un peu trop pour nos goĂ»ts.
Je voudrais suggĂ©rer que, mĂȘme si nous nous sentons plus Ă lâaise dans un style architectural quâun autre, ce nâest pas nĂ©cessairement le point. Le point est que la beautĂ© que nous expĂ©rimentons dans les grandes cathĂ©drales dâEurope ou dans les humbles Ă©glises et chapelles de nos pays dâorigine est due Ă lâintĂ©gritĂ© du bĂątiment. Câest-Ă -dire que le bĂątiment est ce quâil doit ĂȘtre et rien dâautre : un lieu saint, la maison de Dieu, et la porte du ciel (cf. Gn 28:16-17) â un lieu sacrĂ© rĂ©servĂ© Ă lâadoration liturgique de Dieu le PĂšre, le Fils et le Saint-Esprit, construit par amour de Dieu et avec toute la gĂ©nĂ©rositĂ© et la compĂ©tence disponibles. Ă cet Ă©gard, une petite chapelle dans un village africain peut avoir autant dâintĂ©gritĂ© quâune basilique romaine. Il en va de mĂȘme pour une chapelle rurale en AmĂ©rique ou en Australie, quel que soit son style particulier ou mĂȘme peut-ĂȘtre son manque de participation Ă lâun des grands styles architecturaux.
Nous avons probablement aussi eu lâexpĂ©rience de cĂ©lĂ©brer la Sainte Liturgie dans des endroits qui manquent dâintĂ©gritĂ©. Parfois, il peut y avoir une raison juste : offrir la Messe pour une personne mourante, par exemple, ou mĂȘme Ă une grande occasion lorsque lâĂ©glise ou la cathĂ©drale serait trop petite. Mais dans de tels cas, nous faisons naturellement tout ce que nous pouvons pour rendre le lieu aussi sacrĂ© que possible.
Mais parfois, les Ă©glises et chapelles manquent de cette intĂ©gritĂ©. Nous le savons instinctivement : quelque chose en nous se rĂ©tracte Ă cause de lâagencement spatial ou Ă cause de tel ou tel meuble liturgique ou objet particulier. Aussi artistiquement digne quâil soit en soi, ou coĂ»teux quâil ait Ă©tĂ©, ou quelle que soit la renommĂ©e de lâartiste qui lâa conçu, il est simplement en dĂ©saccord ou ne fonctionne pas dans lâutilisation Ă laquelle il a Ă©tĂ© destinĂ©. Il manque de cette intĂ©gritĂ© qui permet de participer Ă la beautĂ© du Christ manifestĂ©e dans la Sainte Liturgie et qui nous mĂšne Ă Lui, et au contraire, attire lâattention sur lui-mĂȘme. Il manque de cette vĂ©ritable noblesse et harmonie qui est le sol fertile dans lequel la transcendance prend racine et grandit.
Jâai utilisĂ© lâanalogie de lâarchitecture des Ă©glises pour dĂ©limiter le principe de lâintĂ©gritĂ© comme composant fondamental de la beautĂ© liturgique. De mĂȘme, ce principe dâintĂ©gritĂ© peut et doit ĂȘtre appliquĂ© aux rites liturgiques eux-mĂȘmes. Les rites liturgiques que nous cĂ©lĂ©brons doivent ĂȘtre exactement ce quâils doivent ĂȘtre, et rien dâautre.
Laissez-moi vous donner un exemple courant,
OĂč, dans les rubriques de la concĂ©lĂ©bration, est-il prĂ©vu que des prĂȘtres ou des Ă©vĂȘques concĂ©lĂ©brants sortent leur tĂ©lĂ©phone et prennent des photos ? Je continue Ă ĂȘtre Ă©tonnĂ© et profondĂ©ment scandalisĂ© par cette absence totale dâintĂ©gritĂ© de la part dâhommes investis pour lâĆuvre unique du Christ, Ćuvre que seul eux peuvent accomplir, se comportant comme des touristes adolescents de passage au cĆur de la Sainte Liturgie ! Il nây a pas de place pour cela dans la Sainte Liturgie. Un prĂȘtre ou un Ă©vĂȘque qui se comporte ainsi doit examiner sa conscience et chercher un renouveau profond dans la nature et la signification de la liturgie. Il doit rĂ©flĂ©chir et examiner sâil croit vraiment en la prĂ©sence de JĂ©sus dans la cĂ©lĂ©bration eucharistique.
Il existe, sans doute, de nombreux autres exemples, mais le principe est ce qui importe : les rites liturgiques que nous cĂ©lĂ©brons doivent ĂȘtre exactement ce quâils sont supposĂ©s ĂȘtre, et rien dâautre. Câest lĂ que rĂ©side sa beautĂ©. La soi-disant crĂ©ativitĂ© ou mĂȘme lâinculturation qui transforme la Sainte Liturgie en une rĂ©union religieuse ou un spectacle culturel nâa rien Ă voir avec lâadoration de Dieu Tout-Puissant que nous avons promis de cĂ©lĂ©brer fidĂšlement lors de notre ordination ! Nous sommes des serviteurs, non des maĂźtres, de la Sainte Liturgie ! MĂȘme les Ă©vĂȘques en sont seulement les gardiens et protecteurs, non ses propriĂ©taires.
Ce principe implique, bien Ă©videmment, que nous soyons fidĂšles aux livres liturgiques tels quâils nous sont donnĂ©s par lâautoritĂ©Ì lĂ©gitime. Nous pourrons en parler un peu plus tard en discutant de lâars celebrandi. Les livres liturgiques rĂ©formĂ©s comportent des options, et il est parfois possible, grĂące Ă ces options, de transformer complĂ©tement lâambiance liturgique ou le ressenti dâune cĂ©lĂ©bration liturgique donnĂ©e.
Ici, je souhaite faire appel Ă cette hermĂ©neutique de la rĂ©forme en continuitĂ© Ă©voquĂ©e par le pape BenoĂźt XVI (Discours, 22 dĂ©cembre 2005). Câest une opinion personnelle, mais il me semble que les livres liturgiques rĂ©formĂ©s ont dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin de cette continuitĂ© avec la tradition liturgique que les PĂšres du Concile Vatican II ont cherchĂ© Ă rĂ©former sâils doivent ĂȘtre vĂ©ritables, beaux et bons, et ainsi faire de leur mieux pour la sanctification et lâĂ©dification du Peuple Saint de Dieu. Dâautres peuvent ne pas ĂȘtre dâaccord. Mais dans ma lecture du Concile, câest ce quâil visait : une rĂ©forme en continuitĂ© et non une rupture avec le passĂ©.
Cela soulÚve deux questions liées, et si je dis trop de choses à ce sujet, je vais probablement me retrouver dans une position délicate, donc je serai bref. Mais il faut en dire un mot.
PremiĂšrement, la question apparemment obsolĂšte de la « rĂ©forme de la rĂ©forme liturgique post-conciliaire », selon laquelle les livres liturgiques modernes sont rĂ©visĂ©s dans le but de les enrichir dâĂ©lĂ©ments qui se sont perdus dans la rĂ©forme elle-mĂȘme. Cela est trĂšs dĂ©modĂ© auprĂšs des autoritĂ©s actuelles, mais la motivation et la raison de prendre de telles mesures nâont rien perdu de leur validitĂ©.
Ce nâest pas Ă moi de dire quand le Seigneur, dans Sa Providence, permettra Ă cette question dâĂȘtre sĂ©rieusement prise en compte Ă nouveau, mais peut-ĂȘtre que certains de nos jeunes frĂšres prĂȘtres prĂ©sents aujourdâhui vivront pour voir les livres liturgiques rĂ©formĂ©s devenir encore plus beaux. Je pense souvent au missel pour les Ordinariats des anciens Anglicans et aux richesses quâil contient comme exemple de ce qui pourrait ĂȘtre possible.
La deuxiĂšme question est celle de la cĂ©lĂ©bration des rites liturgiques prĂ©-conciliaires, le usus antiquior du rite romain. Jâai dĂ©jĂ dit, notamment Ă la lumiĂšre des fruits Ă©vidents que ces rites ont produits au cours des derniĂšres dĂ©cennies, que :
MalgrĂ© les attitudes clĂ©ricales intransigeantes sâopposant Ă la vĂ©nĂ©rable liturgie latine-grĂ©gorienne, attitudes typiques du clĂ©ricalisme que le pape François a dĂ©noncĂ© Ă plusieurs reprises, une nouvelle gĂ©nĂ©ration de jeunes est apparue au cĆur de lâĂglise. Cette gĂ©nĂ©ration est celle des jeunes familles, qui montrent que cette liturgie a un avenir parce quâelle a un passĂ©, une histoire de saintetĂ© et de beautĂ© qui ne peut ĂȘtre effacĂ©e ou abolie du jour au lendemain. (Twitter, 8 juillet 2021)
Je maintiens cela. Et bien que je comprenne que, pour le moment, de nombreux prĂȘtres se trouvent dans une position trĂšs difficile par rapport Ă lâusus antiquior, je vous encourage Ă ne jamais oublier ni nier la vĂ©ritĂ© profonde enseignĂ©e par le pape BenoĂźt :
Ce que les gĂ©nĂ©rations antĂ©rieures tenaient pour sacrĂ© reste sacrĂ© et grand pour nous aussi, et cela ne peut pas tout Ă coup ĂȘtre entiĂšrement interdit ou mĂȘme considĂ©rĂ© comme nuisible. Il nous incombe Ă tous de prĂ©server les richesses qui se sont dĂ©veloppĂ©es dans la foi et la priĂšre de lâĂglise, et de leur donner leur place lĂ©gitime. (Lettre aux Ă©vĂȘques, 7 juillet 2007)
Jâai dit assez, peut-ĂȘtre trop ou mĂȘme trop maladroitement pour certains : du moins je nâai pas parlĂ© de la beautĂ© et de la valeur pastorale de la pratique lĂ©gitime de la cĂ©lĂ©bration de la liturgie moderne ad orientem !
Gardons Ă lâesprit le principe de lâintĂ©gritĂ© liturgique comme composant essentiel de la beautĂ© liturgique (et de la vĂ©ritĂ© et de la bontĂ© liturgiques), passons maintenant Ă examiner quelques applications pratiques de ce principe.
Quelques Applications LâExhortation apostolique Sacramentum Caritatis de BenoĂźt XVI, « Sur lâEucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de lâĂglise », qui est le fruit des rĂ©flexions du Synode des Ă©vĂȘques de 2005, est un trĂšs bon point de dĂ©part. En fait, je voudrais suggĂ©rer que ce soit un document trĂšs important pour la formation liturgique, qui est trĂšs nĂ©gligĂ©e. Si vous ne lâavez pas Ă©tudiĂ©, faites-le. Si cela fait un moment que vous ne lâavez pas relu, revisitez-le. Il vous guidera pour chercher Ă vous assurer que vos cĂ©lĂ©brations liturgiques ont de lâintĂ©gritĂ©, quâelles sont ce quâelles sont censĂ©es ĂȘtre, et rien dâautre.
Le pape BenoĂźt donne beaucoup de sages conseils distillĂ©s Ă la lumiĂšre des annĂ©es turbulentes de la vie liturgique postconciliaire, comme lâont observĂ© les PĂšres synodaux. Peut-ĂȘtre le meilleur de tous est sa simple dĂ©claration : « Tout ce qui concerne lâEucharistie doit ĂȘtre marquĂ© par la beautĂ© » (n. 41).
Nous ferions bien dâutiliser cela comme base pour un examen de conscience sur notre propre pratique liturgique : tout ce qui concerne la liturgie que nous cĂ©lĂ©brons avec notre peuple est-il marquĂ© par la beautĂ©, selon les moyens Ă notre disposition ? Ou nous sommes-nous contentĂ©s de pratiques moins belles, voire clairement inappropriĂ©es, dâobjets, de rites, de musique, etc. ?
Si lâEucharistie est vĂ©ritablement la source et le sommet de la vie et de la mission de lâĂglise, nous ne pouvons pas nous contenter de la mĂ©diocritĂ©, ou pire. Si nous faisons cela, nous construisons sur des bases dĂ©fectueuses, et dâune maniĂšre ou dâune autre, ce que nous construirons sur ces bases instables sâeffondrera. Souvenez-vous des mots du cardinal Ratzinger que jâai citĂ©s plus tĂŽt : « LâĂglise se maintient et tombe avec la Liturgie⊠Câest pourquoi la vĂ©ritable cĂ©lĂ©bration de la Sainte Liturgie est le centre de tout renouveau de lâĂglise, quel quâil soit. »
Notre souci de beautĂ© dans la liturgie nâest donc en aucun cas Ă©sotĂ©rique ou simplement esthĂ©tique. Il est fondamentalement pastoral. En tant que prĂȘtres, notre premier devoir est Ă lâautel de Dieu. De lĂ , tout le reste dĂ©coule. Si nous ne pouvons pas garantir que ce que nous faisons Ă lâautel de Dieu est tel quâil doit ĂȘtre â beau et intĂ©gral â nous manquons Ă notre premier devoir devant Dieu Tout-Puissant.
Nous pouvons ĂȘtre bĂ©nis de nombreux autres dons qui peuvent servir le Seigneur et lâĂglise de maniĂšre importante, mais notre tout premier devoir est de devenir un homo liturgicus, dont la vie et la mission Ă©manent de lâautel. Lâexemple de notre dĂ©votion Ă nos devoirs sacrĂ©s nous permettra alors de devenir un pater liturgicus, formant les autres Ă la Sainte Liturgie par notre simple exemple. Câest peut-ĂȘtre ce que nous avons nous-mĂȘmes vĂ©cu quand nous Ă©tions plus jeunes, avec les prĂȘtres qui ont favorisĂ© nos vocations simplement en Ă©tant des prĂȘtres absorbĂ©s dans les mystĂšres sacrĂ©s quâil Ă©tait de leur privilĂšge de cĂ©lĂ©brer.
Dans Sacramentum Caritatis, BenoĂźt XVI parle plus particuliĂšrement de lâars celebrandi : « lâart de cĂ©lĂ©brer correctement » les rites liturgiques, « le fruit de lâadhĂ©sion fidĂšle aux normes liturgiques dans toute leur richesse ». Il souligne que ce souci nâest en rien contraire au dĂ©sir du Concile Vatican II de promouvoir une participation rĂ©elle, effective et fĂ©conde Ă la liturgie, mais que, en fait, « la maniĂšre principale de favoriser la participation du Peuple de Dieu au rite sacrĂ© est la bonne cĂ©lĂ©bration du rite lui-mĂȘme » (n. 38).
Mis dans le langage que nous avons utilisĂ©, un bon ars celebrandi affiche lâintĂ©gritĂ©. Les rites sont cĂ©lĂ©brĂ©s tels quâils doivent lâĂȘtre, du mieux que les circonstances le permettent, et bien sĂ»r, selon les exigences des diffĂ©rentes fĂȘtes et saisons de lâannĂ©e liturgique de lâĂglise. Nous avons vu cette intĂ©gritĂ© dans lâexemple des papes Jean-Paul II et BenoĂźt XVI : ils Ă©taient sĂ©rieux, sereins et priants Ă lâautel. Ils manifestaient une rĂ©vĂ©rence et une crainte de Dieu qui Ă©taient vĂ©ritablement Ă©difiantes.
Nous aussi devons Ă©difier notre peuple par notre profond recueillement dans la Sainte Liturgie. Si nous prions les textes liturgiques plutĂŽt que de les lire de maniĂšre superficielle, les gens participeront aux richesses quâils contiennent. Si nous nous donnons Ă ces rites liturgiques et y entrons vĂ©ritablement, tout comme le Christ sâest offert sur la Croix, les gens sauront que nous ne sommes pas de simples fonctionnaires accomplissant une tĂąche, mais des hommes de Dieu debout devant Lui dans lâĂ©merveillement, profondĂ©ment conscients du privilĂšge qui est le nĂŽtre. Telle est notre vocation ! Câest ainsi que Dieu nous appelle Ă ĂȘtre ! Câest ainsi que nous bĂątirons lâĂglise sur terre et conduirons les Ăąmes au salut !
Ăvidemment, Son Ăminence se trouve Ă Rome et non dans une paroisse animĂ©e Ă la maison, vous vous dites peut-ĂȘtre. Oui, câest facile Ă dire, mais pas si facile Ă rĂ©aliser. Je vous accorde que câest vrai. Mais, chers PĂšres, il sâagit avant tout dâune question de prioritĂ©s. Nous devons tous apprendre que nous ne pouvons pas faire tout ce qui nous est demandĂ©. Nous devons prioriser. Et en agissant ainsi, lâars celebrandi, lâintĂ©gritĂ© de notre cĂ©lĂ©bration de la Sainte Liturgie â qui est le fondement et la source de vie de notre sacerdoce â ne peut jamais ĂȘtre relĂ©guĂ©e au second plan.
Lâadoration de Dieu Tout-Puissant doit passer en premier, comme Dieu lâa clairement indiquĂ© Ă MoĂŻse dans les commandements du Mont SinaĂŻ (cf. Exode 20) et comme notre Seigneur lâa enseignĂ© concernant le plus grand commandement (cf. Mc 12,29). Toute autre activitĂ© pastorale dĂ©coule lĂ©gitimement de notre adoration de Dieu, mais elle ne doit pas lâempĂȘcher.
Mais lâobjection a une certaine validitĂ©. Ici Ă Rome, les cĂ©rĂ©monies sont bien organisĂ©es et il est assez facile de maintenir un recueillement appropriĂ© (gĂ©nĂ©ralement, mĂȘme les cardinaux peuvent parler trop dans les sacristies et pendant les concĂ©lĂ©brations !).
Je voudrais suggĂ©rer, PĂšres, que vous investissiez sĂ©rieusement dans ce recueillement dans vos paroisses et apostolats. Formez votre peuple Ă la nĂ©cessitĂ© du silence dans la sacristie et insistez pour cela. Que lâatmosphĂšre feutrĂ©e tĂ©moigne de lâimportance des mystĂšres sur le point dâĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©s. Et, dâune maniĂšre ou dâune autre, prenez le temps de vous prĂ©parer et de vous recueillir dans le silence â peut-ĂȘtre en priant les priĂšres de vĂȘture â et prenez le temps de former votre intention. Cela peut exiger un peu de discipline au dĂ©but, mais jâai utilisĂ© le mot « investir » intentionnellement.
RĂ©affirmer la sacralitĂ© de la liturgie en observant le silence avant de la cĂ©lĂ©brer ne fera pas seulement du bien Ă ceux qui nous entourent, mais cela offrira aussi Ă nos Ăąmes sacerdotales pressĂ©es un peu dâair. Cela nous permettra de pĂ©nĂ©trer plus intimement dans les mystĂšres que nous allons cĂ©lĂ©brer. Cela changera ce qui peut parfois sembler une routine en une expĂ©rience semblable Ă notre premiĂšre Messe. Cela vaut bien lâinvestissement.
Sacramentum Caritatis nous rappelle que la musique liturgique est un Ă©lĂ©ment intĂ©gral de lâars celebrandi. En considĂ©rant cela, BenoĂźt XVI rĂ©flĂ©chit de maniĂšre un peu ironique en disant que « concernant la liturgie, nous ne pouvons pas dire quâun chant vaut bien un autre » (n. 42). Comme il a raison ! Il y a encore beaucoup de travail Ă faire pour chanter la liturgie, et pas seulement chanter quelque chose pendant la liturgie.
Je suis conscient de combien cette responsabilitĂ© du prĂȘtre peut ĂȘtre difficile, particuliĂšrement quand il est nouvellement nommĂ© et rencontre des gens de bonne volontĂ© et enthousiastes mais mal formĂ©s en musique liturgique. Lorsque la beautĂ© et lâintĂ©gritĂ© sont confondues avec la prĂ©fĂ©rence personnelle et le goĂ»t individuel, cela peut mener Ă beaucoup de stress et mĂȘme Ă de profonds conflits.
PĂšres, je vous encourage Ă ne pas fuir cette confrontation nĂ©cessaire entre ce qui est laid et ce qui est beau, mais Ă y faire face avec beaucoup de charitĂ©, en fidĂ©litĂ© Ă la vĂ©ritĂ© et avec une grande patience. Nous ne souhaitons pas Ă©loigner les Ăąmes, mais nous devons trouver des moyens de les conduire Ă la dĂ©couverte de la beautĂ© de lâhĂ©ritage musical liturgique de lâĂglise, en particulier du chant grĂ©gorien, et de lâimportance et de la valeur des compositions liturgiques modernes qui « correspondent Ă la signification du mystĂšre cĂ©lĂ©brĂ©, Ă la structure du rite et aux saisons liturgiques » (Sacramentum Caritatis, 42). Dans le monde anglophone, beaucoup de bons travaux ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s pour fournir des ressources pour chanter la liturgie, et cela doit ĂȘtre encouragĂ©.
Pour apporter ma propre contribution Ă ce domaine, jâai travaillĂ© sur un livre, The Song of the Lamb: Sacred Music and the Heavenly Liturgy, avec Peter Carter, le jeune et zĂ©lĂ© directeur exĂ©cutif et fondateur du Catholic Sacred Music Project, dont jâai le privilĂšge dâĂȘtre le mĂ©cĂšne. Nous espĂ©rons quâil sera publiĂ© par Ignatius Press cette annĂ©e, et dans ce livre, jâessaie de rĂ©pondre Ă de nombreuses questions pratiques qui, je lâespĂšre, seront utiles aux prĂȘtres et aux musiciens pour restaurer une vĂ©ritable musique liturgique belle dans nos Ă©glises.
Je ne peux que vous encourager Ă faire de votre mieux dans ce domaine difficile, Ă investir dans un personnel laĂŻc bien formĂ© pour vous aider, surtout si vos propres dons musicaux ne sont pas exceptionnels, et Ă leur fournir les ressources dont ils ont besoin pour le faire. La musique sacrĂ©e nâest pas un supplĂ©ment optionnel, mais un Ă©lĂ©ment intĂ©gral de la beautĂ© de la Sainte Liturgie. Si nous nâacceptons pas la responsabilitĂ© qui est la nĂŽtre dans ce domaine, aussi difficile soit-elle, qui le fera ?
Il y a deux autres sujets spĂ©cifiques dont jâaimerais parler. Le premier est notre utilisation de lâoption de la concĂ©lĂ©bration. Je dis « option » dĂ©libĂ©rĂ©ment, car dans certaines rĂ©gions, concĂ©lĂ©brer chaque messe Ă laquelle un prĂȘtre participe est devenu presque obligatoire, et lâon peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme dĂ©loyal si on ne le fait pas. Pourtant, si lâon a dĂ©jĂ cĂ©lĂ©brĂ© la messe ce jour-lĂ , ou si lâon va le faire plus tard, il ne faut pas cĂ©lĂ©brer deux messes le mĂȘme jour en concĂ©lĂ©brant sans juste cause ou nĂ©cessitĂ© pastorale exigĂ©e par le Droit canon (cf. Canon 905 §1).
De toute Ă©vidence, lâĂ©vĂȘque est lâautoritĂ© compĂ©tente pour autoriser cela, et concĂ©lĂ©brer avec lâĂ©vĂȘque lui-mĂȘme a une grande valeur symbolique, en particulier lors dâoccasions telles que la messe chrismale de la Semaine Sainte, lors dâautres rassemblements avec lâĂ©vĂȘque, lors de retraites, etc. Il peut autoriser quelquâun Ă cĂ©lĂ©brer deux messes le mĂȘme jour en concĂ©lĂ©brant une messe pour juste cause, mais en vĂ©ritĂ©, il ne peut pas lâexiger. Aucun prĂȘtre ne peut ĂȘtre obligĂ© Ă concĂ©lĂ©brer la messe.
Il me semble que cette pratique est devenue trop exagĂ©rĂ©e, et nous devons devenir un peu plus « chastes », pour ainsi dire, en ce qui concerne la concĂ©lĂ©bration. Il y a trop dâexemples de prĂȘtres se comportant de maniĂšre inappropriĂ©e pendant une concĂ©lĂ©bration, comme sâils Ă©taient simplement lĂ , portant certains vĂȘtements sacerdotaux, mais nâĂ©taient pas concentrĂ©s sur lâoffrande du Saint Sacrifice de la Messe. Les bavardages inutiles, prendre des photos, les postures dĂ©contractĂ©es, etc., trahissent un manque dâintĂ©gritĂ© dans ce qui se passe. La concĂ©lĂ©bration peut ĂȘtre quelque chose de trĂšs beau, mais elle ne doit pas ĂȘtre abusĂ©e.
Il vaut Ă©galement la peine de rĂ©flĂ©chir au fait que, bien que certaines formes de concĂ©lĂ©bration des prĂȘtres avec lâĂ©vĂȘque existent dans lâhistoire liturgique (gĂ©nĂ©ralement cĂ©rĂ©moniellement, non sacramentellement), la concĂ©lĂ©bration des prĂȘtres avec des prĂȘtres en lâabsence de lâĂ©vĂȘque est une innovation totale. Ce nâest pas le lieu pour discuter des questions thĂ©ologiques et liturgiques impliquĂ©es, mais pour un approfondissement, je recommande la traduction anglaise du livre du PĂšre Joseph de Sainte-Marie, carmĂ©lite français, The Holy EucharistâThe Worldâs Salvation, publiĂ© par Gracewing Press en 2015. Ses rĂ©flexions nous aideront certainement Ă repenser de nombreuses pratiques liĂ©es Ă la concĂ©lĂ©bration.
Le deuxiĂšme domaine que jâaimerais aborder est notre priĂšre de lâOffice Divin. Notre principe que les rites liturgiques que nous cĂ©lĂ©brons doivent ĂȘtre exactement ce quâils sont censĂ©s ĂȘtre, et rien dâautre, sâapplique Ă©galement ici. Nos cĂ©lĂ©brations de lâOffice Divin doivent ĂȘtre de beaux moments dâadoration de Dieu, dâintime adoration de Lui â mĂȘme si, pour la plupart, nous devons prier les Heures seuls.
Ăvidemment, cela est bien plus facile pour les religieux monastiques et conventuels dont la vocation est de chanter lâOffice en chĆur. Cela nâest pas possible trĂšs souvent dans les paroissesâbien que je vous encourage Ă faire tout ce que vous pouvez pour cĂ©lĂ©brer lâOffice Divin avec le bon ars celebrandi avec votre peuple aussi souvent que vous le pouvez.
Ouvrez ce trĂ©sor Ă votre peuple et formez-le dans ses richesses, peut-ĂȘtre par le biais dâune initiative de CarĂȘme ou lors de grandes fĂȘtes. Dans certaines situations, il peut mĂȘme ĂȘtre pastorale de cĂ©lĂ©brer les VĂȘpres solennelles pour une occasion et non la Sainte Messe. Nous ne devons pas cĂ©lĂ©brer la Messe Ă chaque fois que nous nous rencontrons !
De mĂȘme, nos cĂ©lĂ©brations de lâOffice lors des retraites et des rassemblements de prĂȘtres doivent ĂȘtre riches et belles, avec cĂ©rĂ©monie et chant. Nous pouvons devenir trop habituĂ©s Ă sa seule rĂ©citation, oubliant quâil sâagit dâun rite liturgique Ă cĂ©lĂ©brer comme tout autre. De mĂȘme, bien que le brĂ©viaire nous permette de prier une heure en milieu de journĂ©e, lorsque nous le pouvons, nous ne devons pas oublier quâil y a trois heures du jour : Tierce, Sexte et None. LâĂglise nous a permis de prier lâune dâelles lorsque nous sommes occupĂ©s, mais le prĂȘtre est un homme de Dieu, pas un gestionnaire dâentreprise, et lorsque nous le pouvons â lors des retraites, si la maladie ou lâĂąge nous Ă©loigne des nombreuses exigences de lâapostolat actif, etc. â je recommande vivement de revenir Ă la belle tradition de prier ces trois heures du jour.
MĂȘme lorsque nous ne sommes plus en premiĂšre ligne du ministĂšre pastoral, pour ainsi dire, il est essentiel que notre Ćuvre de priĂšre pour lâĂglise et le monde continue. Câest une partie trĂšs belle de notre vocation : ĂȘtre debout devant Dieu, en Sa prĂ©sence, mĂȘme lorsque nous sommes vieux ou malades. Sinon, nous nous trompons nous-mĂȘmes et disons des mensonges Ă Dieu lorsque nous prions le Psaume 118:163-164 : « Seigneur, je hais et abhorre le mensonge, mais jâai Ta Loi. Sept fois par jour je Te loue pour Tes justes ordonnances. »
Nous pourrions continuer toute la soirĂ©e et discuter de nombreux autres problĂšmes connexes : lâintĂ©rioritĂ© nĂ©cessaire, la conduite et la tenue dignes du prĂȘtre, sa responsabilitĂ© de donner un bon exemple aux servants dâautel et aux vocations futures possibles, la valeur irremplaçable du beau geste de sâagenouiller dans la liturgie, la nĂ©cessitĂ© dâĂ©viter la tentation de cĂ©lĂ©brer les mariages et les funĂ©railles de maniĂšre superficielle, le besoin dâune bonne prĂ©dication, les dangers que lâutilisation des diffĂ©rents mĂ©dias peut poser pour lâintĂ©gritĂ© de la Sainte Liturgie, etc. Mais jâespĂšre quâĂ travers ce que jâai dit ci-dessus, les principes pertinents sont clairs. Si vous le souhaitez, nous pourrons parler un peu de certains de ces sujets plus tard.
De mĂȘme, je nâai pas abordĂ© ici la question de la formation liturgique des prĂȘtres â vous nâĂȘtes pas des sĂ©minaristes ! Mais câest une question trĂšs importante qui nĂ©cessite une considĂ©ration attentive. Si lâun de vous a la chance dâĂȘtre appelĂ© Ă ĂȘtre formateur au sĂ©minaire, je serais heureux de discuter davantage de ce sujet.
Conclusion En 2015, au dĂ©but de sa retraite, BenoĂźt XVI a Ă©crit une prĂ©face Ă lâĂ©dition russe de ses Ćuvres complĂštes sur la liturgie. Elle nous fournit une conclusion plus que pertinente Ă nos rĂ©flexions de ce soir :
Que rien ne soit prĂ©fĂ©rĂ© Ă la Sainte Liturgie. Par ces mots dans sa RĂšgle (43:3), saint BenoĂźt a Ă©tabli la prioritĂ© absolue de la Sainte Liturgie sur toute autre tĂąche de la vie monastique. Mais mĂȘme dans la vie monastique, cela nâa pas Ă©tĂ© immĂ©diatement pris en compte, car le travail agricole et intellectuel Ă©tait aussi une tĂąche essentielle pour les moines. Dans lâagriculture ainsi que dans les mĂ©tiers et le travail de formation, il pouvait y avoir des choses temporelles qui semblaient plus importantes que la liturgie. Dans ce contexte, BenoĂźt, en donnant la prioritĂ© Ă la liturgie, met sans ambiguĂŻtĂ© lâaccent sur la prioritĂ© de Dieu Lui-mĂȘme dans nos vies : « En entendant le signal pour une heure de lâOffice Divin, le moine mettra immĂ©diatement de cĂŽtĂ© ce quâil a en main, mais avec gravitĂ©. »
Dans la conscience des hommes dâaujourdâhui, les choses de Dieu, et donc de la liturgie, ne semblent pas du tout urgentes. Il y a une urgence Ă propos de tout ce qui est possible. Mais la question de Dieu ne semble pas urgente. On pourrait faire remarquer que la vie monastique est, de toute façon, quelque chose de diffĂ©rent de la vie des gens dans le monde, et cela est certainement correct. Pourtant, la prioritĂ© de Dieu, que nous avons oubliĂ©e, reste valable pour tout le monde. Si Dieu nâest plus important, les critĂšres pour Ă©tablir ce qui est important sont dĂ©placĂ©s. Les hommes, en mettant Dieu de cĂŽtĂ©, se soumettent aux contraintes qui les font devenir esclaves des forces matĂ©rielles et ainsi en dĂ©saccord avec leur dignitĂ©.
Dans les annĂ©es qui ont suivi le Concile Vatican II, je suis devenu Ă nouveau conscient de la prioritĂ© de Dieu et de la Sainte Liturgie. Le malentendu de la rĂ©forme liturgique, qui sâest largement rĂ©pandu dans lâĂglise catholique, a conduit Ă de plus en plus dâaccent sur les aspects de lâĂ©ducation et de lâactivitĂ© personnelle et crĂ©ative. Les actions des hommes ont presque effacĂ© la prĂ©sence de Dieu. Dans une telle situation, il est devenu de plus en plus Ă©vident que lâexistence de lâĂglise vit de la cĂ©lĂ©bration correcte de la liturgie et que lâĂglise est en danger lorsque la primautĂ© de Dieu nâapparaĂźt plus dans la liturgie, ni par consĂ©quent dans la vie.
La cause la plus profonde de la crise qui a bouleversĂ© lâĂglise rĂ©side dans lâobscurcissement de la prioritĂ© de Dieu dans la liturgie.
Tout cela mâa conduit Ă me consacrer davantage au thĂšme de la liturgie, car je savais que le vĂ©ritable renouvellement de la liturgie est une condition fondamentale pour le renouvellement de lâĂgliseâŠ
AprĂšs de nombreux efforts, mĂȘme en retraite, pour promouvoir ce renouvellement, le pape BenoĂźt est allĂ© recevoir sa rĂ©compense Ă©ternelle il y a un peu plus de deux ans. La tĂąche de ce renouvellement repose maintenant entiĂšrement sur nos Ă©paules, chers PĂšres, chacun de nous selon la mission qui nous a Ă©tĂ© donnĂ©e.
JâespĂšre que, si vous ne lâavez pas dĂ©jĂ fait, vous pourrez prier pour lui sur sa tombe Ă la basilique Saint-Pierre pendant votre sĂ©jour Ă Rome. Peut-ĂȘtre pourrons-nous aussi lui demander son aide dans la belle Ćuvre qui est la nĂŽtre, et dont lui-mĂȘme a Ă©tĂ© un phare.
Merci, chers PÚres. Que Dieu vous bénisse, bénisse vos familles et toutes les personnes que vous servez. »
Texte dit par le cardinal Sarah Ă lâoccasion de la troisiĂšme ConfĂ©rence Internationale du ClergĂ© Ă Rome.15 janvier 2025