Le blog du Temps de l'Immaculée.

Regain de Ferveur chez les Jeunes Catholiques

18/04/2025

Regain de Ferveur chez les Jeunes Catholiques

Fort de sa présence influente sur les réseaux sociaux, Frère Paul-Adrien d'Hardemare offre une perspective éclairée sur ce phénomène, ses causes possibles, son ampleur et les défis pastoraux qu'il soulève. Recension d'un entretien avec J.M. Guénois du Figaro.
Photo du Frère Paul-Adrien au sortir du pèlerinage de Chartres 2023

Le Frère Paul-Adrien met en évidence une augmentation notable de l'intérêt pour le carême, un phénomène observé d'abord en ligne puis se manifestant dans la fréquentation des offices.
Il souligne que les recherches Google sur le mot « carême » ont été multipliées par dix en dix ans, avec une explosion l'année dernière.
Ce regain d'intérêt a pris une ampleur nouvelle, devenant une tendance sur les réseaux sociaux, amplifiée par les algorithmes.

" En dix ans, les requêtes sur Google invoquant le mot « carême » ont été multipliées par dix." 

 

Plusieurs facteurs sont évoqués pour expliquer cette tendance, notamment les conversions d'adolescents, des raisons sociales, des crises existentielles et la crise du Covid-19.


Le Frère Paul-Adrien note que certains adoptent le carême pour des raisons moins spirituelles, comme une forme de compétition avec le Ramadan musulman.


Cependant, il insiste sur un changement profond dans le rapport à la foi, avec un retour des pratiques traditionnelles comme les pèlerinages, la dévotion aux reliques et le jeûne.


« Il y a beaucoup de facteurs, dont celui des conversions d’adolescents. On a vu, là aussi, il y a une quinzaine d’années, des signes précurseurs dans les écoles catholiques. La question est de savoir pourquoi ce mouvement s’accélère. Il y a des raisons sociales, des crises existentielles, la crise du Covid. [...] Ce que je trouve plus intéressant, c’est d’observer que le rapport à la foi est en train de changer. On le voit dans un autre genre, mais qui est lié, avec le retour des pratiques de pèlerinage, des pratiques de dévotion de reliques, le retour du jeûne. »

 

Le Frère Paul-Adrien perçoit le carême comme un moyen pour les jeunes, souvent éloignés de l'Église, de se reconnecter à la foi à travers des rites et pratiques simples.
Il parle d'un "système de cases à cocher" rassurant pour ces jeunes, servant de point de départ à une éducation à la liberté et à une catéchèse ecclésiale ultérieure.

 

L'expérience personnelle de Frère Paul-Adrien sur YouTube illustre l'ampleur de l'intérêt pour les réseaux sociaux, avec une moyenne de cinq demandes de baptême par jour pendant le carême et des centaines de milliers de vues quotidiennes pour ses directs.
Son équipe est débordée par le nombre de messages, soulignant la forte demande spirituelle.
Il met en lumière le rôle croissant des réseaux sociaux comme accompagnement spirituel efficace pour ceux qui demandent le baptême.

 

Selon le Frère Paul-Adrien, au-delà des facteurs socio-économiques, la question fondamentale est religieuse : les jeunes cherchent un sens à leur vie et attendent Dieu.
Ils aspirent à vivre une expérience religieuse, ressentent une grande solitude et souhaitent que l'Église les rende fiers de leur foi.
Il évoque également une quête d'héritage, de tradition et de réponses simples à leurs questions, ainsi qu'un désir de voir l'Église comme une seconde famille.

« On pourra dire tout ce que l’on voudra : situations de déclassement, recherche d’identité, climat anxiogène, mais la question fondamentale est religieuse ! Les gens ont besoin de savoir ce qu’ils font sur terre, ils cherchent un sens à leur vie et, la première chose qu’ils attendent, c’est Dieu ! À travers leur questionnement spirituel, ils veulent vivre une expérience religieuse. Vous savez, il y a aussi beaucoup de solitude… Beaucoup plus que ce qu’on pourrait imaginer. Beaucoup sont malheureux en France. Les gens attendent aussi que l’Église les rende fiers de leur foi avec un sentiment de fierté de croire en quelque chose. »

 

Le Frère Paul-Adrien observe sur les réseaux sociaux un déclin de l'athéisme militant, avec un intérêt croissant pour la religion, y compris le christianisme.
Il suggère que le "grand corps social, athée, militant" est en perte de vitesse et que la figure de Jésus est redevenue une réponse possible aux quêtes existentielles.


Par ailleurs, le Frère Paul-Adrien se dit étonné et perturbé de constater que les scandales d'abus sexuels dans l'Église ne semblent pas freiner cet élan de ferveur chez les jeunes.
Il avance l'hypothèse d'une forme de lassitude face à la répétition de ces sujets et d'une volonté des jeunes de ne pas laisser leur histoire être définie par les erreurs du passé.
Il note que ces abus ont décrédibilisé l'institution, mais pas nécessairement la religion au sens populaire.

 

Le prêtre souligne aussi la fragilité de cet élan, avec un taux potentiellement élevé d'abandon de l'Église par les nouveaux baptisés adultes après quelques années.
Il insiste sur l'urgence pastorale d'améliorer l'accueil des nouveaux catholiques, en particulier ceux issus des réseaux sociaux et sans tradition religieuse familiale.
Il appelle à développer des messes missionnaires et à considérer les influenceurs catholiques comme des collaborateurs précieux pour l'évangélisation.

Laissons lui la conclusion :

"Jésus-Christ n’a pas pris une ride et reste attractif, voire encore plus attractif aujourd’hui qu’il y a quelques années. Il existe, et son enseignement est magnifique. On a envie d’y croire. Je pense que c’est le grand atout de l’Église catholique. Mais, si on n’est pas capable d’accueillir ces jeunes, ils partiront ailleurs. Et ce sera sur un feu de paille. Ils partiront chez les protestants, ils partiront chez les musulmans. Il ne faut pas que la fenêtre qui est en train de s’ouvrir passe comme un courant d’air et se referme. L’accueil des nouveaux est une urgence pastorale. C’est comme cela que ce qui apparaît comme une « mode » pourra devenir un mouvement de fond. "