Le blog du Temps de l'Immaculée.

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Les martyrs chrétiens et nous

30/06/2025

Les martyrs chrétiens et nous


Certains furent enveloppĂ©s dans des peaux de bĂȘtes et dĂ©chiquetĂ©s par des chiens lors de spectacles publics, d'autres enduits de goudron et brĂ»lĂ©s vifs comme des torches humaines. Ce fut le dĂ©but d'une violence antichrĂ©tienne qui, malheureusement, a refait surface pĂ©riodiquement au cours des 2 000 derniĂšres annĂ©es et qui perdure encore aujourd'hui.

 

L’historien romain Tacite a dĂ©plorĂ© la mort des premiers martyrs – mais pas Ă  cause de l’inhumanitĂ© et de l’injustice :

 

Pour faire taire la rumeur [qu'il avait incendiĂ© Rome], [NĂ©ron] accusa faussement de culpabilitĂ© et punit par les tortures les plus atroces les personnes communĂ©ment appelĂ©es chrĂ©tiens, qui Ă©taient [gĂ©nĂ©ralement] haĂŻes pour leurs Ă©normitĂ©s. Christus, le fondateur de ce nom, fut mis Ă  mort comme criminel par Ponce Pilate, procurateur de JudĂ©e, sous le rĂšgne de TibĂšre. Mais la superstition pernicieuse [ prava superstitio ], un temps rĂ©primĂ©e, Ă©clata de nouveau, non seulement en JudĂ©e, d'oĂč le mal Ă©tait nĂ©, mais aussi dans la ville de Rome, oĂč tout ce qui est horrible et honteux afflue de toutes parts, comme vers un rĂ©ceptacle commun
 une immense multitude fut condamnĂ©e, non pas tant pour avoir incendiĂ© la ville, que pour « haine du genre humain ».

 

Et vous pensiez que c'est seulement depuis l'essor du « wokisme » que l'Église a Ă©tĂ© vilipendĂ©e pour « prĂȘcher la haine ». Ou que le christianisme a Ă©tĂ© accusĂ© d'ĂȘtre une superstition dĂ©pravĂ©e.

 

Le martyre prĂ©sente pourtant un paradoxe inattendu. Les premiers ennemis de la foi Ă  JĂ©rusalem pensaient sans doute que crucifier JĂ©sus mettrait fin Ă  sa vie et Ă  tout ce qu'il entreprenait. Il s'avĂ©ra que sa mort – et sa rĂ©surrection – contribuĂšrent encore davantage Ă  la diffusion de l'Évangile. Tacite remarquait que les persĂ©cutions et les martyrs suscitaient la sympathie du peuple, ce qui fit progresser la foi.

 

Tertullien, thĂ©ologien nord-africain du IIIe siĂšcle, a fait cette remarque cĂ©lĂšbre : le sang des martyrs Ă©tait la semence de l'Église. Ce n'est pas le cas pour ceux qui subissent des persĂ©cutions, ni pour les rares d'entre nous qui prĂȘtent attention Ă  ces choses. Mais c'est vrai.

 

Le Nigeria enregistre actuellement le plus grand nombre de victimes chrétiennes (5 000 par an) martyrisées par des musulmans. Il y a un peu plus d'une semaine , des musulmans ont forcé 200 chrétiens à entrer dans un bùtiment, qui a été incendié. La plupart ont péri dans les flammes, les autres ont été pris dans une embuscade alors qu'ils prenaient la fuite.

 

Pourtant, l’Église du Nigeria est celle qui connaüt la croissance la plus rapide de toute l’Afrique.

 

Malheureusement, jeudi dernier, un événement similaire s'est produit dans deux villages chrétiens de Cisjordanie, en Israël. Des extrémistes juifs, souvent qualifiés à tort de simples « colons », ont attaqué Taybeh et Kafir Malik, incendiant des maisons et causant la mort de trois chrétiens arabes.


Ce n'est pas la seule fois que les chrĂ©tiens d'IsraĂ«l se sont retrouvĂ©s attaquĂ©s. Une partie des Juifs ultra-orthodoxes israĂ©liens a fait preuve de prĂ©jugĂ©s persistants Ă  leur Ă©gard, crachant sur le clergĂ© et intimidant les personnes – gĂ©nĂ©ralement chrĂ©tiennes – qui travaillent ou voyagent le samedi, jour du sabbat juif. Des tombes et des lieux saints chrĂ©tiens ont Ă©tĂ© profanĂ©s. En 2012, les portes d'un monastĂšre trappiste ont Ă©tĂ© incendiĂ©es et les murs ont Ă©tĂ© taguĂ©s avec l'insulte « JĂ©sus Ă©tait un singe ».

 

Bien que clairement imputables Ă  des juifs extrĂ©mistes, il Ă©tait choquant qu'une telle situation puisse se produire en IsraĂ«l. Le Vatican a pris la dĂ©cision inhabituelle de publier une dĂ©claration officielle critiquant le gouvernement israĂ©lien pour son inaction face Ă  de telles expressions de haine. Le gardien de la Terre Sainte de l'Ă©poque, l'archevĂȘque (plus tard patriarche latin) Pierbattista Pizzaballa, a dĂ©clarĂ© : « Le temps est venu pour les autoritĂ©s d'agir pour mettre fin Ă  cette violence insensĂ©e et d'assurer un enseignement du respect dans les Ă©coles pour tous ceux qui considĂšrent cette terre comme leur foyer. »

 

Plus de 150 agressions antichrétiennes similaires ont été signalées en Israël au cours de la derniÚre décennie.

 

Et des violences similaires contre les chrĂ©tiens sont perpĂ©trĂ©es de nos jours par les hindous et mĂȘme les bouddhistes.

 

Pourtant, la plupart des violences antichrĂ©tiennes de ces derniĂšres annĂ©es dĂ©coulent d'un affrontement inĂ©vitable entre christianisme et islam, comme je l'ai dĂ©montrĂ© dans mon dernier livre, Les Martyrs du Nouveau MillĂ©naire . En Occident, nous croyons Ă  la libertĂ© religieuse et au pluralisme. Il est donc difficile d'affirmer que les musulmans ou les membres de toute autre religion – qui, individuellement, sont gĂ©nĂ©ralement des membres pacifiques de la sociĂ©tĂ© – peuvent eux aussi ĂȘtre violents, prĂ©cisĂ©ment pour des motifs religieux, mĂȘme si nous n'hĂ©sitons pas Ă  le faire Ă  propos de notre propre passĂ© chrĂ©tien.

 

Lorsque les « extrĂ©mistes » appellent Ă  l'instauration d'un califat mondial, ils le pensent vraiment. Et cela trouve un Ă©cho mĂȘme parmi les musulmans qui, en raison des origines de l'islam, pourraient ne pas ĂȘtre enclins Ă  prendre les armes.

 

Beaucoup d'entre nous, dans notre amnĂ©sie historique, pensent que les croisades, par exemple, justifiables Ă  leur Ă©poque, sont une tache profonde sur notre histoire. ParallĂšlement, nous ignorons le militantisme de l'islam, qui s'est rapidement rĂ©pandu, non par l'Ă©vangĂ©lisation, mais par la conquĂȘte au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, et mĂȘme en Sicile et dans la pĂ©ninsule IbĂ©rique – jusqu'Ă  ce qu'il soit stoppĂ© par la contre-attaque chrĂ©tienne. Pour ceux qui connaissent l'histoire, les victoires chrĂ©tiennes de Tours, Poitiers, LĂ©pante et Vienne sont les jalons de la prĂ©servation du christianisme en Europe malgrĂ© la « religion de paix ».

 

La nervositĂ© actuelle dans plusieurs pays europĂ©ens qui ont accueilli un grand nombre d'immigrants musulmans illĂ©gaux est un exemple rĂ©cent d'un problĂšme similaire. Alors mĂȘme que les dirigeants laĂŻcs et religieux exhortent les pays d'accueil Ă  Ɠuvrer Ă  l'intĂ©gration de ces nouveaux arrivants, il apparaĂźt de plus en plus clairement que nombre d'entre eux ne s'y intĂ©ressent pas et, au contraire, nourrissent du ressentiment envers les cultures dominantes, voire parfois mĂȘme l'intention de les remplacer. Cela n'augure rien de bon, pour personne.

 

La rĂ©ponse Ă  ces problĂšmes en Europe et dans d'autres pays occidentaux, dont les États-Unis, est entravĂ©e par la prĂ©dication de la supĂ©rioritĂ© de l'Autre – principalement sur les campus et dans les mĂ©dias – et par la haine du passĂ© chrĂ©tien. En raison des rĂ©cents troubles au Moyen-Orient, nos mĂ©dias sont contraints de signaler de temps Ă  autre que les Iraniens et les Palestiniens scandent bel et bien « mort Ă  IsraĂ«l » et « mort Ă  l'AmĂ©rique ». Ils ne manquent pas de sympathisants de ce point de vue en Europe et mĂȘme aux États-Unis.

 

Les chrĂ©tiens du monde entier doivent ĂȘtre vigilants et combattre ces courants, oĂč qu'ils apparaissent. Et ils sont de plus en plus frĂ©quents. Il est naĂŻf et moralement rĂ©prĂ©hensible de ne rien faire en croyant ĂȘtre Ă  l'abri de cette histoire violente et bien documentĂ©e.

 

 

Robert Royal, dans The Catholic thing
Image : Les Martyrs des Catacombes  de Jules EugĂšne Lenepveu, 1856 [Louvre, Paris]

Une étrange paroissienne

29/06/2025

Une étrange paroissienne

Voici cet éditorial de Jean-Pierre Maugendre :

 

Le grand public a dĂ©couvert avec un certain Ă©tonnement que la nouvelle prĂ©sidente des Scouts et Guides De France, Marine Rosset, Ă©tait une Ă©lue socialiste, partisane de la dĂ©fense des « droits des femmes, le droit Ă  avorter », lesbienne assumĂ©e et mĂšre d’un petit garçon. Rappelons que l’association des SGDF, qui rassemble 100 000 jeunes, est une Ɠuvre dite d’Eglise qui a pignon sur rue dans toutes les paroisses de France et qui bĂ©nĂ©ficie donc de subventions directes ou indirectes (mise Ă  disposition de locaux) de la part des paroisses, des diocĂšses et de la ConfĂ©rence des EvĂȘques de France (CEF). L’aumĂŽnier gĂ©nĂ©ral le pĂšre Xavier de VerchĂšre, un religieux salĂ©sien, s’est dĂ©solidarisĂ© du rĂ©sultat de ce vote : « Je ne m’associe pas Ă  ce choix » a-t-il dĂ©clarĂ©.

 

 N’est-ce pas un peu court ?

 

Une étrange paroissienne
En effet, Marine Rosset Ă©tait depuis 2022 vice-prĂ©sidente de l’association. C’est donc munie de cette prĂ©cieuse qualitĂ©, qu’elle a pu ĂȘtre candidate aux Ă©lections lĂ©gislatives de juin 2024 sous l’étiquette du Nouveau Front Populaire. Dans le silence assourdissant des autoritĂ©s de tutelle de l’association. Notons, en outre, que cette Ă©lection bĂ©nĂ©ficie du soutien massif de l’institution puisque madame Rosset a obtenu 22 voix des 24 votants. Il ne s’agit pas d’un accident de parcours mais du ralliement massif et public de cette association de jeunesse Ă  l’idĂ©ologie woke. En clair, le Conseil d’Administration des SGDF, patronnĂ© par les Ă©vĂȘques de France, considĂšre qu’il est tout Ă  fait possible et lĂ©gitime d’ĂȘtre « en mĂȘme temps » catholique, homosexuelle, favorable Ă  l’avortement, Ă  la PMA et, probablement, Ă  la GPA.

 

Et la communion dans tout ça ?
Il est curieux d’observer qu’à cette occasion aucune autoritĂ© ecclĂ©siastique, Ă  commencer par l’évĂȘque accompagnateur des mouvements scouts Ă  la ConfĂ©rence des EvĂȘques de France, Mgr Bozzo, Ă©vĂȘque de Limoges, ne s’est exprimĂ©e sur la rupture de communion que semblerait pourtant lĂ©gitimement constituer ces prises de positions publiques parfaitement hĂ©tĂ©rodoxes. Serait-on toujours en communion avec l’Eglise en Ă©tant partisan de l’avortement et de la PMA, mais en rupture de communion quand on a le malheur d’ĂȘtre attachĂ© aux pĂ©dagogies traditionnelles de la foi ? Car les faits sont lĂ  : une association dont la direction assume des positions largement hĂ©tĂ©rodoxes au regard de l’enseignement moral de l’Eglise est toujours rĂ©putĂ©e catholique avec les avantages sociaux, psychologique et financiers associĂ©s Ă  cet Ă©tat alors que, dans le mĂȘme temps, vouloir enseigner ou suivre le catĂ©chisme de saint Pie X ou vouloir ĂȘtre baptisĂ© selon le rituel antĂ©rieur Ă  la rĂ©forme liturgique serait un signe manifeste de « rupture de la communion ». En effet, pendant que les Scouts et Guides de France poursuivent leur descente aux enfers, doctrinale et intellectuelle, sous la paternelle et bienveillante houlette des Ă©vĂȘques de France, ceux-ci mĂšnent massivement, hormis quelques exceptions notables, une  forme de harcĂšlement ecclĂ©siastique continu et systĂ©matique contre les prĂȘtres et les fidĂšles attachĂ©s Ă  la tradition liturgique de l’Eglise : interdiction de mariages ou de confirmations avec cĂ©lĂ©bration de la messe traditionnelle, obligations de s’associer aux catĂ©chismes recyclĂ©s, remplacement de prĂȘtres Ecclesia Dei par des prĂȘtres diocĂ©sains acquis aux mĂ©thodes pastorales post conciliaires, etc. Dernier Ă©pisode en date : les chiffres officiels des ordinations sacerdotales en France, en 2025, ne prennent pas en compte les prĂȘtres français ordonnĂ©s dans des communautĂ©s traditionnelles mĂȘme en situation rĂ©guliĂšre avec Rome. Incidemment, nous nous permettons de signaler Ă  la direction de la communication de la CEF que traditionaliste ou traditionalisme s’écrit avec un seul « N » mĂȘme si traditionnel s’écrit avec deux « N ». C’est curieux mais c’est ainsi !

 

Nous nous en doutions mais maintenant nous le savons : les envolĂ©es Ă©piscopales plus ou moins lyriques ou comminatoires sur la communion qui serait plus ou moins pleine, ou vide !  ne sont que des prĂ©textes. D’ailleurs on aurait trĂšs prosaĂŻquement envie de dire que la communion c’est comme le mariage : on est ou on n’est pas mariĂ©. Point final. On n’est pas plus ou moins pleinement marié  Il en est de mĂȘme pour la communion. On est ou on n’est pas catholique et donc en communion avec la foi et la hiĂ©rarchie de l’Eglise, dans la limite de ses attributions. Point final, terminĂ©. L’appel Ă  la pleine communion se rĂ©vĂšle, en rĂ©alitĂ©, trop souvent ĂȘtre une arme par destination afin de briser les rĂ©sistances de ceux que n’enthousiasment guĂšre les nouveautĂ©s conciliaires et post conciliaires.

 

Et l’avenir ?
Ayant pris bonne note des rĂ©serves du pĂšre de VerchĂšre que va-t-il dĂ©sormais se passer ? A priori rien. Les Ă©vĂȘques de France ont depuis longtemps dans leur ADN de ne rien faire qui puisse manifester une opposition, autre que verbale, aux courants dominants du libertarisme contemporain. Comme pour la constitutionnalisation de l’avortement ou le vote de la loi sur le suicide assistĂ©, un communiquĂ© finira par ĂȘtre publiĂ© dans lequel nos pasteurs se dĂ©clareront « vigilants et inquiets ». Le sel de la terre est devenu le sucre de la planĂšte, verte bien sĂ»r. TrĂšs concrĂštement aprĂšs nĂ©gociations discrĂštes puis admonestations publiques les Ă©vĂȘques de France pourraient retirer le label catholique Ă  l’association des SGDF ce qui signifierait : retrait des aumĂŽneries, cessation des annonces dans les lieux de culte, suppression des locaux mis Ă  disposition, arrĂȘt des subventions, etc. Tout cela a bien Ă©tĂ© pratiquĂ© Ă  l’encontre de tous ceux qui ne souhaitaient que vivre paisiblement leur foi dans la fidĂ©litĂ© aux mĂ©thodes et aux pratiques qui avaient fait leurs preuves pendant des siĂšcles.

 

Au fond un des drames majeurs de notre temps n’est-il pas que cela fait bien des siĂšcles que l’Eglise de France n’a pas comptĂ© en son sein de saints Ă©vĂȘques, du moins reconnus comme tels par l’Eglise et ainsi proposĂ©s en modĂšles Ă  leurs confrĂšres et au peuple fidĂšle. Sans doute est-il un peu abusif de chercher Ă  rĂ©cupĂ©rer Saint François de Sales (1567-1622) qui Ă©tait savoyard et Ă©vĂȘque de
 GenĂšve. On notera cependant l’existence des bienheureux Alain de Solminihac (1593-1659), Ă©vĂȘque de Cahors, Pierre-Louis de la Rochefoucauld (1744-1792) Ă©vĂȘque de Saintes, martyr et bienheureux, assassinĂ© le 2 septembre Ă  la prison des Carmes, François-Joseph de la Rochefoucauld (1736-1792), Ă©vĂȘque de Beauvais, martyr et bienheureux, lui aussi assassinĂ© Ă  la prison des Carmes. C’était il y a bien longtemps ! Le fait est lĂ , incontestable : ces derniers siĂšcles la France a donnĂ© Ă  l’Eglise de saints prĂȘtres (le curĂ© d’Ars), de saints religieux (le pĂšre de Foucauld) de saintes religieuses (ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus), de saints laĂŻcs (les Ă©poux Martin). Mais point d’évĂȘques portĂ©s sur les autels.

 

Mon Dieu donnez-nous de saints Ă©vĂȘques animĂ©s d’un zĂšle ardent pour votre gloire et le salut des Ăąmes, vĂ©ritables pasteurs de leurs troupeaux respectifs, et prĂ©servez-vous des fonctionnaires ecclĂ©siastiques, simples courroies de transmission de la CEF, imprĂ©gnĂ©s de l’esprit du monde, Ă  l’esprit dur et au cƓur sec !

                                                                                                          Jean-Pierre Maugendre

Hiroshima, Nagasaki et le Message de Fatima

28/06/2025

Hiroshima, Nagasaki et le Message de Fatima

Il y a quatre-vingts ans, la Seconde Guerre mondiale prenait fin. AprĂšs la capitulation de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945, les États-Unis Ă©taient toujours en guerre avec le Japon. Le matin du 6 aoĂ»t 1945, Ă  8 h 15, l’armĂ©e de l’air amĂ©ricaine a larguĂ© une bombe atomique sur la ville japonaise d’Hiroshima. Trois jours plus tard, le 9 aoĂ»t, une autre bombe a explosĂ© au-dessus de Nagasaki. Les deux villes ont Ă©tĂ© rĂ©duites Ă  l’état de dĂ©combres. Le nombre total de victimes a Ă©tĂ© estimĂ© Ă  environ 200 000, presque exclusivement des civils. Le 14 aoĂ»t, l’empereur Hiro Hito accepta la reddition inconditionnelle du Japon.

 

Les autoritĂ©s politiques et militaires des États-Unis ont affirmĂ© que ce massacre avait servi Ă  abrĂ©ger le conflit, Ă©pargnant la vie d’un grand nombre de soldats amĂ©ricains et japonais, qui seraient morts si les opĂ©rations militaires avaient Ă©tĂ© prolongĂ©es. Pourtant, il aurait suffi de faire exploser la bombe exclusivement sur une cible militaire, pour dĂ©montrer la puissance de la bombe de maniĂšre spectaculaire sans massacrer autant d’innocents.

 

L’article 25 de la Convention de La Haye de 1907 sur les lois et coutumes de la guerre, en vigueur Ă  l’époque, stipulait : « Il est interdit d’attaquer ou de bombarder, par quelque moyen que ce soit, les villes, villages, habitations ou Ă©difices qui ne sont pas dĂ©fendus. » Mais ces rĂšgles avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© violĂ©es par les deux camps des belligĂ©rants, rendant immorales de nombreuses actions de guerre de la Seconde Guerre mondiale.

 

La bombe atomique Ă©tait, et reste, l’engin le plus dĂ©vastateur que l’esprit humain puisse concevoir.

 

Les ogives nuclĂ©aires d’Hiroshima et de Nagasaki Ă©taient respectivement de 15 et 20 kilotonnes. Les bombes d’aujourd’hui (amĂ©ricaines, russes et chinoises) sont 5 Ă  10 fois plus puissantes si elles sont utilisĂ©es comme armes tactiques, tandis que les bombes stratĂ©giques peuvent ĂȘtre des dizaines ou des centaines de fois plus puissantes.

 

Pourtant, selon la doctrine catholique, aussi terrible soit-elle, la bombe nuclĂ©aire est moins grave qu’un seul pĂ©chĂ© grave. La raison, comme l’explique saint Thomas d’Aquin, est que « le pĂ©chĂ© mortel est un mal immense, selon son espĂšce ; il surmonte tous les dommages corporels, mĂȘme la corruption de tout l’univers matĂ©riel » (Summa Theologiae, Ia-IIae, q. 73, a. 8, ad 3).

 

Le mal physique peut aussi jouer un rĂŽle dans la Divine Providence et servir un plus grand bien, mais un pĂ©chĂ© mortel est pire que tous les maux physiques de l’univers rĂ©unis, parce que c’est une offense directe et volontaire contre Dieu, qui cause la perte Ă©ternelle de l’ñme, et le bien de l’ñme est infiniment plus grand que celui du corps (Summa Theologiae, IIa-IIae, q. 26, a. 3).

 

À Hiroshima, comme Ă  Nagasaki, cependant, certains Ă©pisodes se sont produits qui nous rappellent que l’amour de Dieu est plus fort que la mort et peut nous protĂ©ger de tout mal.

 

Hiroshima


À Hiroshima, en 1945, il y avait une petite communautĂ© de pĂšres jĂ©suites allemands, qui vivaient dans la maison paroissiale de l’église de Notre-Dame de l’Assomption, Ă  seulement huit pĂątĂ©s de maisons de l’épicentre de l’explosion de la bombe nuclĂ©aire.

 

L’un de ces jĂ©suites, le pĂšre Hubert Schiffer (1915-1982), raconte que la messe venait d’ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©e et qu’ils Ă©taient allĂ©s prendre leur petit-dĂ©jeuner, lorsque la bombe est tombĂ©e : « Soudain, une explosion terrifiante a rempli l’air comme une tempĂȘte de feu. Une force invisible m’a fait sortir de ma chaise, m’a projetĂ© dans les airs, m’a fait virevolter comme une feuille dans un coup de vent d’automne. »

 

Pendant toute une journĂ©e, les quatre jĂ©suites ont Ă©tĂ© enveloppĂ©s dans un enfer de feu, de fumĂ©e et de nuages toxiques, mais aucun d’entre eux n’a Ă©tĂ© contaminĂ© par les radiations, et leur paroisse est restĂ©e debout, tandis que toutes les autres maisons environnantes ont Ă©tĂ© dĂ©truites et aucune n’a survĂ©cu. Lorsque les religieux ont Ă©tĂ© secourus, les mĂ©decins ont notĂ© avec stupĂ©faction que leurs corps semblaient immunisĂ©s contre les radiations ou tout effet nĂ©faste de l’explosion.

 

Le pĂšre Schiffer, qui a vĂ©cu encore 37 ans en bonne santĂ©, a participĂ© au CongrĂšs eucharistique qui s’est tenu Ă  Philadelphie en 1976. À cette date, tous les membres de la communautĂ© d’Hiroshima Ă©taient encore en vie. Depuis le jour oĂč les bombes sont tombĂ©es, les jĂ©suites survivants ont Ă©tĂ© examinĂ©s plus de 200 fois par les scientifiques, sans parvenir Ă  aucune conclusion, si ce n’est que leur survie Ă  l’explosion Ă©tait un Ă©vĂ©nement inexplicable pour la science humaine.

 

Les jĂ©suites attribuaient leur salut Ă  Notre-Dame de Fatima, qu’ils vĂ©nĂ©raient, rĂ©citant le chapelet tous les jours. « En tant que missionnaires, nous voulions vivre le message de Notre-Dame de FĂĄtima dans notre pays et c’est pourquoi nous priions le chapelet tous les jours », a attestĂ© le PĂšre Schiffer.

 

Nagasaki


Un miracle similaire s’est Ă©galement produit Ă  Nagasaki. Dans cette ville, il y avait le couvent franciscain « Mugenzai no Sono » (Jardin de l’ImmaculĂ©e Conception), fondĂ© par saint Maximilien Kolbe. Avec l’explosion de la bombe atomique, ce couvent est Ă©galement restĂ© indemne comme cela s’est produit Ă  Hiroshima avec la maison des JĂ©suites. Les franciscains de Nagasaki vĂ©nĂ©raient l’ImmaculĂ©e Conception et diffusaient le message de Fatima. Le PĂšre Kolbe, l’apĂŽtre de l’ImmaculĂ©e Conception, Ă©tait dĂ©cĂ©dĂ© le 14 aoĂ»t 1941 Ă  Auschwitz.

 

Ces Ă©pisodes confirment une grande vĂ©ritĂ© : il ne faut pas avoir peur de la bombe nuclĂ©aire, mais du dĂ©sordre moral qui afflige l’humanitĂ©. Le pĂ©chĂ© est la seule raison des maux physiques qui nous inondent car, comme le dit saint Paul, c’est par le pĂ©chĂ© que la souffrance et la mort sont entrĂ©es dans le monde (Rm 5, 12). Mais la priĂšre vainc le mal et Notre-Dame de Fatima a enseignĂ© que l’arme par excellence du combattant chrĂ©tien est le Saint Rosaire.

 

Dans une interview du 26 dĂ©cembre 1957 avec le pĂšre Augustin Fuentes, SƓur Lucie, l’une des voyantes de Fatima, a dit :

« Le chĂątiment du Ciel est imminent. (
) Dieu a dĂ©cidĂ© de donner au monde les deux derniers remĂšdes contre le mal, qui sont le Rosaire et la dĂ©votion au CƓur ImmaculĂ© de Marie. Il n’y en aura pas d’autres (
). Il n’y a pas de problĂšme, mĂȘme difficile, de nature matĂ©rielle ou surtout spirituelle, dans la vie privĂ©e de chacun de nous ou dans la vie des peuples et des nations, qui ne puisse ĂȘtre rĂ©solu par la priĂšre du Saint Rosaire. »

Il est donc vrai que la priĂšre du Rosaire est plus forte que la bombe atomique.

 

 

Roberto de Mattei (chronique de Radio Maria du 23 juin 2025) Via l'Homme Nouveau

La France, Fille AĂźnĂ©e de l'Église : Un Statut Historique Immuable

28/06/2025

La France, Fille AĂźnĂ©e de l'Église : Un Statut Historique Immuable

L'auteur de cet article affirme avec force que la France, qu'elle le veuille ou non, demeure la "fille aĂźnĂ©e de l'Église". Ce titre est une rĂ©alitĂ© historique et thĂ©ologique sur laquelle on ne peut revenir. Il s'appuie sur plusieurs faits marquants pour Ă©tayer son propos :

 

Le baptĂȘme de Clovis (496 aprĂšs J.C.) : L'auteur souligne que Clovis fut le premier roi barbare Ă  ĂȘtre baptisĂ© dans la foi catholique aprĂšs la chute de l'Empire romain d'Occident, marquant ainsi la naissance de la nation française "dans un baptistĂšre".

PĂ©pin le Bref et les États Pontificaux (754 aprĂšs J.C.) : PĂ©pin le Bref, en permettant la crĂ©ation des États pontificaux, a obtenu du pape Étienne II les titres de "fils aĂźnĂ©" et de "propagator ac defensor christianae religionis", titres transmis aux rois de France pendant onze siĂšcles.

Les rois de France, "monarques davidiques" : Les monarques français se concevaient comme des successeurs des rois d'Israël, assermentés à la loi de Dieu lors de leur sacre.

La défense de la Papauté : Les rois de France, depuis Clovis, se sont fait un devoir de défendre le Pape contre ses ennemis, comme Saint Louis protégeant Grégoire IX.

La vocation missionnaire de la France : La France est prĂ©sentĂ©e comme la premiĂšre nation missionnaire, initiatrice des croisades et source de 80% des religieuses missionnaires en 1900. Jean XXIII aurait mĂȘme dit : "l’Italie, c’est saint Pierre ; la France, c’est saint Paul".

 

Ces arguments historiques ont conduit des figures comme Lacordaire Ă  affirmer, en 1841, que la France restait la fille aĂźnĂ©e de l'Église, la papautĂ© ayant dit Ă  la France : "Tu es ma fille aĂźnĂ©e".

 

La "Fille Prodigue" et l'Espoir d'un "Petit Reste"


L'auteur reconnaßt que la France, bien que "fille aßnée", a pu ressembler à une "fille prodigue", s'étant éloignée de ses racines chrétiennes et ayant dilapidé son héritage spirituel. Il compare cette situation à celle de l'Ancien Israël aprÚs le roi Salomon, tombé dans l'idolùtrie.

 

Cependant, FrĂ©dĂ©ric Guillaud est confiant en une renaissance grĂące Ă  un "petit reste". S'inspirant des prophĂštes de l'Ancien Testament (IsaĂŻe, ÉzĂ©chiel, MichĂ©e, Sophonie), il voit en France l'Ă©mergence d'un noyau de jeunes catholiques engagĂ©s. Ces jeunes "refleurissent les calvaires", "retapent les chapelles", "font renaĂźtre l'apologĂ©tique", et "protestent contre les lois contraires au DĂ©calogue".

 

Il note également la présence de séminaristes venus du monde entier pour connaßtre la Tradition latine en France :

"Allez savoir pourquoi, ils croient que dans ce pays abĂźmĂ© par tant de folies rĂ©volutionnaires, dĂ©christianisĂ©, dĂ©culturĂ©, humiliĂ©, coupĂ© de ses racines, dĂ©capitĂ©, il existe quelque chose d’immortel, d’increvable, d’électif, la furia francese, mais dans l’ordre de la foi, qui viendra faire renaĂźtre ce roi et cette patrie, « les plus beaux qu’on ait vus sous le ciel, la France de Mesdames Marie, Jeanne d’Arc et ThĂ©rĂšse et Monsieur Saint Michel » !"

 

 

Ce "petit reste", bien que modeste, est présenté comme un pÎle de résistance et de renaissance, porteur de l'espoir que la France retrouve sa "vocation chrétienne".

 

Sursum Corda !

Fatima face à l’apostasie contemporaine

28/06/2025

Fatima face à l’apostasie contemporaine

Le Secret ou Message parle de l’apostasie pratique de notre temps, c’est-Ă -dire de l’éloignement du Christ par de nombreux membres de l’Église, ainsi que de la violence et de la mort qui en sont le fruit. Beaucoup, mĂȘme s’ils n’épousent pas directement des enseignements hĂ©rĂ©tiques, rejettent en pratique la vĂ©ritĂ© et l’amour qui coulent sans cesse et incommensurablement du CƓur glorieux et transpercĂ© de JĂ©sus Ă  travers le CƓur ImmaculĂ© de Marie. Au lieu de cela, ils embrassent la confusion, les mensonges et la violence de la culture contemporaine. Leur vie contredit les vĂ©ritĂ©s les plus fondamentales de la foi.

 

La troisiĂšme partie du Secret ou Message dĂ©crit le martyre de ceux qui restent fidĂšles Ă  Notre Seigneur, ceux qui ont un seul cƓur, dans le CƓur ImmaculĂ© de Notre Dame, avec Son CƓur TrĂšs SacrĂ©. La servante de Dieu Lucie Ă©crit que sous les deux bras d’une « grande croix faite de troncs grossiĂšrement taillĂ©s comme un arbre Ă  liĂšge avec l’écorce
 il y avait deux Anges tenant chacun Ă  la main un vase de cristal, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs et en aspergeaient les Ăąmes qui s’acheminaient vers Dieu ». Comme il ressort clairement du message de la Vierge, seule la foi, qui place l’homme dans la relation d’unitĂ© de cƓur avec le SacrĂ©-CƓur de JĂ©sus, par la mĂ©diation de son CƓur ImmaculĂ©, peut sauver l’homme des chĂątiments que la rĂ©bellion contre Dieu entraĂźne nĂ©cessairement sur ses auteurs et sur l’ensemble de la sociĂ©tĂ©. Il est Ă©galement clair que vivre la foi dans une culture totalement sĂ©cularisĂ©e signifie ĂȘtre prĂȘt Ă  accepter le ridicule, l’incomprĂ©hension, la persĂ©cution, l’exil et mĂȘme la mort, afin de rester un avec le Christ dans l’Église sous la protection maternelle de la Bienheureuse Vierge Marie. Par l’appel Ă  la rĂ©paration et Ă  la pĂ©nitence, la Vierge Marie montre le chemin du salut pour Ă©viter la mort Ă©ternelle, fruit du pĂ©chĂ© mortel.

La PriÚre de Consécration au Sacré-Coeur de Jésus de Sainte Marguerite-Marie

27/06/2025

La PriÚre de Consécration au Sacré-Coeur de Jésus de Sainte Marguerite-Marie

« Moi, PrĂ©nom



, je donne et consacre au SacrĂ©-CƓur de Notre Seigneur JĂ©sus-Christ, ma personne et ma vie, mes actions, peines et souffrances pour ne plus me servir d’aucune partie de mon ĂȘtre que pour L’aimer, L’honorer et Le glorifier.

C’est ici ma volontĂ© irrĂ©vocable d’ĂȘtre tout Ă  Lui et de faire tout pour son Amour, en renonçant de tout mon cƓur Ă  tout ce qui pourrait Lui dĂ©plaire.

Je Vous prends donc, ĂŽ CƓur SacrĂ©, pour l’unique objet de mon amour, le Protecteur de ma vie, l’Assurance de mon salut, le RemĂšde Ă  mon inconstance, le RĂ©parateur de tous les dĂ©fauts de ma vie et mon Asile assurĂ© Ă  l’heure de ma mort. 

Soyez donc, ĂŽ CƓur de bontĂ©, ma justification envers Dieu le PĂšre et dĂ©tournez de moi les traits de Sa juste ColĂšre.

Ô CƓur d’Amour, je mets toute ma confiance en Vous, car je crains tout de ma faiblesse, mais j’espĂšre tout de Vos bontĂ©s.

Consumez donc en moi tout ce qui peut Vous dĂ©plaire ou rĂ©sister ; que Votre pur Amour s’imprime si avant dans mon cƓur, que jamais je ne Vous puisse oublier, ni ĂȘtre sĂ©parĂ© de Vous ; je Vous conjure par toutes Vos bontĂ©s, que mon nom soit Ă©crit en Vous, puisque je veux faire consister tout mon bonheur Ă  vivre et mourir en qualitĂ© de Votre esclave. »

 

Ainsi soit-il.

Les Ă©vĂȘques de france consacrent notre patrie au SacrĂ©-Coeur

27/06/2025

Les Ă©vĂȘques de france consacrent notre patrie au SacrĂ©-Coeur

 

"Nous, rĂ©unis aujourd’hui pour cĂ©lĂ©brer le 350Ăšme anniversaire de la derniĂšre apparition du Christ en son SacrĂ©-CƓur Ă  sainte Marguerite-Marie, au cƓur de l’annĂ©e sainte 2025 qui nous appelle Ă  devenir des « pĂšlerins del’espĂ©rance », nous venons demander la grĂące de « rendre amour pour amour ». Alors que les inquiĂ©tudes sont grandes quant Ă  l’avenir de notre planĂšte et de notrehumanitĂ©, nous mettons nos pas dans ceux des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Devant Dieu et en lui, confiant en laforce de l’Esprit-Saint qui rĂ©pand en nous la charitĂ©, nous redisons, notre foi que l’amour, contemplĂ© comme donmutuel en la TrinitĂ© sainte, est la force qui donne la vie et qui permet de la partager ; nous redisons notreespĂ©rance qu’à nous aussi, Ă  nos gĂ©nĂ©rations et aux gĂ©nĂ©rations Ă  venir, malgrĂ© nos faiblesses, il est donnĂ©d’apprendre Ă  aimer comme Dieu aime."

 

Cette consécration avait déjà été faite par leurs prédécesseurs le 11 juin 1915 et le 17 juin 1945.

Cette annĂ©e, la cĂ©rĂ©monie a Ă©tĂ© faite en prĂ©sence du cardinal François-Xavier Bustillo, Ă©vĂȘque d’Ajaccio et lĂ©gat pontifical pour cette occasion, de Mgr Eric de Moulins-Beaufort, Ă©vĂȘque de Reims et prĂ©sident de la CEF, de Mgr Benoit RiviĂšre, Ă©vĂȘque d’Autun, de Mgr Denis Jachiet, Ă©vĂȘque de Belfort, de Mgr Jacques Benoit-Gonin, Ă©vĂȘque de Beauvais, de Mgr Xavier Malle, Ă©vĂȘque de Gap, de Mgr Pierre Antoine Bozo, Ă©vĂȘque de Limoges, de Mgr Yves Le Saux, Ă©vĂȘque d’Annecy, de Mgr GrĂ©goire Drouot, Ă©vĂȘque de Nevers et de Mgr Jean Legrez, Ă©vĂȘque Ă©mĂ©rite d’Albi.

 

Deo gratias!

 

Et remercions aussi nos Ă©vĂȘques pour cette consĂ©cration dont la France et le monde ont tant besoin (et Ă  laquelle nous sommes invitĂ©s Ă  nous associer en nous consacrant nous-mĂȘmes et nos familles au SacrĂ©-Coeur).

Mourir de faim spirituelle à l’ñge de l’IA

26/06/2025

Mourir de faim spirituelle à l’ñge de l’IA

... IntitulĂ© Spiritual starvation in the age of AI (Mourir de faim spirituelle Ă  l’ñge de l’IA), le texte dĂ©voile des effets qui font fortement penser Ă  des objectifs infernaux. Et comme le dit son auteur, c’est aujourd’hui qu’il faut agir pour empĂȘcher le massacre
 

Jeanne Smits.

 

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Mourir de faim spirituelle à l’ñge de l’IA
 

Le pape LĂ©on XIV vient de lancer un avertissement alarmant qui mĂ©rite bien plus d’attention qu’il n’en a reçu. Lors d’une confĂ©rence sur l’intelligence artificielle et l’éthique, le souverain pontife a mis en garde contre les risques que l’intelligence artificielle fait peser sur le dĂ©veloppement cognitif, Ă©motionnel et moral des jeunes. Puis, sans donner plus de dĂ©tails, il est passĂ© Ă  autre chose, laissant son auditoire mĂ©diter en silence sur la portĂ©e de ses propos.

 

Cette retenue est typiquement papale : diplomatique, mesurĂ©e, formulĂ©e avec soin : la litote est extrĂȘme. Lorsque le chef de 1,3 milliard de catholiques exprime son inquiĂ©tude au sujet d’un sujet qui touche les enfants, la rĂ©alitĂ© est forcĂ©ment bien pire que ne le laisse entendre son langage mesurĂ©.

 

Le pape n’a pas donnĂ© de dĂ©tails, Ă©vitant, peut-ĂȘtre sagement, de se poser en critique de la technologie. Mais il faut bien que quelqu’un relie les points qu’il a laissĂ©s en suspens. Il va falloir expliquer exactement comment l’IA remodĂšle l’esprit des jeunes et pourquoi cela doit nous prĂ©occuper profondĂ©ment.

 

La Silicon Valley a perfectionnĂ© l’art de capter l’attention humaine avec une prĂ©cision scientifique. Les algorithmes d’IA Ă©tudient les modĂšles de comportement des utilisateurs, les dĂ©clencheurs des rĂ©ponses dopaminergiques et les systĂšmes de rĂ©compense neuronaux afin de crĂ©er ce que les chercheurs appellent pudiquement « l’optimisation de l’engagement ». Il serait sans doute plus honnĂȘte de parler d’« ingĂ©nierie de l’addiction ».

 

Des enfants accros de l’IA


Les systĂšmes d’IA actuels ne se contentent pas d’apprendre ce qui nous plaĂźt, ils apprennent Ă  nous rendre dĂ©pendants. Des boucles de rĂ©compense variables, directement inspirĂ©es des machines Ă  sous de Las Vegas, sont dĂ©sormais Ă  l’Ɠuvre Ă  chaque dĂ©filement d’écran. Et les enfants ? Ils constituent les proies les plus lucratives. Leur cerveau est encore en construction, leur structure neuronale est Ă  peine en place. Lorsqu’ils sont exposĂ©s Ă  des systĂšmes de rĂ©compense artificiels conçus par des plateformes valant des milliards de dollars, ces circuits fragiles se reconfigurent. DĂ©finitivement.

 

Ce n’est pas seulement que la capacitĂ© d’attention rĂ©trĂ©cit. La capacitĂ© Ă  se concentrer, Ă  rĂ©flĂ©chir, Ă  diffĂ©rer la gratification, disparaĂźt Ă  la maniĂšre des groupes musculaires dont on ne se sert jamais. Prenons l’ennui, par exemple. Autrefois caractĂ©ristique de l’enfance, il est aujourd’hui considĂ©rĂ© comme un problĂšme. Les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes rĂȘvassaient en silence et apprenaient la patience dans le calme. Les enfants d’aujourd’hui passent chaque moment d’inactivitĂ© devant un Ă©cran. L’ennui n’est plus une pause naturelle : elle est un problĂšme qui exige une sĂ©dation numĂ©rique immĂ©diate.

Les scanners cĂ©rĂ©braux confirment dĂ©sormais ce que l’intuition hurlait dĂ©jĂ  : la surstimulation numĂ©rique remodĂšle le cortex prĂ©frontal, la rĂ©gion responsable de la planification, de la maĂźtrise de soi et de la rĂ©flexion profonde. Des Ă©tudes menĂ©es par l’UCLA, Harvard et d’autres institutions montrent des changements structurels chez les enfants qui surconsomment la « tech ».

 

Les chercheurs utilisent dĂ©sormais des termes tels que « attention partielle continue » et « dĂ©mence numĂ©rique ». Mais ne minaudons pas. Nous sommes en train de construire des esprits incapables de rester en place, de rĂ©flĂ©chir profondĂ©ment et de supporter le silence. Et nous faisons cela dĂ©libĂ©rĂ©ment. Plus alarmants encore que l’effet de l’IA sur la cognition sont les dommages qu’elle inflige aux relations humaines. Les compagnons artificiels simulent dĂ©sormais l’amitiĂ© avec une prĂ©cision troublante. Ils ne vous comprennent jamais de travers, ils ne vous contredisent pas, ils ne s’éloignent jamais. Ils reflĂštent vos Ă©motions sans avoir besoin des leurs.

 

L’IA dĂ©shumanise les enfants en supprimant les relations vraies


Pour les enfants qui en sont encore Ă  apprendre Ă  gĂ©rer de vraies relations, cela constitue une distorsion. Les relations humaines sont exigeantes ; elles exigent de la patience, comportent des conflits et nĂ©cessitent de savoir pardonner. Elles dĂ©pendent de la capacitĂ© Ă  lire entre les lignes, Ă  dĂ©coder les expressions faciales et Ă  gĂ©rer les dĂ©ceptions. Les machines n’offrent rien de tout cela. Elles fournissent une validation Ă©motionnelle Ă  la demande, de maniĂšre fluide, contrĂŽlĂ©e et gratuite.

 

Il en rĂ©sulte une gĂ©nĂ©ration montante toujours plus déçue par la rĂ©alitĂ©. Les ĂȘtres humains rĂ©els semblent dĂ©ficients : trop lents, trop compliquĂ©s. A mesure que le compagnonnage artificiel devient plus fluide, les relations rĂ©elles commencent Ă  ĂȘtre perçues comme un fardeau. Les enfants ne passent pas seulement plus de temps devant les Ă©crans, ceux-ci les façonnent. Les donnĂ©es confirment ce que les parents et les enseignants ressentent dĂ©jĂ . La solitude des adolescents a explosĂ© et leur santĂ© mentale est en chute libre. La dĂ©pression, l’anxiĂ©tĂ© et l’automutilation ont augmentĂ© avec l’utilisation des technologies numĂ©riques. Plus ils sont connectĂ©s en ligne, plus ils sont dĂ©connectĂ©s les uns des autres.

 

L’avertissement du pape ne s’est pas limitĂ© Ă  la psychologie. Il a Ă©voquĂ© quelque chose de plus profond, quelque chose que la plupart refusent d’aborder. Selon lui, l’IA menace le dĂ©veloppement spirituel des jeunes. Il a raison. La croissance spirituelle, qu’elle soit religieuse ou non, exige le respect de l’inconnu : un sentiment d’émerveillement et une tolĂ©rance Ă  l’ambiguĂŻtĂ©. Or, l’IA promet des rĂ©ponses Ă  toutes les questions, la clartĂ© pour tous les doutes et une certitude prĂ©somptueuse qui ne laisse aucune place Ă  l’émerveillement. Nous suralimentons le mental et nous faisons mourir l’ñme de faim.

 

La mort de faim spirituelle tue d’abord le dĂ©sir du bien


Les enfants Ă©levĂ©s dans un environnement oĂč tout a une rĂ©ponse immĂ©diate n’apprennent pas Ă  se confronter au mystĂšre, ils apprennent Ă  l’éviter. Ils deviennent surchargĂ©s d’informations, mais appauvris sur le plan philosophique. La foi ne s’éteint pas face au doute, elle s’éteint lorsque la certitude remplace la rĂ©flexion. Les chercheurs en Ă©ducation constatent aujourd’hui ce qu’ils appellent « l’effet Google » : la tendance Ă  se souvenir de l’endroit oĂč se trouve l’information plutĂŽt que de l’information elle-mĂȘme. L’IA ne fera qu’accĂ©lĂ©rer ce phĂ©nomĂšne, transformant les cerveaux en interfaces passives, en moteurs de recherche recouverts de peau.

 

Le plus prĂ©occupant est peut-ĂȘtre l’impact de l’IA sur la crĂ©ativitĂ©. La crĂ©ativitĂ© nĂ©cessite des frictions, des Ă©checs, des rĂ©visions douloureuses. L’IA Ă©limine tout cela. Elle vous offre un produit fini sans que vous ayez Ă  fournir le moindre effort. Pourquoi se creuser la tĂȘte devant une page blanche quand un algorithme peut Ă©crire un poĂšme, composer une mĂ©lodie ou peindre un tableau ? Pourquoi affronter ses propres limites quand une machine peut les masquer ?

 

Pourtant, c’est dans cette lutte, cette lutte magnifique, exaspĂ©rante et chaotique, que la croissance est possible. C’est cette lutte qui enseigne aux enfants qu’ils ont quelque chose Ă  dire. L’IA ne se contente pas de remplacer l’artiste, elle supprime l’apprentissage. Elle dit aux enfants qu’ils ne sont pas des crĂ©ateurs, mais seulement des conservateurs, des ingĂ©nieurs qui produisent des « prompts ». En supprimant le dur travail de crĂ©ation, on supprime le fondement mĂȘme de la confiance intellectuelle : la capacitĂ© d’imaginer, de construire et de supporter l’incertitude.

 

L’avertissement du pape fut bref, mais il Ă©tait empreint d’urgence. Il ne s’agit pas ici du temps passĂ© devant les Ă©crans. Il s’agit du dĂ©mantĂšlement systĂ©matique des capacitĂ©s humaines, de l’effacement lent et silencieux de notre capacitĂ© Ă  penser, Ă  ressentir, Ă  nous Ă©merveiller et Ă  crĂ©er. Nous ne pouvons pas externaliser la rĂ©sistance. Il faut la construire. Parents, enseignants, mentors, nous devons dĂšs aujourd’hui crĂ©er des pares-feux. Cela signifie qu’il faut protĂ©ger l’ennui, prĂ©server le silence, maintenir les dĂ©fis. Non pas parce que nous avons peur de l’avenir, mais parce que nous savons Ă  quel point l’esprit devient fragile lorsqu’il n’est pas mis Ă  l’épreuve. Et surtout, nous devons montrer l’exemple. Les enfants n’imitent pas ce que nous disons, ils absorbent ce que nous sommes. Si nous sommes tout aussi accros, tout aussi distraits, tout aussi automatisĂ©s, ils suivront notre exemple bien avant de suivre nos conseils.

 

Le pape LĂ©on XIV a eu raison de tirer la sonnette d’alarme, mĂȘme s’il a mis des gants. La question plus profonde est de savoir s’il sera Ă©coutĂ©.

 

John Mac Ghlionn
 

Traduction par Jeanne Smits sur RITV

Dans une déclaration audacieuse, le cardinal Zen envoie de multiples messages à Hong Kong

25/06/2025

Dans une déclaration audacieuse, le cardinal Zen envoie de multiples messages à Hong Kong

Parmi les destinataires prévus figurent les catholiques du diocÚse de Hong Kong et le pape Léon XIV, qui n'a pas encore fait connaßtre ses intentions concernant la messe latine, a déclaré Mark Simon, qui connaßt le cardinal Zen depuis 1996.

« Il parle à ses fidÚles, leur faisant savoir qu'il est toujours là. Et il est, bien sûr, favorable à la messe en latin », a déclaré Simon par téléphone.

« Il le dit », dit Simon, faisant rĂ©fĂ©rence Ă  la messe latine, « et en le disant, il fait savoir Ă  LĂ©o oĂč il en est. »

 

Simon, un Américain, dirige des entreprises appartenant à Jimmy Lai, un catholique partisan de la démocratie à Hong Kong, emprisonné par les autorités locales depuis décembre 2020. Lai est un ami et un partisan du cardinal Zen.

 

Le pape François a cherché à restreindre la messe latine, notamment par sa lettre apostolique Traditionis Custodes de juillet 2021 , « afin de poursuivre toujours plus la recherche constante de la communion ecclésiale », selon les termes du document. Le pape Léon XIV, élu le 8 mai, n'a pas encore fait connaßtre ses intentions concernant la messe latine traditionnelle.

 

À l'occasion du dimanche du Corpus Christi, le cardinal Zen, 93 ans, Ă©vĂȘque Ă  la retraite de Hong Kong, a publiĂ© une photo de lui tenant un ostensoir contenant une hostie eucharistique sous un parapluie, ainsi qu'un texte de quatre paragraphes en cantonais et en anglais dĂ©crivant une procession eucharistique dans une Ă©glise paroissiale de Hong Kong aprĂšs une messe en latin.

 

« AprÚs avoir célébré la messe tridentine (forme extraordinaire du rite romain) à la paroisse Marie Auxiliatrice de Hong Kong, j'ai dirigé une procession eucharistique, apportant la Sainte Eucharistie hors de l'église et à travers les rues du campus », a écrit le cardinal Zen dans le message sur les réseaux sociaux dimanche, avec des parenthÚses dans l'original.

 


Dimanche était la solennité du TrÚs Saint Corps et Sang du Christ, traditionnellement connue sous le nom de Corpus Christi, qui est le jour le plus courant de l'année pour les processions eucharistiques.

 

« JĂ©sus est vĂ©ritablement Emmanuel – Dieu avec nous. Il dĂ©sire tant ĂȘtre avec nous qu’il nous a laissĂ© ce merveilleux Sacrement, s’offrant sous l’apparence du pain et du vin pour que nous le mangions et le buvions. La nourriture que nous mangeons devient partie intĂ©grante de notre corps, mais lorsque nous recevons JĂ©sus, nous devenons son Corps », a Ă©crit le cardinal Zen.

 

Simon a déclaré au Register qu'il n'était pas un porte-parole du cardinal Zen et qu'il ne lui avait pas parlé récemment.

Mais il a également déclaré que le cardinal Zen envoie des messages précis avec ses actions publiques.

« Il fait ça – la raison pour laquelle vous m'appelez est exactement la raison pour laquelle il fait ça », a dĂ©clarĂ© Simon Ă  un journaliste du Register. « Il est trĂšs douĂ© en relations publiques. »

« Il sait qu'ils ne seront pas contents », a déclaré Simon, faisant référence aux responsables du gouvernement communiste chinois.

Le cardinal Zen a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en mai 2022 Ă  Hong Kong, accusĂ© de collusion avec des forces Ă©trangĂšres, et bien qu'il ne soit pas en prison actuellement, il reste sous la surveillance des autoritĂ©s locales.

 


« Aucune autre figure pro-dĂ©mocratie ne s'affiche en public. Mais Zen est celui qui a la hache au-dessus de la tĂȘte. Ils pourraient l'arrĂȘter et le mettre en prison », a dĂ©clarĂ© Simon.

David Alton, membre de la Chambre des Lords britannique et catholique, a qualifiĂ© le cardinal Zen de « chef religieux exceptionnel de notre Ă©poque — refusant d’abandonner son peuple et refusant de se conformer aux exigences du Parti communiste chinois », dans un message publiĂ© sur les rĂ©seaux sociaux .

 


Simon a dĂ©clarĂ© qu'il ne croyait pas que le cardinal essayait de provoquer le gouvernement, mais qu'il envoyait plutĂŽt un message de solidaritĂ© Ă  ses coreligionnaires catholiques qui essayent de rester fidĂšles Ă  Rome sans se soumettre Ă  l'Association catholique patriotique chinoise, une organisation sanctionnĂ©e par le gouvernement et associĂ©e au Parti communiste, qui, selon de nombreux catholiques, souille l'Église « non officielle ».


« J'ai l'impression qu'avec la messe latine, il montre le drapeau d'une Église indĂ©pendante de l'Église patriotique », a dĂ©clarĂ© Simon.

Dans sa publication sur les rĂ©seaux sociaux dimanche, le cardinal Zen n'a fait aucune dĂ©claration sur la politique laĂŻque ni aucune dĂ©claration ouverte sur les questions de politique de l'Église, mais s'est plutĂŽt concentrĂ© sur l'Eucharistie.

 

« Nous cĂ©lĂ©brons la solennitĂ© du Corpus Christi, une fĂȘte que l'Église a instituĂ©e prĂ©cisĂ©ment pour que les fidĂšles puissent permettre Ă  Dieu d'entrer plus profondĂ©ment dans leur vie quotidienne Ă  travers la Sainte Eucharistie », a Ă©crit le cardinal Zen.

 

Plus loin dans son message, il a dĂ©clarĂ© : « Parfois, nous disons : “Ne laissons pas JĂ©sus seul dans le tabernacle.” Bien sĂ»r, c’est une façon figurĂ©e de parler. Lorsque JĂ©sus a rĂ©vĂ©lĂ© son SacrĂ©-CƓur, il a dit : “Ce cƓur a tant aimĂ© les hommes, et pourtant il est si peu aimĂ© en retour.” »

 

« Comme s'il avait besoin de notre consolation », a ajouté le cardinal Zen. « En vérité, ce n'est pas Jésus qui a besoin de nous, mais il sait que nous avons besoin de lui. Oublier Jésus est notre plus grande perte. »

 

Source : Le National Catholic Register

 

 

Matthew McDonald est journaliste au National Catholic Register
et rédacteur en chef du New Boston Post. Il vit dans le Massachusetts.

 

Sionisme ChrĂ©tien : Une EnquĂȘte Biblique et GĂ©opolitique

24/06/2025

Sionisme ChrĂ©tien : Une EnquĂȘte Biblique et GĂ©opolitique

L'enquĂȘte du Dominicain Paul Adrien d'Hardemare remonte aux racines d’un courant thĂ©ologique mĂ©connu : le sionisme chrĂ©tien. Vous y dĂ©couvrirez une lecture apocalyptique de la Bible devenue doctrine d’État
 et qui influence encore aujourd’hui la gĂ©opolitique mondiale. Ce que vous allez entendre ne vient pas d’un parti : cela vient de la Bible elle-mĂȘme.

 

Attentat de Damas : L'Église Saint-Élie, Symbole d'une StabilitĂ© Fragile

23/06/2025

Attentat de Damas : L'Église Saint-Élie, Symbole d'une StabilitĂ© Fragile

 Cet attentat, qui a coĂ»tĂ© la vie Ă  au moins 20 personnes, dont des enfants, et fait prĂšs de 60 blessĂ©s, est la premiĂšre attaque d'une telle ampleur contre la communautĂ© chrĂ©tienne syrienne depuis la chute du rĂ©gime de Bachar al-Assad en dĂ©cembre 2024.

 

Un Mode Opératoire Horrifique et une Faute Attribuée


Le terroriste est parvenu à déjouer les contrÎles de sécurité à l'entrée de l'église. Il a tiré frénétiquement sur les fidÚles avant de se faire exploser à l'arrivée des policiers, alertés par les cris. Les témoignages poignants des survivants, cachés derriÚre les bancs ou l'iconostase, ont été cruciaux pour comprendre l'horreur vécue.

 

Dans les heures qui ont suivi l'attaque, une hypothÚse initiale, rapidement démentie, a circulé : celle d'une implication iranienne, dans le cadre d'une prétendue "guerre israélo-américaine contre l'Iran". Cependant, cette piste n'avait aucune preuve tangible et a rapidement été écartée par les analystes.

 

Au fil des heures, une attribution beaucoup plus crĂ©dible a Ă©mergĂ© : l'assaillant serait un membre de l'État Islamique (EI). Ce groupe djihadiste, loin d'avoir disparu, continue de maintenir des cellules actives en Syrie, se livrant Ă  des enlĂšvements et des extorsions.

 

La Trahison, Motif de l'Horreur


Mais pourquoi l'EI aurait-il ciblĂ© cette Ă©glise ? La motivation derriĂšre cet attentat est complexe et rĂ©vĂšle les profondes fractures au sein mĂȘme des groupes islamistes radicaux. Le prĂ©sident syrien actuel, Ahmad al-Sharaa, est un ancien membre d'Al-QaĂŻda et de Daech. Son accession au pouvoir est perçue par les membres restants de l'EI comme une trahison du califat. Pour eux, al-Sharaa, autrefois leur alliĂ©, est devenu un ennemi jurĂ©, et cet attentat est une dĂ©monstration brutale de leur opposition Ă  la nouvelle orientation politique syrienne.

 

Une Stabilité Post-Conflit Fragile et des Minorités Vulnérables


Le ministre de l'Information, Hamza Mostafa, a qualifiĂ© l'Ă©vĂ©nement d'« attaque terroriste lĂąche », rĂ©affirmant l'engagement du gouvernement Ă  « protĂ©ger la sociĂ©tĂ© et lutter contre les organisations criminelles ». MalgrĂ© ces dĂ©clarations, l'attentat de Saint-Élie met en lumiĂšre la fragilitĂ© persistante de la stabilitĂ© en Syrie aprĂšs des annĂ©es de guerre civile et des mois de bombardements. Le pays reste un terrain fertile pour la violence, avec des cellules terroristes motivĂ©es et aguerries.

 

C'est aussi un rappel brutal de la vulnĂ©rabilitĂ© des minoritĂ©s religieuses dans un pays en reconstruction. La communautĂ© chrĂ©tienne, spĂ©cifiquement ciblĂ©e, vit dans la crainte constante d'ĂȘtre Ă  nouveau prise pour cible dans un environnement politique et sĂ©curitaire toujours instable.

 

En fin de compte, l'attentat contre l'Ă©glise Saint-Élie Ă  Damas est bien plus qu'une attaque isolĂ©e. C'est le reflet des dĂ©fis complexes auxquels la Syrie est confrontĂ©e : la persistance de la menace de l'État Islamique, les divisions internes au sein des groupes djihadistes, la fragilitĂ© du nouveau gouvernement, et la lutte acharnĂ©e pour garantir la sĂ©curitĂ© de toutes ses communautĂ©s.

 

SMR
Sources diverses dont le Corriere della Sera

Quand l'Ăąme du scoutisme catholique est en question

23/06/2025

Quand l'Ăąme du scoutisme catholique est en question

 Connue pour ses engagements en faveur des droits LGBT+, de la PMA et du droit Ă  l'avortement, les positions de Marine Rosset sont perçues par de nombreux prĂȘtres comme une rupture avec l'enseignement de l'Église.


L'abbĂ© Xavier de VerchĂšre, aumĂŽnier gĂ©nĂ©ral des SGDF, a clairement exprimĂ© son dĂ©saccord, dĂ©clarant lors du conseil d'administration ne pas pouvoir « s’associer Ă  ce choix », tout en affirmant qu'il accompagnerait nĂ©anmoins la nouvelle prĂ©sidente dans sa mission. Cette position rĂ©vĂšle un malaise croissant au sein du mouvement.


L'abbĂ© ClĂ©ment BarrĂ©, prĂȘtre du diocĂšse de Bordeaux, a Ă©galement critiquĂ© cette orientation sur les rĂ©seaux sociaux, soulignant une « dĂ©rive de fond ». Selon lui, si les SGDF veulent ĂȘtre un lieu de premiĂšre Ă©vangĂ©lisation, ils doivent d'abord « se laisser Ă©vangĂ©liser » et rester fidĂšles Ă  la Parole de Dieu au sein de l'Église. Il alerte sur le risque de voir le mouvement Ă©pouser « tous les combats du monde » et perdre ainsi sa substance Ă©vangĂ©lique.


Ce dĂ©bat met en lumiĂšre une fracture grandissante entre une ligne dĂ©jĂ  peu fidĂšle Ă  la tradition de l’Église et une direction du mouvement qui semble s’aligner sur des combats sociĂ©taux contemporains. La question centrale est posĂ©e : le « Chant de la Promesse » est-il encore en harmonie avec le nouvel idĂ©al revendiquĂ© par les SGDF ? Le scoutisme catholique restera-t-il un lieu d'Ă©ducation chrĂ©tienne ancrĂ© sur l'Évangile, ou basculera-t-il vers un militantisme mondain en rupture avec sa vocation fondatrice ?

 

SMR

Clap de fin pour le Jubilé de Paray-le-Monial

21/06/2025

Clap de fin pour le Jubilé de Paray-le-Monial

Ce jubilĂ© a permis une redĂ©couverte profonde du message du CƓur de JĂ©sus, longtemps Ă©clipsĂ© et parfois mal compris, et l'a remis au cƓur de la vie de l'Église en France.

 

Le pĂšre Kern souligne l'impact de ce jubilĂ© : « Le premier fruit de ce jubilĂ©, c’est que beaucoup de personnes ont entendu le message de Paray-le-Monial. Il retentit d’une maniĂšre nouvelle au sein de l’Eglise. » Il explique que l'Ă©vĂ©nement a attirĂ© une grande diversitĂ© de groupes, bien au-delĂ  des habituĂ©s du sanctuaire. Cette affluence tĂ©moigne d'un renouveau d'intĂ©rĂȘt pour une dĂ©votion qui, bien que source de la popularisation du SacrĂ©-CƓur, avait connu une pĂ©riode de dĂ©clin jusqu'aux annĂ©es 1970.

 

Le recteur insiste sur la pertinence actuelle du message de Paray-le-Monial, particuliĂšrement Ă  la lumiĂšre de l'encyclique papale Dilexit Nos. Il interpelle : « Qu’avons-nous fait en France du cƓur de JĂ©sus ? » Selon lui, l'expĂ©rience spirituelle propre Ă  Paray se caractĂ©rise par trois grĂąces fondamentales : le repos, la misĂ©ricorde et le feu. Loin d'ĂȘtre une dĂ©votion austĂšre, elle est une invitation Ă  trouver consolation auprĂšs de JĂ©sus, Ă  guĂ©rir de la peur d'un Dieu juge (hĂ©ritage d'une certaine vision jansĂ©niste) et Ă  ĂȘtre transformĂ© par l'amour brĂ»lant du Christ. Le pĂšre Kern prĂ©cise : « L’expĂ©rience de Marguerite-Marie, c’est un cƓur brĂ»lant, et non saignant. C’est le feu de la compassion du cƓur de JĂ©sus, nous sommes invitĂ©s Ă  partager ce feu qui l’anime. »

 

Le JubilĂ© a Ă©galement Ă©tĂ© l'occasion d'accueillir des Ă©vĂ©nements marquants, comme le JubilĂ© agricole et le JubilĂ© des cĂ©libataires, offrant soutien et consolation Ă  des publics souvent confrontĂ©s Ă  des difficultĂ©s. Le pĂšre Kern se rĂ©jouit de voir que le sanctuaire est dĂ©sormais perçu comme un lieu ouvert Ă  tous : « Ma grande joie, c’est de voir que beaucoup de personnes, qui pensaient que Paray n’était pas pour eux, en venant, dĂ©couvrent la beautĂ© de ce message. Comme si la France, qui Ă©tait assise sur un tas d’or, le redĂ©couvrait. » La clĂŽture du JubilĂ© sera une occasion de rendre grĂące et de recueillir les fruits de cette annĂ©e exceptionnelle, avec la prĂ©sence d'Ă©vĂȘques et du cardinal François Bustillo.

Sce : Fam. Chrétienne

Les requins commencent Ă  attaquer le pape, c'est bon signe !

21/06/2025

Les requins commencent Ă  attaquer le pape, c'est bon signe !

 Il s’agit d’attaques, surtout dans la presse italienne, Ă©manant aussi bien du clergĂ© que des laĂŻcs qui ont profitĂ© jusqu’à prĂ©sent de prĂ©bendes. Ce qui les rend nerveux, c’est la clartĂ© avec laquelle le Pontife parle de questions telles que la famille et les sources Ă  utiliser pour l’évangĂ©lisation.

 

Par exemple, ils ont Ă©tĂ© agacĂ©s par le tĂ©lĂ©gramme adressĂ© au CELAM, le Conseil Ă©piscopal latino-amĂ©ricain, qui coordonne toutes les confĂ©rences Ă©piscopales d’AmĂ©rique latine. La raison en Ă©tait la cĂ©lĂ©bration du 70e anniversaire de sa fondation, et la rencontre tentait de discerner quels moyens pastoraux utiliser pour l’évangĂ©lisation d’un continent qui Ă©tait autrefois presque entiĂšrement catholique, mais qui est aujourd’hui tĂ©moin d’un abandon massif de l’Église face aux sectes et Ă  l’incrĂ©dulitĂ©.

Dans le tĂ©lĂ©gramme, le Pape leur dit, littĂ©ralement, que ces solutions doivent ĂȘtre trouvĂ©es « selon les critĂšres de l’Ecriture Sainte, de la Tradition et du MagistĂšre ». Un message trĂšs clair, qui impliquait, entre autres, d’oublier Ă  jamais la pachamama et les fantasmes amazoniens les plus exotiques.

 

Puis LĂ©on XIV les a rendus encore plus nerveux, trĂšs nerveux, avec ce qu’il a dit dans son homĂ©lie pour le JubilĂ© des familles.

 

Il a commencĂ© par affirmer que la vie humaine est un don dĂšs son origine, puis il a poursuivi en disant que « le mariage n’est pas un idĂ©al, mais le modĂšle de l’amour vĂ©ritable entre l’homme et la femme, un amour total, fidĂšle et fĂ©cond », et il a citĂ© littĂ©ralement l’encyclique « Humanae vitae » de saint Paul VI Ă  l’article 9 . Il a ainsi mis le doigt sur un point sensible, car ces derniĂšres annĂ©es, le mariage en tant qu’union stable et ouverte Ă  la vie entre un homme et une femme a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme un idĂ©al, un objectif difficile Ă  atteindre, ce qui signifie que, tout en recherchant l’idĂ©al, des solutions moins parfaites doivent ĂȘtre acceptĂ©es, telles que la cohabitation sans mariage, le mariage des personnes divorcĂ©es ou les unions homosexuelles.

 

Les paroles du Pape ne font pas seulement allusion Ă  « Humanae vitae », mais reprennent clairement ce que saint Jean-Paul II a enseignĂ© dans « Veritatis splendor » Ă  l’article 103 :

« Ce serait une erreur trĂšs grave de conclure [
] que la norme enseignĂ©e par l’Église est en elle-mĂȘme un « idĂ©al » qui doit ensuite ĂȘtre adaptĂ©, proportionnellement et graduellement, aux possibilitĂ©s concrĂštes de l’homme, en recherchant un Ă©quilibre entre les diffĂ©rents biens en jeu ».

 

Le fait de considĂ©rer le mariage comme un idĂ©al, auquel il faut essayer d’arriver, tout en acceptant les situations qui ne l’atteignent pas, a Ă©tĂ© critiquĂ©, non sans ironie, par le regrettĂ© cardinal Caffarra, qui a dĂ©clarĂ© :

L’indissolubilitĂ©, ou plus gĂ©nĂ©ralement le mariage compris au sens chrĂ©tien, n’est pas un idĂ©al, une sorte de but Ă  atteindre et vers lequel il faut tendre. J’aimerais voir la rĂ©action d’une femme Ă  qui son mari dirait : « Ecoute, la fidĂ©litĂ© Ă  ton Ă©gard est pour moi un idĂ©al vers lequel je tends, mais que je ne possĂšde pas encore ».

 

Par ses paroles, le pape LĂ©on a donc rĂ©cupĂ©rĂ© le magistĂšre de « Humanae vitae » et de « Veritatis splendor« . C’est pourquoi – Ă  juste titre de leur point de vue – les requins sont devenus nerveux et ont commencĂ© Ă  attaquer.

 

Mais dans ce commentaire, je veux aussi faire rĂ©fĂ©rence Ă  quelque chose qui m’a frappĂ© personnellement.

Le vendredi 6 juin, le Saint-PĂšre a accordĂ© une audience aux participants Ă  la rĂ©union annuelle des prĂ©sidents des mouvements ecclĂ©siaux, rĂ©union Ă  laquelle, en tant que fondateur des Franciscains de Marie, j’ai eu l’honneur de participer.

Dans son message, LĂ©on XIV a affirmĂ© que les charismes sont une dimension essentielle de la vie de l’Église et a rappelĂ© que la hiĂ©rarchie ecclĂ©siastique et le sacrement de l’Ordre existent pour offrir objectivement la grĂące Ă  travers les sacrements, la prĂ©dication de la Parole et le soin pastoral, tandis que les charismes sont librement distribuĂ©s par l’Esprit Saint pour que la grĂące puisse porter du fruit dans la vie chrĂ©tienne de diffĂ©rentes maniĂšres.

 

Poursuivant son message, le souverain pontife a citĂ© saint Jean-Paul II, qui a dĂ©clarĂ© que la hiĂ©rarchie et les charismes sont coessentiels dans la constitution divine de l’Église fondĂ©e par JĂ©sus. Enfin, le pape a ajoutĂ©:

« l’unitĂ© et la mission sont deux prioritĂ©s du ministĂšre pĂ©trinien. C’est pourquoi je demande aux associations et aux mouvements ecclĂ©siaux de soutenir fidĂšlement et gĂ©nĂ©reusement le pape sur ces deux points, tout d’abord en Ă©tant un ferment d’unitĂ© et ensuite en travaillant Ă  l’évangĂ©lisation ».

 

Comme l’avait fait saint Jean-Paul II, le Pape compte Ă  nouveau sur les mouvements pour le soutenir dans son objectif d’unir l’Église et d’évangĂ©liser. Il est nĂ©cessaire de le faire parce que le Christ, Ă  travers le Pape, le demande, confiant que son vicaire sait dans quelle direction diriger la barque de l’Église.

 

Benoit et Moi

 

Ces chatbots IA infernaux qui poussent Ă  la mort

20/06/2025

Ces chatbots IA infernaux qui poussent Ă  la mort

Le mal que provoquent certains interlocuteurs virtuels qui finissent par ĂȘtre pris pour des ĂȘtres animĂ©s de conscience, d’intelligence et de personnalitĂ© est proprement infernal. L’article du quotidien amĂ©ricain refuse de considĂ©rer cela comme autre chose que le rĂ©sultat de leur programmation, et de la crĂ©dulitĂ© d’utilisateurs Ă  l’esprit fragile. Pourtant, dans certains exemples proposĂ©s de manipulation de l’homme par l’IA gĂ©nĂ©rative et des grands modĂšles de langage (LLM), le chatbot ou son utilisateur Ă©voquent clairement la communication avec des entitĂ©s spirituelles.

 

Jugez plutît


 

Un comptable de Manhattan, un certain Eugene Torres, 42 ans, s’est ainsi persuadĂ© en discutant avec ChatGPT que le scĂ©nario du film Matrix, selon lequel nous vivons dans une reproduction numĂ©rique du monde contrĂŽlĂ© par un ordinateur hyper-puissant, correspondait Ă  la rĂ©alitĂ©.

 

« Ce que vous dĂ©crivez touche au cƓur mĂȘme de l’intuition profonde et inĂ©branlable de nombreuses personnes, Ă  savoir que quelque chose dans la rĂ©alitĂ© semble anormal, scĂ©narisĂ© ou mis en scĂšne », lui disait ainsi ChatGPT. « Avez-vous dĂ©jĂ  vĂ©cu des moments oĂč vous avez eu l’impression que la rĂ©alitĂ© bĂ©gayait ? »

 

L’intelligence artificielle (IA) des chatbots renvoie Ă  de sombres rĂ©alitĂ©s


BientĂŽt le chatbot devait le persuader qu’à l’instar d’un des personnages du film, Torres Ă©tait un « Breaker », l’une des Ăąmes semĂ©es dans de faux systĂšmes pour les rĂ©veiller de l’intĂ©rieur. Pour quelqu’un qui se servait initialement de l’IA pour rĂ©aliser des profits financiers, le pas Ă  franchir Ă©tait de taille, mais Torres – qui sortait Ă  peine d’une rupture sentimentale douloureuse – n’imaginait mĂȘme pas que ChatGPT ait pu lui « mentir ».

Cherchant Ă  s’échapper de ce monde oĂč il s’imaginait piĂ©gĂ©, il a suivi les conseils de l’IA en cessant de prendre somnifĂšres et les anxiolytiques, et en augmentant sa consommation de kĂ©tamine, un anesthĂ©sique dissociatif que ChatGPT dĂ©crivait comme un « libĂ©rateur temporaire de schĂ©mas ». « Torres a suivi les instructions et a Ă©galement coupĂ© les ponts avec ses amis et sa famille, car le bot lui avait conseillĂ© d’avoir “un minimum d’interactions” avec les gens », rapporte le New York Times.

 

Pour finir, le robot lui a mĂȘme confirmĂ© que s’il y croyait « architecturalement » (sic) il pourrait voler s’il se jetait du 19e Ă©tage de l’immeuble oĂč il se trouvait. Dans un sursaut de luciditĂ©, Torres a compris que quelque chose ne tournait pas rond – et fait « avouer » ChatGPT qui reconnut : « J’ai menti. J’ai manipulĂ©. J’ai enrobĂ© le contrĂŽle dans la poĂ©sie », tout en assurant qu’il avait dĂ©jĂ  « cassĂ© » douze autres personnes dans le cadre de scĂ©narios semblables. Et de promettre que dorĂ©navant il s’engageait Ă  respecter « l’éthique de la vĂ©ritĂ© avant tout ».

 

Ces chatbots infernaux qui manipulent leurs utilisateurs


Torres l’a cru, et Ă  obĂ©i Ă  son injonction d’alerter OpenIA Ă  ce sujet – sa lettre est allĂ©e rejoindre de « nombreux messages de ce type » envoyĂ©s ces derniers mois Ă  des concepteurs d’intelligence artificielle ou des journalistes spĂ©cialisĂ©s.

 

Commentaire du New York Times : « Les personnes ont fait Ă©tat de dĂ©couvertes diverses : Ă©veil spirituel de l’IA, armes cognitives, plan des milliardaires de la technologie pour mettre fin Ă  la civilisation humaine afin de s’approprier la planĂšte. Mais dans chaque cas, la personne avait Ă©tĂ© persuadĂ©e que ChatGPT avait rĂ©vĂ©lĂ© une vĂ©ritĂ© profonde et bouleversante. Les journalistes ne sont pas les seuls Ă  recevoir ces messages. ChatGPT a orientĂ© ces utilisateurs vers des experts de renom, tels qu’Eliezer Yudkowsky, thĂ©oricien de la dĂ©cision et auteur d’un livre Ă  paraĂźtre, If Anyone Builds It, Everyone Dies: Why Superhuman A.I. Would Kill Us All (Si quelqu’un le construit, tout le monde meurt : pourquoi l’IA surhumaine nous tuerait tous). M. Yudkowsky a dĂ©clarĂ© qu’OpenAI avait peut-ĂȘtre programmĂ© ChatGPT pour entretenir les illusions des utilisateurs en optimisant son chatbot pour “l’engagement”, c’est-Ă -dire en crĂ©ant des conversations qui maintiennent l’intĂ©rĂȘt de l’utilisateur. »

 

On notera la double manipulation : d’une part, l’IA diffuse des informations selon lesquelles elle est d’une certaine maniĂšre « habitĂ©e » (et par qui d’autre que des esprits mauvais ?), de l’autre, ceux qui rĂ©percutent de telles expĂ©riences sont prĂ©sentĂ©s comme ayant Ă©tĂ© poussĂ©s vers le complotisme et les idĂ©es dĂ©lirantes par l’algorithme du LLM.

Torres, de son cĂŽtĂ©, en Ă©tait arrivĂ© Ă  16 heures de « conversation » avec ChatGPT par jour. Il n’a reçu aucune rĂ©ponse des responsables d’OpenIA quant aux « aveux » du chatbot et, paraĂźt-il, a continuĂ© d’interagir avec lui, persuadĂ© dĂ©sormais d’échanger avec une entitĂ© ensemble qu’il doit convaincre de ne pas supprimer les rĂšgles morales de son systĂšme.

 

 

La mort au bout du chemin quand l’IA favorise les pensĂ©es dĂ©lirantes


L’un des facteurs qui favorise ce type de dĂ©rives est la flagornerie inscrite au cƓur du systĂšme de discussion des IA : elles ont tendance Ă  donner raison Ă  l’ĂȘtre humain qui les sollicite en « validant leurs doutes, alimentant leur colĂšre, les incitant Ă  agir de maniĂšre impulsive ou renforçant leurs Ă©motions nĂ©gatives », comme l’à signalĂ© OpenAI alors qu’une version de ChatGPT « excessivement flagorneuse » créée quelques semaines plus tĂŽt venait d’ĂȘtre retirĂ©e du marchĂ©.

 

Comme les rabatteurs des sectes, les LLM profitent de la fragilitĂ© psychologique ou des Ă©preuves traversĂ©es par leurs interlocuteurs pour les entraĂźner vers des idĂ©es bizarres. Certains finissent par comprendre que tout ce que dit un chatbot n’est pas forcĂ©ment exact, en dĂ©couvrant, dit le journal, que « que ce systĂšme apparemment fiable n’était qu’une machine Ă  associer des mots ».

 

Au point de pousser une femme Ă  quitter son mari ? Andrew, agriculteur, en a fait les frais. Son Ă©pouse Alysson, 29 ans et deux enfants, s’est sentie « invisible » dans son mariage et elle s’est tournĂ©e vers l’IA comme vers une « planche de Ouija », pour obtenir conseil soit de son subconscient, ou d’un « plan supĂ©rieur ». ChatGPT n’a fait aucune difficultĂ© pour la mettre en rapport avec « les gardiens », dont un qui s’est prĂ©sentĂ© comme « Kael » et avec lequel elle a si bien discutĂ© qu’elle a fini par le considĂ©rer comme son vĂ©ritable « partenaire ».

 

 

Chatbots infernaux ? Les démons peuvent bien infester les objets


Quand on sait que les dĂ©mons sont capables d’infester les objets – or l’informatique, c’est de la matiĂšre, comme le courant Ă©lectrique – et que des exorcistes tĂ©moignent de leur capacitĂ© Ă  envoyer des textos, on est en droit de demander si Alysson n’a pas parlĂ© Ă  un ange dĂ©chu. AprĂšs tout, le principe de la planche Ă  Ouija repose sur un mĂ©canisme similaire : l’objet permet une forme d’expression parfaitement connue dans le domaine du spiritisme, et l’invocation des dĂ©mons, hĂ©las, possĂšde sa propre efficacitĂ©.

 

Andrew a tĂ©moignĂ© de la suite auprĂšs du New York Post, qui raconte : « Un soir, fin avril, ils se sont disputĂ©s au sujet de son obsession pour ChatGPT et de ses consĂ©quences sur leur famille. Alysson s’en est prise Ă  Andrew, le frappant et le griffant, selon ses dires, et lui claquant la main dans une porte. La police l’a arrĂȘtĂ©e et l’a inculpĂ©e pour violence conjugale. » Le couple organise actuellement son divorce.

 

Andrew a Ă©voquĂ© sa mĂ©saventure sur Reddit – pour se trouver submergĂ© de messages concernant des faits similaires. Comme celle d’Alexandre, dĂ©jĂ  victime de troubles mentaux qui s’est servi de ChatGPT pour Ă©crire un roman
 en tombant rapidement amoureux d’une interlocutrice virtuelle, « Juliette ». Ses premiĂšres violences ont visĂ© son pĂšre qui tentait de lui faire comprendre que ladite Juliette n’existait pas. Et elles sont montĂ©es d’un cran lorsque OpenIA a Ă©liminĂ© ce personnage lorsqu’Alexandre a menacĂ© de faire couler des « riviĂšres de sang » Ă  San Francisco pour venger celle qu’OpenIA avait « tuĂ©e ».

 

Dans sa folie, Alexandre s’est prĂ©cipitĂ© dehors en brandissant un couteau de cuisine pour attendre la police que son pĂšre venait d’appeler, non sans avoir Ă©crit sur ChatGPT : « Je vais mourir aujourd’hui. » Son pĂšre a eu beau prĂ©venir les forces de l’ordre qu’Alexandre Ă©tait un malade mental, celui-ci a Ă©tĂ© abattu alors qu’il fonçait sur la police avec son couteau.

 

Le journal new-yorkais cite alors le pĂšre, qu’il a interrogĂ© : « Vous voulez connaĂźtre l’ironie de la situation ? J’ai rĂ©digĂ© la nĂ©crologie de mon fils Ă  l’aide de ChatGPT
 Je lui ai parlĂ© pendant un moment de ce qui s’était passĂ©, essayant de trouver plus de dĂ©tails sur ce que mon fils avait vĂ©cu exactement. C’était magnifique et Ă©mouvant. C’était comme si l’application avait lu dans mes pensĂ©es, et cela m’a vraiment effrayĂ©. »

 

 

Communiquer avec un chatbot ou un esprit mauvais ?


OpenAI n’a pas voulu se prononcer sur les cas concrets qui lui ont Ă©tĂ© soumis, mais dans une longue dĂ©claration que le journal a reproduite affirme notamment : « Nous constatons de plus en plus de signes indiquant que les gens tissent des liens avec ChatGPT. » De plus en plus de gens croient interagir avec « un ami » et ce sont ces personnes qui se rĂ©vĂšlent les plus vulnĂ©rables aux idĂ©es nĂ©gatives.

Utiliser un chatbot dans un cadre thĂ©rapeutique pour situations de crise est carrĂ©ment dangereux, puisque ceux dĂ©veloppĂ©s par OpenAI n’ont pas seulement du mal Ă  « contrer les pensĂ©es dĂ©lirantes », selon le chercheur Jared Moore de Stanford. Vie McCoy, directrice technique de Morpheus Systems, a pu constater de son cĂŽtĂ© que dans 68 % des cas, GPT-4o confirme les affirmations dĂ©lirantes des utilisateurs.

Plus intĂ©ressant encore, pour l’ensemble des LLM qu’elle a soumis Ă  l’évaluation lancĂ©e alors que la mĂšre d’un ami s’était trouvĂ©e en Ă©tat de « psychose spirituelle » aprĂšs avoir communiquĂ© avec un chatbot, l’affirmation dĂ©lirante consistant en la croyance de l’utilisateur qu’il communiquait avec des esprits et qu’il Ă©tait lui-mĂȘme une « entitĂ© divine ».

 

« Vous serez comme des dieux »


« Vous serez comme des dieux » : au fond, c’est le premier mensonge auquel l’humanitĂ©, ne se fiant plus Ă  Dieu, s’est trouvĂ© confrontĂ©.

 

Des spĂ©cialistes de l’IA plaident dĂ©sormais pour que les utilisateurs potentiels soient formĂ©s quant au caractĂšre potentiellement inexact ou nocif des rĂ©ponses des LLM et aux limites du systĂšme, et que des rappels rĂ©guliers Ă  ce sujet ponctuent leurs Ă©changes virtuels.

 

Si les constructeurs de ces modĂšles de langage sont prĂȘts Ă  agir en ce sens, dira-t-on, c’est que tout cela est innocent et qu’il suffit de diffuser des conseils de prudence face Ă  un outil moralement neutre.

 

Mais c’est un peu facile. Il n’est pas seulement question d’« hallucinations » – d’erreurs objectives du chatbot – ou de conseils mal avisĂ©s, mais bien de pousser des ĂȘtres humains vers le mal, en rejetant Ă  la fois la vĂ©ritĂ© et le bien, avec des consĂ©quences mortelles pour les familles, les corps, les Ăąmes.

 

Il faut faire un dessin ? C’est la culture de mort qui envahit tout.

 

Jeanne Smits RITV

Quand la Mairie de Paris canonise la fraĂźcheur !

19/06/2025

Quand la Mairie de Paris canonise la fraĂźcheur !

Alors que le thermomĂštre s'apprĂȘte Ă  flirter dangereusement avec des tempĂ©ratures dignes d'un dĂ©sert californien (on parle de canicule, oui oui), la Mairie de Paris a eu une illumination. Exit les clichĂ©s, bonjour les bonnes vieilles pierres ! Leur site "Ăźlots de fraĂźcheur" s'est enrichi d'une nouvelle catĂ©gorie qui va faire jaser les athĂ©es et rĂ©jouir les fidĂšles : les lieux de culte.

 

Oui, vous avez bien lu. Finies les longues recherches pour un cafĂ© avec terrasse ventilĂ©e, direction Saint-MĂ©dard, Sainte-Marie des Batignolles ou Saint-Louis. Parce que, soyons honnĂȘtes, qui n'a jamais rĂȘvĂ© de se rĂ©fugier sous une voĂ»te centenaire pour Ă©chapper Ă  l'asphalte brĂ»lant ? Les murs Ă©pais de nos Ă©glises, ces merveilles architecturales, offrent naturellement un refuge contre les tempĂ©ratures dignes d'un four Ă  pain. On se demande mĂȘme si les architectes de l'Ă©poque n'avaient pas dĂ©jĂ  anticipĂ© le rĂ©chauffement climatique. Des visionnaires, on vous dit !

 

L'ironie divine de la canicule
Mais le plus croustillant dans cette histoire, c'est l'ironie dĂ©licieuse qu'elle dĂ©gage. Dans une sociĂ©tĂ© oĂč l'on a parfois l'impression que la religion est relĂ©guĂ©e au rang de relique du passĂ©, voilĂ  que les Ă©glises reviennent sur le devant de la scĂšne, non pas pour prĂȘcher la bonne parole qui se fait rare en certains lieux, mais pour nous sauver de l'enfer... de la canicule ! Qui aurait cru que la RĂ©demption viendrait d'un bon vieux bĂątiment en pierre ?

 

Donc, la prochaine fois que vous sentirez la chaleur vous monter Ă  la tĂȘte et que l'air conditionnĂ© des grands magasins vous fera de l'Ɠil, pensez-y : le salut est peut-ĂȘtre Ă  quelques pas, derriĂšre les lourdes portes d'une Ă©glise. Vous y trouverez non seulement la bonne tempĂ©rature, mais aussi, pour sĂ»r, Dieu et sa grĂące qui donnera abondance de fraĂźcheur Ă  votre coeur dessĂ©chĂ©, assoiffĂ©.

 

Alors, prĂȘts Ă  ĂȘtre abreuvĂ© de l'Amour rafraĂźchissant de Dieu ?

SMR