Le blog du Temps de l'Immaculée.
19/04/2025
Programme officiel de l’ostension 2025 et recension du livre de Jean-Christian Petitfils
Toute l'histoire de la Sainte Tunique est racontée au conditionnel sur Wikipedia ; On n'en retiendra ici qu'en l'an 800, l'impératrice de Byzance, Irène, "aurait" offert un coffret d'ivoire renfermant la relique comme cadeau diplomatique à Charlemagne lors de son sacre comme empereur d'Occident. Ce dernier "l'aurait" donnée en garde, lors d'une translation de relique probablement en 803, au monastère de l'Humilité-de-Notre-Dame d'Argenteuil, dont sa fille Théodrade était prieure.
Jean-Christian Petitfils, dans son ouvrage La Sainte Tunique d'Argenteuil paru Chez Taillendier, milite comme nous allons le voir en faveur de l'authenticité, même si l'Eglise reste à juste titre très prudente.
En effet, Petitfils, dans différents entretiens de promotion de son livre, affirme avoir rassemblé un "impressionnant faisceau d’indices concordants conduisant à considérer que cette tunique a bien été celle portée par Jésus sur le chemin de croix le 3 avril de l’an 33". Pour lui, "au vu du dossier, l’authenticité ne fait aucun doute."
L'analyse révèle une "chemise en laine de mouton non mérinos, tissée d’une seule pièce de haut en bas", caractéristique de la tunique de Jésus selon les Évangiles. La méthode de tissage est qualifiée d'"archaïque et artisanale", et les fils "fortement torsadés en Z" suggèrent une "origine syrienne très ancienne".
La tunique contient de "nombreux pollens de plantes originaires de Méditerranée orientale", cohérent avec une origine géographique proche de Jérusalem.
La tunique est "maculée de sang", ce qui est logique compte tenu de la flagellation et de la crucifixion subies par Jésus. Le Pr Lucotte a observé des "hématies (globules rouges)" présentant des signes d'"anémie grave, voire d’une ‘situation traumatique’", tels qu'une forme altérée, déchirée et une raréfaction de sels minéraux.
Petitfils souligne les similitudes avec le Suaire d'Oviedo et le Linceul de Turin : "même groupe sanguin AB (5 % de la population mondiale), pollens proche-orientaux semblables, taches de sang se recoupant." Il cite notamment le Pr André Marion qui a établi que "neuf taches de sang du dos de la tunique se retrouvent sur la face dorsale du Linceul." Pour Petitfils, ces reliques "semblent s’authentifier elles-mêmes".
L'historien rappelle que l'Évangile de Jean mentionne que la tunique de Jésus n'avait pas de couture et fut tirée au sort par les soldats romains, un détail qui correspond à la description de la tunique d'Argenteuil.
Points soulevés concernant les objections à l'authenticité :
Datation au carbone 14 : Petitfils reconnaît que "la double datation au carbone 14 a pourtant remis en cause cette estimation" avec des résultats "incompatibles" et une différence de 350 ans. Cependant, il relativise la fiabilité de cette méthode pour les linges, citant l'exemple du Linceul de Turin.
Contamination historique : Il explique que la tunique a été "enfouie à trois reprises", notamment durant la Terreur, où son contact avec "des matières organiques en décomposition" a pu fausser les résultats du carbone 14. Il mentionne également les thèses du Pr Lucotte et de Mme Van Oosterwyck-Gastuche concernant la présence de carbonate de calcium et les traitements chimiques qui auraient pu rajeunir les fibres.
Concernant la position de l'Eglise, Petitfils explique que "l’Église n’a pas pour mission d’affirmer si un objet est oui ou non une relique authentique ou une simple copie, mais d’annoncer la résurrection de Jésus, mort pour le salut de l’humanité." L'Église "célèbre la relique, son parcours historique, mais elle n’en fait pas un objet de foi."
En conclusion, bien que les datations au carbone 14 présentent des contradictions, Jean-Christian Petitfils, en tant qu'historien, considère le "faisceau d'indices concordants" issus de l'analyse du tissu, des pollens, des traces de sang et des correspondances avec d'autres reliques majeures comme des arguments solides en faveur de l'authenticité de la sainte tunique d'Argenteuil comme étant celle portée par Jésus sur le chemin de croix. Il souligne cependant que l'Église ne se prononce pas de manière dogmatique sur cette authenticité, privilégiant l'annonce du message pascal. Les ostensions de la relique continuent d'attirer de nombreux fidèles, témoignant de son importance spirituelle.