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L’abbé Barthe defend la Corédemption de la Sainte Vierge

15/04/2025

L’abbé Barthe defend la Corédemption de la Sainte Vierge

Un article de l’abbé Claude Barthe dans “Res Novae” du 5 avril 2025 (Défense de la doctrine de la Corédemption de la Sainte Vierge) explore en profondeur la doctrine catholique de la Corédemption de la Vierge Marie, selon laquelle Marie aurait coopéré d’une manière unique à la Rédemption accomplie par le Christ.

Bien que cette idée soit ancienne et soutenue par de nombreux saints, théologiens et papes, elle ne fut pas proclamée officiellement par le Concile Vatican II.

 

L’abbé Barthe explique que ce privilege de Marie implique deux aspects : la Corédemption (coopération aux souffrances rédemptrices du Christ sur terre) et la Médiation (distribution céleste des grâces). Cette coopération de Marie est unique car elle est Mère de Dieu (Theotokos), ce qui fonde une relation ontologique particulière avec le Christ. «Si le Christ, seul Prêtre, offre le sacrifice de son Sang, la participation subordonnée de la Mère de Dieu à cette offrande rédemptrice tient à ce que son Fiat a rendu possible la Rédemption, parce qu’elle a fourni la victime du sacrifice. En outre le Christ, qui a souffert toutes les sortes de la souffrance humaine (saint Thomas, Somme théologique, 3a, q 46, a 5), assume aussi la Compassion de sa Mère qui est d’une qualité absolument unique, maternelle. Bien entendu, les mérites de la contribution de Marie à notre salut ne sont pas, comme ceux du Christ, de condigno, de plein droit. Ils ne sauraient suffire par eux-mêmes à obtenir le salut, mais ils sont de congruo, de convenance, c’est-à-dire accordés par Dieu à la prière de la Bienheureuse Vierge».

 

Les fondements scripturaires et traditionnels que l’abbè Barthe expose sont la doctrine de saint Paul (Col 1,24) qui parle de la souffrance offerte pour le Corps du Christ, l’enseignement des Pères de l’Église, qui  ont souvent établi une typologie Ève-Marie où Marie devient la « nouvelle Ève », coopératrice du salut et le fait que dès le Moyen Âge, des théologiens affirment que Marie a offert son Fils en sacrifice avec lui, dans une communion de volonté et de souffrance.

 

Des voix modernes, comme l’abbé Michel Viot, qui a donné une émission de Radio-Courtoisie sur le thème : Marie Corédemptrice, une explication dogmatique superflue, estiment cette doctrine excessive ou inutile. «L’abbé Viot affirme de manière étonnante que saint Louis-Marie Grignion de Montfort enseignait une dévotion en quelque sorte faible, dans la mesure où la médiation de Marie ne serait aux termes du Traité qu’une médiation d’intercession, non d’acquisition et de dispensation de grâces, et de ce fait que l’on ne trouve pas de trace de la Corédemption dans son Traité de la Vraie Dévotion». «Saint Louis-Marie – replique l’abbé Barthe – appelle Marie ni plus ni moins que “la réparatrice du genre humain”. Il explique : “Telle est la volonté du Très-Haut, qui exalte les humbles, que le Ciel, la terre et les enfers plient, bon gré mal gré, aux commandements de l’humble Marie, qu’il a faite souveraine du ciel et de la terre, la générale de ses armées, la trésorière de ses trésors, la dispensatrice de ses grâces, l’ouvrière de ses grandes merveilles, la réparatrice du genre humain, la médiatrice des hommes, l’exterminatrice des ennemis de Dieu et la fidèle compagne de ses grandeurs et de ses triomphes” (Traité de la Vraie Dévotion, n. 29). Il dit aussi : “Le Fils de Dieu s’est fait homme pour notre salut, mais en Marie et par Marie” (n. 16). Et sa prière de consécration contient cette supplication: “Ô Mère admirable ! présentez-moi à votre cher Fils en qualité d’esclave éternel, afin que, m’ayant racheté par vous, il me reçoive par vous”» (n. 29).

 

Aussi certains théologiens influents comme Yves Congar ou René Laurentin ont combattu la doctrine de la corédemption, au nom de l’œcuménisme ou par peur d’exagération. Le père Yves Congar, par souci œcuménique, fut un des adversaires les plus virulents de ce qu’il nommait la « mariolâtrie » et qui constituait avec la « papolâtrie » un système qui, selon lui, empilait les dogmes et les condamnations et coupait le catholicisme de ses racines évangéliques.  L’abbé René Laurentin, avec le père Congar, a combattu la doctrine de la médiation de toutes grâces, et par là la corédemption lors du dernier Concile s’appuyant sur son ouvrage polémique, La question mariale (Seuil, Paris 1963), où il présentait le « maximalisme » du mouvement marial comme « un problème », qu’il qualifiait d’« excessif » et même de « pathologique ». 

 

«L’abbé Laurentin lutta pour que soit retiré le titre de Mater Ecclesiæ, pour que le texte De Beata Virgine soit intégré dans Lumen Gentium et ne constitue plus un texte à part, et pour que soit noyé le titre de Médiatrice au milieu d’une litanie de termes analogues. Jusqu’à la fin, devenu aussi maximaliste en apparitions mariales qu’il était minimaliste en doctrine mariale, il rejeta la corédemption et la médiation des grâces».

 

L’abbé Barthe confute leur positions en se fondant aussi sur des éminents auteurs comme les pères Jean-Hervé Nicolas, Jean Stern, Guillaume de Menthière, qui ont brillamment défendu l’idée d’une coopération spécifique et unique de Marie à l’œuvre du salut.

 

L’article conclut en liant la Royauté de Marie à celle du Christ : «N’est-il pas particulièrement opportun, en cette année où nous fêtons le centenaire de l’encyclique Quas primas de Pie XI sur la Royauté du Christ d’en rapprocher, comme le faisait Pie XII, la Royauté de Marie, liant ce pouvoir royal à son association à l’œuvre de la Rédemption et à sa dispensation des grâces sur les hommes, ses enfants ? Ne serait-il par ailleurs avantageux de développer la réflexion sur ce rapprochement de la Royauté du Christ et de la Royauté de Marie aux institutions humaines et spécialement aux nations ? Pour nous Français spécialement, dont le Christ, selon la fréquente affirmation de sainte Jeanne d’Arc est “Roi de France” laquelle reconnaît la Vierge Marie comme “Reine de France” depuis qu’en 1638 Louis XIII lui consacra son royaume en lui donnant ce titre. Que la Vierge Sainte obtienne par son intercession efficace le rachat de sa fille apostate ! »

 

L’abbé Barthe sera un des orateurs au colloque théologique sur la Co-rédemption de la Sainte Vierge: contribution au débat qui va se tenir à Paris, à la Maison internationale de la Cité Universitaire, les 23 et 24 mai prochains et dont les conférences tendront à relever le caractère traditionnel de cette doctrine. Le colloque, organisé par la Confrérie Marie Co-rédemptrice, sera consacré à la discussion et à la défense du lien indissoluble entre les quatre dogmes mariaux (Maternité Divine, Virginité Perpétuelle, Immaculée Conception, Assomption) et le mystère de la Co-rédemption de Marie, qui vient les couronner et les lier dans le Cœur Immaculé, indéfectiblement uni au Sacré Cœur du Christ. Participeront les abbés Gabriel Grodziski, Claude Barthe, Patrick Troadec et Manfred Hauke, le Professeur Roberto de Mattei, les Pères Jean-Christophe de Nadaï (o.p.) et Serafino M. Lanzetta (Franciscain Marial) ainsi que de S. E. Mgr Athanasius Schneider (pour le programme, voir: www.coredemptrice.net).

 


Veronica Rasponi
Corrispondenza Romana (Professeur de Mattei)