Le blog du Temps de l'Immaculée.

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Rétropédalage américain de l'idéologie woke : une leçon pour l'Eglise

31/03/2025

Rétropédalage américain de l'idéologie woke : une leçon pour l'Eglise

En Italie, parmi les intellectuels, certaines voix Ă©minentes ont commencĂ© Ă  s’exprimer sur un ton autocritique.

 

Le 6 mars, dans une interview accordĂ©e Ă  « la Repubblica » – le principal quotidien de la culture progressiste –, Giuliano Amato , 86 ans, juriste et homme politique de gauche, ancien Premier ministre, ancien prĂ©sident de la Cour constitutionnelle et plusieurs fois candidat Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique, attribuait Ă©galement la dĂ©faite Ă  « des dĂ©mocrates convaincus comme moi, qui au cours des cinquante derniĂšres annĂ©es ont soutenu toute bataille progressiste sans se rendre compte avec le temps de l’éloignement croissant, parfois excessif, par rapport aux valeurs traditionnelles qui unissent nos sociĂ©tĂ©s ». C’est-Ă -dire sans comprendre qu’« une dĂ©mocratie libĂ©rale ne s’affaiblit pas si l’on accepte des libertĂ©s plus limitĂ©es et une certaine coexistence avec les valeurs traditionnelles ».

 

A la suite d'Amato, sur un ton encore plus explicite, Ernesto Galli della Loggia , 82 ans, professeur d'histoire contemporaine, écrit dans un éditorial du « Corriere della Sera » du 12 mars :

« Qu'il s'agisse de la reproduction de la vie ou des formes de la mort, des caractéristiques de la parentalité ou de la morale sexuelle, du sens de la famille, de la paix et de la guerre, de la transformation de chaque besoin en droit, toute l'Italie qui se considérait comme progressiste embrassait invariablement le parti du "politiquement correct", avec une attitude de prétendue supériorité, voire d'hostilité pure et simple, envers ceux qui pensaient différemment. »

 

Tout cela sans se rendre compte que, « pour une grande partie des classes populaires, cette hégémonie du « novismo » signifiait une rupture douloureuse avec leur identité, encore profondément enracinée dans le passé pour mille raisons ».

 

Comme Amato, Galli della Loggia a averti les Ă©lites « de ne pas se replier sur elles-mĂȘmes, mais de rester ouvertes et d’écouter toutes les voix de la sociĂ©tĂ©, sans faire taire celles qu’elles n’aiment pas ». Sinon, le vote « les punira tĂŽt ou tard », comme cela s’est produit aux États-Unis avec Trump, Ă  propos duquel « il appartient avant tout aux Ă©lites europĂ©ennes de s’allier Ă  leurs peuples pour contrecarrer leurs plans ».

 

Une troisiĂšme intervention dans la mĂȘme veine fut celle de Giuliano Ferrara , 73 ans, dans « Il Foglio » le 13 mars. Sa voix n'est pas nouvelle pour critiquer le « silence culturel des progressistes », mais cette fois, elle rappelait qu'Amato – bien que non croyant, comme Galli della Loggia et Ferrara lui-mĂȘme – « avait exprimĂ© des doutes, voire davantage, sur l'avortement », lorsque les Ă©lites progressistes cherchaient Ă  en faire « un droit absolu et inconditionnel ».

 

« À cause de ces objections Ă©thiques », a ajoutĂ© Ferrara, « Amato a rencontrĂ© quelques difficultĂ©s, car le progressisme moral peut ĂȘtre agressif et censurĂ©, mais il a agi avec prudence, comme c'est son style, et s'en est sorti indemne. » De plus, « il frĂ©quentait le « Parvis des Gentils », une magnifique institution culturelle conçue sous Ratzinger et Ruini, pour discuter, avec ouverture et non-dĂ©nominationalisme, Ă  l'intĂ©rieur et Ă  l'extĂ©rieur de l'Église, des grandes questions Ă©thiques, parmi lesquelles la fin de vie, qui est l'expression modeste ou euphĂ©miste d'un autre « droit » qui finira bientĂŽt dans une constitution europĂ©enne : le droit de mourir. »

 

Avec un avertissement important, que Ferrara a développé dans un article ultérieur dans « Il Foglio » du 22 mars, reprenant les thÚses du célÚbre essai « La Révolte des masses » (1930) du philosophe espagnol José Ortega y Gasset .

 

Car s’il est vrai que Trump aux États-Unis a capitalisĂ© sur la rĂ©bellion de masse contre les idĂ©ologies des Ă©lites progressistes, il est Ă©galement Ă©vident Ă  quel point ce soutien populaire est devenu un instrument de dĂ©magogie dĂ©bridĂ©e.

 

Dans les annĂ©es 1930, en Europe, la rĂ©bellion des masses a ouvert la voie Ă  de terribles solutions autoritaires. Et aujourd'hui ? Il est crucial, Ă©crit Ferrara, « de trouver un moyen de refonder la culture des Ă©lites et de lancer de nouveaux modĂšles d’agrĂ©gation de masse compatibles avec l’ordre libĂ©ral de la dĂ©mocratie politique. »

 

*

 

Et dans l’Église ? Ici aussi, les formations subordonnĂ©es Ă  l’idĂ©ologie des Ă©lites progressistes ne manquent pas, mĂȘme si elles contredisent leurs propos ou font face Ă  des rĂ©bellions gĂ©nĂ©ralisĂ©es.

 

L'approbation par le Saint-SiĂšge de la bĂ©nĂ©diction des couples de mĂȘme sexe Ă  la fin de 2023 a suscitĂ© des protestations de la part de toutes les confĂ©rences Ă©piscopales d'Afrique subsaharienne, ainsi que de secteurs importants de l'Église sur d'autres continents.

Bien que le pape François se soit prononcĂ© Ă  plusieurs reprises contre l’idĂ©ologie du genre, la vĂ©ritĂ© est que l’opinion publique le perçoit comme beaucoup plus inclusif qu’exclusif. Son image est celle d'un Pape qui ouvre les portes Ă  « tout le monde, tout le monde, tout le monde » et qui s'abstient de tout avertissement ou de toute condamnation, au nom du « qui suis-je pour juger ?

 

De plus, la vision profondĂ©ment anti-occidentale de François – bien documentĂ©e dans le rĂ©cent livre de l’historien Loris Zanatta, « Bergoglio : une biographie politique » – le rend sensible aux principes de la « cancel culture », qui cherche Ă  effacer des siĂšcles entiers d’histoire en les blĂąmant en masse. Sa critique fĂ©roce des traditionalistes renforce Ă©galement son image d’initiateur d’une voie nouvelle et immaculĂ©e pour l’Église, hostile Ă  un passĂ© sombre pour lequel on ne peut que demander pardon.

 

Une soumission retentissante du pape à la « cancel culture » a eu lieu lors de son voyage au Canada en juillet 2022 (voir photo).

 

L'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, dans ce pays, l'existence de fosses communes contenant des centaines d'enfants autochtones enterrĂ©s prĂšs d'Ă©coles catholiques et anglicanes, oĂč ils Ă©taient contraints de rester, maltraitĂ©s et sĂ©parĂ©s de leurs familles et de leurs tribus pour ĂȘtre « rĂ©Ă©duquĂ©s », avait Ă©tĂ© rapportĂ©e en grande pompe. Les tombes n'avaient pas encore Ă©tĂ© dĂ©couvertes ni fouillĂ©es, et une commission d'enquĂȘte avait Ă©tĂ© mise en place pour clarifier les faits, mais des demandes immĂ©diates ont Ă©tĂ© formulĂ©es pour que les Ă©vĂȘques et le pape prĂ©sentent des excuses publiques pour ce crime. C'est ce qui s'est passĂ© avec un François contrit qui, au Canada, s'est exprimĂ© durement contre le colonialisme et le racisme, dont l'Église a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e complice, allant mĂȘme jusqu'Ă  qualifier la mort de ces enfants de « gĂ©nocide ».

 

Tout cela sans aucune preuve de l'existence rĂ©elle de ces tombes, au point qu'aprĂšs trois ans de recherches infructueuses, le gouvernement de Justin Trudeau a fermĂ© la commission d'enquĂȘte dĂ©but mars. Toutefois, les incendies et la destruction de plus de 100 Ă©glises, commis en reprĂ©sailles Ă  ce comportement criminel prĂ©sumĂ©, ont Ă©galement Ă©tĂ© enregistrĂ©s.

 

Une autre violation grave de la « cancel culture » a Ă©tĂ© constatĂ©e lors du synode amazonien d’octobre 2019, une fois de plus contre le colonialisme, dont l’Église serait complice.

 

Pour François, l'un des objectifs de ce synode était de valoriser les tribus amazoniennes dans leur innocence originelle, dans leur « bien vivre » archaïque, dans une heureuse symbiose entre l'homme et la nature, avant qu'elle ne soit corrompue et pervertie par les colonisateurs civils et ecclésiastiques.

 

Seule cette « bonne vie » idyllique s'est avérée inclure, dans certaines tribus, des infanticides et des morts infligées aux personnes ùgées, justifiés par le but déclaré d'assurer un équilibre « dans la taille de la famille et dans l'étendue des groupes » et de « ne pas forcer l'esprit des personnes ùgées à rester enchaßné au corps, sans pouvoir continuer à diffuser ses bienfaits au reste de la famille ».

 

Des paroles prononcĂ©es avec un dĂ©tachement imperturbable par un Ă©vĂȘque amazonien et un expert brĂ©silien appelĂ© comme consultant, lors de deux des confĂ©rences de presse accompagnant les travaux synodaux.

 

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Sandro Magister a été une signature historique, en tant que vaticaniste, de l'hebdomadaire « L'Espresso ».
Les derniers articles en espagnol de son blog Settimo Cielo sont sur cette page .
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Saint Thomas d'Aquin et la crise de l'Ă©cole

30/03/2025

Saint Thomas d'Aquin et la crise de l'Ă©cole

Idées et faits importants :

 

Critique du débat actuel sur l'école : L'auteur critique le débat contemporain sur l'école, illustré par la confrontation entre François Dubet (promoteur de la déconstruction de l'école) et Gabriel Attal (partisan du retour de l'autorité). Il estime que ces deux positions, bien qu'opposées en apparence (inégalités vs. discipline), partagent une vision utilitariste et libérale de l'école, visant à "fabriquer des républicains, engendrer des citoyens éclairés et émancipés de toute appartenance singuliÚre."


L'absence de dimension métaphysique : Tournyol du Clos déplore que le débat actuel soit enfermé dans un horizon politique et ne prenne pas en compte la dimension métaphysique de l'éducation. Il regrette que l'on ne convoque pas des penseurs comme Thomas d'Aquin pour élargir la réflexion au-delà des statistiques et des classements PISA.


Dieu comme enseignant par excellence : Un des premiers arguments de l'auteur est la nĂ©cessitĂ© de considĂ©rer Dieu comme l'enseignant suprĂȘme. Il cite le psaume 93 ("Heureux l’homme que tu instruis, YahvĂ©, et que tu enseignes par ta loi") pour illustrer cette idĂ©e. Selon Thomas d'Aquin, se couper de cette "Intelligence premiĂšre" est une impasse pour la formation des intelligences. L'auteur souligne que la vie chrĂ©tienne, avec ses Ă©preuves, vise Ă  conformer l'homme au Christ.


La primautĂ© de la vie spirituelle et mystique : L'article met en avant la vie spirituelle et mystique de Thomas d'Aquin comme fondement de sa vitalitĂ© intellectuelle et pĂ©dagogique. La citation du Livre de la Sagesse ("J’ai priĂ©, et l’intelligence m’a Ă©tĂ© donnĂ©e ; j’ai invoquĂ©, et l’esprit de sagesse est venu en moi") appuie l'idĂ©e que l'intelligence et la sagesse sont des dons reçus d'en haut. L'auteur suggĂšre que cette intuition, au cƓur de l'enseignement catholique, manque profondĂ©ment Ă  l'Ă©cole laĂŻque.


Le but de l'éducation : la contemplation de la vérité : Pour Thomas d'Aquin, la finalité de l'éducation n'est pas utilitariste mais vise à conduire à l'"état parfait de la vertu", principalement la prudence. L'éducation permet à l'homme de réaliser sa nature rationnelle et sa capacité à contempler la vérité. L'auteur insiste sur le caractÚre singulier de cette capacité intellectuelle en chaque individu, s'opposant ainsi à une vision purement quantitative ou uniformisée de l'intelligence.


La vĂ©ritĂ© comme "adequatio rei et intellectus" : L'article rappelle la dĂ©finition thomiste de la vĂ©ritĂ© comme "l’adĂ©quation de l’intelligence au rĂ©el". Il souligne que le thomisme n'est pas un systĂšme philosophique fermĂ© mais une invitation Ă  conformer notre esprit Ă  l'Esprit du CrĂ©ateur en s'appuyant sur le monde crĂ©Ă©. L'auteur cite Chesterton pour illustrer cette approche ancrĂ©e dans la rĂ©alitĂ© observable ("« La philosophie de saint Thomas prend pour point de dĂ©part la conviction universelle qu’un Ɠuf est un Ɠuf. »").


La relation pédagogique renouvelée : L'auteur propose une nouvelle perspective sur la relation maßtre-élÚve, distincte des visions actuelles (renforcement artificiel de l'autorité ou horizontalité totale). Pour Thomas d'Aquin, le maßtre n'est pas un simple transmetteur de savoir mais celui qui guide l'élÚve à développer ses propres capacités intellectuelles par le dialogue, l'enseignement et l'expérience.


Le rĂŽle du maĂźtre : guider vers les premiers principes : Le rĂŽle essentiel du maĂźtre est d'aider l'Ă©lĂšve Ă  comprendre comment les Ă©noncĂ©s se rattachent aux "premiers principes", des vĂ©ritĂ©s universelles et Ă©videntes. L'objectif n'est pas de "verser sa science" mais de permettre Ă  l'Ă©lĂšve d'accĂ©der Ă  un raisonnement personnel en s'appuyant sur ces principes et l'expĂ©rience. ("« L’intellect ne se trompe pas si l’on fait correctement la rĂ©duction aux premiers principes. »")


Éloge de la transmission : La tribune conclut en soulignant l'actualitĂ© de la pensĂ©e de Thomas d'Aquin et son encouragement Ă  la transmission du savoir comme moyen de former des libertĂ©s singuliĂšres. L'auteur cite une phrase de la Somme thĂ©ologique pour illustrer cet Ă©loge de la transmission : "« En effet, il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ; de mĂȘme est-il plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplĂ© que de contempler seulement. »"


Conclusion 

 

La tribune d'Ambroise Tournyol du Clos propose une critique stimulante des débats contemporains sur l'école en convoquant la pensée de saint Thomas d'Aquin. Elle suggÚre que pour surmonter la crise actuelle, il est nécessaire de réintroduire une dimension métaphysique dans la réflexion sur l'éducation, de considérer Dieu comme source ultime de l'enseignement, de recentrer le but de l'école sur la contemplation de la vérité, et de repenser la relation pédagogique comme un accompagnement vers le développement de la raison et de la pensée autonome chez l'élÚve, en s'appuyant sur des principes fondamentaux et l'expérience. La tribune invite ainsi à dépasser les clivages politiques actuels pour envisager une vision plus profonde et spirituelle de l'éducation.

 

Source : le JDD qui semble t il n'est plus seulement le réceptacle des potins parisiens !

La Croix, le journal catholique en quĂȘte d’un nouveau paysage religieux ?

30/03/2025

La Croix, le journal catholique en quĂȘte d’un nouveau paysage religieux ?

L'article de Tribune ChrĂ©tienne critique vivement le journal catholique La Croix, affirmant qu'il s'Ă©loigne de ses racines traditionnelles. L'auteur, Philippe Marie, soutient que La Croix promeut une idĂ©ologie "wokiste" et tend Ă  prĂ©senter l'islam sur un pied d'Ă©galitĂ© avec le christianisme, tout en se montrant critique envers l'Église catholique. Il dĂ©plore des choix Ă©ditoriaux et un alignement sur des positions progressistes, y voyant une trahison de l'identitĂ© catholique du journal. L'article mentionne Ă©galement les difficultĂ©s financiĂšres de La Croix et son incertain avenir face Ă  un lectorat vieillissant.

Extraits :

« La Croix surfe sur sa notoriĂ©tĂ©, mais le niveau baisse un peu plus chaque jour. Le problĂšme, c’est qu’ils jouent de leur lĂ©gitimitĂ© historique pour continuer Ă  s’imposer dans les sĂ©minaires français et auprĂšs des gens de l’Église. C’est dommage qu’ils aient Ă©tĂ© rattrapĂ©s par l’idĂ©ologie. »

 

"La rĂ©cente dĂ©cision de La Croix de quitter le rĂ©seau social X (anciennement Twitter), Ă  l’instar de certaines figures de la gauche et de l’extrĂȘme-gauche, tĂ©moigne de cette dĂ©rive."

 

"À qui cela profite-t-il ? Quel est l’objectif affichĂ© et dissimulĂ© de cette posture ? L’inquiĂ©tude est d’autant plus grande lorsque La Croix se fait le porte-voix de l’islam, en publiant des portraits d’imams qui ne se contentent pas de prĂ©senter leur fonction spirituelle mais en viennent Ă  occuper un « espace idĂ©ologique » qui n’est plus celui d’un journal catholique."

 

"C’est un Évangile sauce wokiste que nous sert La Croix ; on y va de l’inclusivitĂ© comme Ă©tendard, justifiant tout, permettant tout et
 cassant tout
 cassant surtout la rĂ©alitĂ© et l’exigence du message d’amour de la doctrine chrĂ©tienne : cĂ©libat des prĂȘtres, sacralitĂ© des lieux, avortement dans certains cas, euthanasie reformulĂ©e ..."

 

"...un journal catholique digne de ce nom devrait, a minima, respecter ses lecteurs et faire preuve de cohĂ©rence. Reste peut-ĂȘtre Ă  changer de nom pour atteindre cette cohĂ©rence
"

 

Reste que tant que La Croix, considĂ©rĂ© comme le journal officieux de l'Ă©piscopat, sera diffusĂ© d'office dans toutes les paroisses sans qu'aucun Ă©vĂȘque ne bronche, ce quotidien garde malgrĂ© des difficultĂ©s financiĂšres de beaux jours devant lui.

Ah si, Mgr Aillet en 2021 avait pris la dĂ©fense de son confrĂšre Mgr Cattenoz attaquĂ© par La Croix. L’évĂȘque de Bayonne commentait ainsi cette diatribe : « Le lynchage mĂ©diatique de Mgr Cattenoz auquel se prĂȘte La Croix est particuliĂšrement indĂ©cent. C’est un scandale contre l’unitĂ© et la charitĂ©. Les catholiques soucieux de communion et adeptes de “Fratelli tutti” seraient en droit de boycotter ce quotidien. » 

 

En conclusion, le célÚbre diction "lire La Croix, c'est aussi la porter" garde sa pertinence.

 

 

 

 

Pour une vraie fécondité de la vie chrétienne, passons par Marie

29/03/2025

Pour une vraie fécondité de la vie chrétienne, passons par Marie

La piĂ©tĂ© mariale trouve son origine en cette invitation adressĂ©e Ă  saint Joseph et saint Jean, et nous est donnĂ©e en hĂ©ritage. Notre RĂšgle de Vie traduit cette invitation par ces mots : « JĂ©sus nous appelle Ă  lui jusqu’à nous faire partager son amour filial pour sa MĂšre et nous charger de rĂ©vĂ©ler le don qu’il fait d’elle aux hommes. » Pour atteindre la plĂ©nitude de la stature du Christ, pour croĂźtre dans l’ordre de la grĂące, il faut vivre dans l’intimitĂ© de la MĂšre de Dieu. C’est l’expĂ©rience de l’abbĂ© Desgenette et du pĂšre Lamy : ils dĂ©sespĂšrent de l’inutilitĂ© de leurs efforts
 Ils invoquent Marie
 Une fĂ©conditĂ© inespĂ©rĂ©e leur est donnĂ©e.

 

Cette expĂ©rience est une bonne nouvelle pour chacun d’entre nous ! Car nous pouvons ĂȘtre visitĂ© par l’épreuve comme ces deux curĂ©s ; Ă©preuves de la sĂ©paration d’avec un ĂȘtre cher, de la sensation d’ĂȘtre oubliĂ©, de l’inutilitĂ© de nos efforts, du vieillissement, de la difficultĂ© de transmettre ce que nous avons reçu, de l’incomprĂ©hension face Ă  nos propres rĂ©actions


 

Dans ces situations, nous recherchons du sens. En emboĂźtant le pas du pĂšre Lamy, attention, cependant de ne pas confondre fĂ©conditĂ© et succĂšs ou solution magique. Il s’agit d’une fĂ©conditĂ© dans l’ordre de la grĂące.

 

Liminaire Bulletin des Serviteurs

www.serviteurs.org

"Il existe des cas en dehors de la rĂšgle"

28/03/2025

"Il existe des cas en dehors de la rĂšgle"

Le document de FernĂĄndez a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© pour rĂ©pondre Ă  certaines critiques, mais il prĂ©sente lui-mĂȘme plusieurs aspects critiques. L’un d’entre eux concerne certainement la question des traitements mĂ©dicaux visant Ă  ce qu’on appelle « changement » de sexe.

Le document, qui dĂ©nonce l’idĂ©ologie du genre, rappelle la condamnation de ces interventions dĂ©jĂ  prĂ©sente dans Dignitas Infinita, mais si dans Dignitas la condamnation Ă©tait absolue, c’est-Ă -dire qu’elle ne permettait pas d’exceptions, dans le rĂ©cent document signĂ© par FernĂĄndez, il y en a une qui est dĂ©cisive.

FernĂĄndez Ă©crit :

 

Nous ne voulons pas ĂȘtre cruels et dire que nous ne comprenons pas les conditionnements des personnes et la profonde souffrance qui existe dans certains cas de « dysphorie » qui se manifeste dĂšs l’enfance. Quand le document [Dignitas infinita] utilise l’expression «en rĂšgle gĂ©nĂ©rale [« di norma », ndt]», il n’exclut pas qu‘il existe des cas en dehors de la rĂšgle, comme les dysphories sĂ©vĂšres qui peuvent conduire Ă  une existence insupportable ou mĂȘme au suicide. Ces situations exceptionnelles doivent ĂȘtre Ă©valuĂ©es avec le plus grand soin.

 

ArrĂȘtons notre attention lĂ  oĂč le prĂ©fet se rĂ©fĂšre Ă  Dignitas infinita en citant les mots «en rĂšgle gĂ©nĂ©rale». Reprenons le passage concernĂ© de Dignitas infinita :

 

Toute opĂ©ration de changement de sexe risque, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, de menacer la dignitĂ© unique que la personne a reçue dĂšs le moment de la conception. Cela n’exclut pas la possibilitĂ© qu’une personne prĂ©sentant des anomalies des organes gĂ©nitaux dĂ©jĂ  Ă©videntes Ă  la naissance ou qui se dĂ©veloppent ultĂ©rieurement choisisse de recevoir une assistance mĂ©dicale dans le but de rĂ©soudre ces anomalies. Dans ce cas, l’intervention ne constituerait pas un changement de sexe au sens oĂč on l’entend ici.

 

En substance, Dignitas Infinita affirme correctement: non aux interventions sur l’appareil reproducteur si l’objectif est de tenter, sans y parvenir, de changer l’identitĂ© sexuelle. Oui aux mĂȘmes interventions si elles visent Ă  confirmer l’identitĂ© sexuelle, c’est-Ă -dire si elles sont thĂ©rapeutiques en modifiant l’appareil reproducteur pour le mettre en conformitĂ© avec le patrimoine gĂ©nĂ©tique, qui est la rĂ©fĂ©rence premiĂšre pour comprendre Ă  quel sexe une personne appartient. En effet, en raison de certaines pathologies, il peut arriver que les organes reproducteurs ne correspondent pas, morphologiquement et Ă  des degrĂ©s divers, aux chromosomes XY ou XX de la personne. C’est pourquoi Dignitas infinita utilise l’expression «en rĂšgle gĂ©nĂ©rale» : elle veut affirmer que dans la majoritĂ© des cas (en rĂšgle gĂ©nĂ©rale), de telles interventions doivent ĂȘtre condamnĂ©es, Ă  l’exception prĂ©cisĂ©ment de celles qui sont de nature thĂ©rapeutique.

 

Comme nous l’avons mentionnĂ©, FernĂĄndez reprend dans son document l’expression « en rĂšgle gĂ©nĂ©rale » que l’on trouve dans Dignitas infinita. Nous avons vu que cette expression est utilisĂ©e par Dignitas infinita en relation avec les interventions sur les organes gĂ©nitaux. Il est donc justifiĂ© de considĂ©rer que FernĂĄndez l’utilise Ă©galement en rĂ©fĂ©rence Ă  ces mĂȘmes interventions.

 

Mais ici, si nous relisons le texte de FernĂĄndez, nous dĂ©couvrons qu’il considĂšre ces interventions comme illicites, sauf en cas de dysphorie grave et, implicitement, en cas de traitement thĂ©rapeutique. Le prĂ©fet considĂšre donc ces interventions comme licites mĂȘme dans le cas condamnĂ© par Dignitas infinita, c’est-Ă -dire lorsqu’elles servent Ă  contredire l’identitĂ© sexuelle, Ă  condition que la dysphorie soit grave et comporte des risques sĂ©rieux pour la personne. L’interdiction ne concerne donc pas, comme dans Dignitas infinita, le type moral de l’acte – les traitements pour « changer » de sexe – mais seulement la condition qui motive l’intervention : non aux interventions oĂč la dysphorie est lĂ©gĂšre. En bref : pour le prĂ©fet, le « changement » de sexe est moralement acceptable dĂšs que la dysphorie est grave.

 

Mais les interventions chirurgicales qui contredisent le sexe gĂ©nĂ©tique sont des actions intrinsĂšquement mauvaises et le restent au-delĂ  des conditions qui les motivent. Le principe « oui au changement de sexe » a donc Ă©tĂ© acceptĂ© par le cardinal FernĂĄndez. Une fois le principe acceptĂ©, des cas limites, on passe par cohĂ©rence logique aux cas courants, de l’exceptionnel au normal.

 

Donc FernĂĄndez rappelle le « en rĂšgle gĂ©nĂ©rale » contenue dans Dignitas infinita de maniĂšre indue : en effet, il le rappelle pour lĂ©gitimer le « changement » de sexe dans un sens qui, cependant, est opposĂ© Ă  celui indiquĂ© par le document Dignitas infinita lui-mĂȘme. Ce dernier affirme que les interventions sur les organes gĂ©nitaux sont en rĂšgle gĂ©nĂ©rale censurables sauf lorsqu’elles sont pratiquĂ©es Ă  des fins thĂ©rapeutiques ; FernĂĄndez affirme que les interventions sur les organes gĂ©nitaux sont en rĂšgle gĂ©nĂ©rale censurables sauf lorsque la dysphorie est accentuĂ©e (et lorsque la finalitĂ© est thĂ©rapeutique).

 

Conclusion: le Préfet du DicastÚre pour la Doctrine de la Foi qualifie la condition transsexuelle de moralement acceptable.

 

NDT (BenoĂźt et moi) [*]
Est-ce un hasard si cette note Ă©voque le film « Conclave »? Dans la fiction, le dĂ©funt pape (ressemblant comme deux gouttes d’eau Ă  François), avant de mourir, avait financĂ© pour son futur successeur un traitement dans une clinique genevoise spĂ©cialisĂ©e dans la chirurgie rĂ©paratrice, disons, des « erreurs de la nature ».

On y est dĂ©jĂ , et bien plus tĂŽt qu’on aurait pu penser!

 

 

Interview au National Catholic Register

28/03/2025

Interview au National Catholic Register

 

L'ancien Ă©vĂȘque emblĂ©matique du diocĂšse de FrĂ©jus-Toulon en France Ă©voque les raisons profondes de son rĂ©cent dĂ©part et rĂ©flĂ©chit Ă  l'avenir de l'Église catholique.

 

27 mars 2025
Mgr Dominique Rey Ă©tait connu dans toute la France et au-delĂ  pour avoir fait de son diocĂšse un laboratoire de renouveau de la foi. Pendant 25 ans, Mgr Rey a dirigĂ© le diocĂšse de FrĂ©jus-Toulon, dans le sud de la France, accueillant des communautĂ©s traditionalistes et charismatiques, dirigeant ainsi un siĂšge devenu un pĂŽle d'Ă©panouissement pour de nouvelles vocations. 

 

En janvier, sa dĂ©mission inattendue Ă  l’ñge de 72 ans – trois ans avant la limite d’ñge habituelle pour les Ă©vĂȘques diocĂ©sains – a soulevĂ© des questions sur les raisons sous-jacentes de sa dĂ©cision.

 

Le dĂ©part de Mgr Rey n'Ă©tait cependant pas anodin. En juin 2022, le pape François lui avait dĂ©jĂ  interdit d'ordonner de nouveaux prĂȘtres dans le diocĂšse, une mesure trĂšs inhabituelle. Une visite apostolique a suivi , conduisant Ă  la nomination de Mgr François Touvet comme coadjuteur en novembre 2023. Cette mesure a placĂ© Mgr Rey sous tutelle, Mgr Touvet partageant la gouvernance diocĂ©saine. Officiellement, l'Ă©vĂȘque emblĂ©matique aurait pu rester en fonction jusqu'Ă  son 75e anniversaire, en 2027, mais sa position Ă©tait devenue de plus en plus intenable. 

 

Un revirement « surprenant » 

 

Dans une interview accordée au Register le 21 mars, Mgr Rey a qualifié de surprenant le contexte de sa démission. Il a en effet rappelé que, lors de sa visite apostolique, le pape François l'avait initialement encouragé à rester. « Le pape m'a dit de ne pas démissionner, qu'on avait besoin de moi », a-t-il déclaré. Quelques mois plus tard, cependant, il a été informé que le Vatican avait changé d'avis. « Le pape prend les décisions », a-t-il déclaré, « mais il est clair qu'il s'est appuyé sur les réflexions et les recommandations de ceux qui avaient traité le dossier. »

 

MalgrĂ© les circonstances difficiles, Mgr Rey a dĂ©clarĂ© avoir acceptĂ© cette dĂ©cision par fidĂ©litĂ© Ă  l'Église. « Chaque crise est l'occasion de revenir Ă  l'essentiel », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Face aux difficultĂ©s, on peut sombrer dans le dĂ©couragement ou la rĂ©bellion, mais j'ai choisi de rester fidĂšle au Saint-PĂšre. »

 

Le Saint-SiĂšge, pour sa part, n'a fourni aucun dĂ©tail supplĂ©mentaire sur les raisons pour lesquelles le pape a demandĂ© le dĂ©part du prĂ©lat. Un communiquĂ© de presse publiĂ© le 7 janvier fait uniquement rĂ©fĂ©rence Ă  l'acceptation de la dĂ©mission du prĂ©lat. 

 

Mais les circonstances de son retrait rĂ©vĂšlent des tensions plus profondes au sein de la hiĂ©rarchie ecclĂ©siastique. Les principales accusations portĂ©es contre l'Ă©vĂȘque lors de la visite apostolique concernaient une prĂ©tendue mauvaise gestion financiĂšre et un manque de discernement dans l'approbation de certaines ordinations. Mais, tout en reconnaissant l'existence de difficultĂ©s financiĂšres sous sa direction, il en relativise l'importance. 

 

« Certaines dĂ©cisions ont pu ĂȘtre contestables », a-t-il dĂ©clarĂ©, « mais, globalement, la situation financiĂšre du diocĂšse est comparable Ă  celle de nombreux autres diocĂšses de France. » De mĂȘme, il a rappelĂ© que les problĂšmes liĂ©s Ă  la formation des prĂȘtres et aux ordinations n'Ă©taient pas sans prĂ©cĂ©dent dans le pays. 

 

NĂ©anmoins, ces points ont fourni au Vatican un cadre formel pour intervenir. Selon Jean-Marie GuĂ©nois du Figaro , le malaise du pape François face Ă  l'influence traditionaliste pourrait Ă©galement avoir Ă©tĂ© un facteur dĂ©terminant dans le dĂ©part de Mgr Rey. 

 

L'expert du Vatican a affirmĂ© que le Saint-PĂšre avait cherchĂ© Ă  limiter l'influence des groupes traditionalistes et Ă  exercer un contrĂŽle accru sur les « nouvelles communautĂ©s » – souvent des mouvements charismatiques qui opĂšrent indĂ©pendamment des structures diocĂ©saines. L'approche de Mgr Rey, qui consistait Ă  accueillir largement les deux courants, a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© jugĂ©e trop risquĂ©e.

 

« J'ai parfois pris des risques, avec une approche missionnaire audacieuse », a-t-il commentĂ©. « Mais comme je le dis souvent, si vous laissez la voiture au garage, vous n'aurez jamais d'accident. JĂ©sus lui-mĂȘme a pris des risques. Et cette audace a aussi portĂ© ses fruits : des vocations, une forte prĂ©sence pastorale et un solide rĂ©seau de paroisses et de communautĂ©s. » 

 

Mgr Rey a ajoutĂ© que dans un contexte de dĂ©christianisation galopante, la contribution de ces communautĂ©s a souvent rĂ©activĂ© les dynamiques pastorales. 

Au dĂ©but de son Ă©piscopat, il a beaucoup voyagĂ© pour Ă©tudier diffĂ©rents modĂšles de dynamisme missionnaire. Il a visitĂ© l'AmĂ©rique latine, l'Afrique et les États-Unis, oĂč il a observĂ© l'Ă©panouissement de l'Église dans divers contextes culturels et sociaux. 

« J'ai toujours donnĂ© la prioritĂ© Ă  la mission », explique-t-il. « Mon engagement personnel et professionnel a Ă©tĂ© centrĂ© sur l'Ă©vangĂ©lisation et le dĂ©sir de faire de l'Église une communautĂ© missionnaire dans une sociĂ©tĂ© sĂ©cularisĂ©e, oĂč la matrice culturelle du christianisme s'Ă©rode rapidement. »

 

Un chemin pour les communautés traditionalistes

 

Fort de ses annĂ©es d'expĂ©rience, le prĂ©lat français estime que la relation de l'Église avec les communautĂ©s attachĂ©es Ă  la messe traditionnelle latine doit ĂȘtre fondĂ©e Ă  la fois sur une sensibilitĂ© pastorale et sur des orientations claires. Il insiste sur le fait que l'Église doit ĂȘtre Ă  l'Ă©coute des jeunes attirĂ©s par la forme traditionnelle de la liturgie.

 

« Beaucoup d'entre eux ne viennent pas du monde traditionaliste, mais sont des convertis, des catĂ©chumĂšnes, des personnes en quĂȘte de racines spirituelles », a-t-il expliquĂ©, ajoutant que beaucoup pourraient tout aussi bien se rendre en pĂšlerinage Ă  Paray-le-Monial (de la communautĂ© charismatique de l'Emmanuel) qu'Ă  Chartres (avec sa sensibilitĂ© traditionaliste). « L'Esprit Saint agit aussi Ă  travers les peuples chrĂ©tiens et Ă  travers le besoin actuel de sacralitĂ© et de ritualitĂ© dans un monde sĂ©cularisĂ©, le besoin de redĂ©couvrir nos racines. »

 

Il a soulignĂ© que l'Église doit aborder ce phĂ©nomĂšne avec plus de prudence et Ă©viter les jugements simplistes. « L'objectif est de ne pas les laisser s'isoler et se replier sur eux-mĂȘmes, les exposant ainsi au risque de l'extrĂ©misme », a-t-il averti.

Dans le mĂȘme temps, l’évĂȘque Rey estime que la synodalitĂ© – une prioritĂ© essentielle pour le pape François – devrait Ă©galement s’appliquer Ă  ces communautĂ©s. 

 

« La synodalitĂ© signifie discerner, accompagner et intĂ©grer ces sensibilitĂ©s dans le tissu ecclĂ©sial », a-t-il expliquĂ©. « Certains pourraient refuser, et ils devraient en assumer la responsabilitĂ©. Mais nous devons rester attentifs, car l'avenir de l'Église dĂ©pend aussi de cette diversitĂ©. »

 

ClĂ©s pour surmonter la crise de l'Église

 

InterrogĂ© sur les principales orientations que l'Église devrait prendre dans les annĂ©es Ă  venir pour faire face Ă  la crise interne actuelle, Mgr Rey a identifiĂ© quatre dĂ©fis majeurs pour les sociĂ©tĂ©s occidentales, sur la base de son expĂ©rience. PremiĂšrement, l'importance de maintenir la continuitĂ©, rappelant les deux millĂ©naires d'histoire de l'Église comme source de stabilitĂ© dans un monde instable. 

 

Il a ensuite appelĂ© Ă  une plus grande communion dans une sociĂ©tĂ© fragmentĂ©e, marquĂ©e par l'individualisme et la division. « La contribution du christianisme est d'offrir un sentiment de communion universelle qui transcende les intĂ©rĂȘts particuliers ou nationaux, la perte du collectif. Pour pouvoir parler de fraternitĂ©, il faut avoir une paternitĂ©. »

La troisiĂšme posture Ă  adopter est, selon lui, de « nourrir ce qui pousse ». C’est « une attitude d’accompagnement, de rĂ©silience, d’attention Ă  chaque individu ».

 

Enfin, il a recommandĂ© de rester ouvert Ă  l'action de l'Esprit Saint, notamment face aux initiatives inattendues. « Personnellement, j'ai toujours Ă©tĂ© trĂšs sensible aux choses qui sortent de l'ordinaire, qui nous touchent. Cette posture, qui exprime le prophĂ©tisme de l'Église, me paraĂźt fondamentale. »

 

À 72 ans, Mgr Rey affirme avoir encore beaucoup Ă  offrir. Il n'exerce plus de responsabilitĂ©s territoriales, mais il entend continuer Ă  soutenir les initiatives missionnaires et pastorales qu'il a lancĂ©es. 

 

« Tout ce que j’ai pu initier, qu’il s’agisse de groupes de rĂ©flexion, de projets humanitaires ou missionnaires, continuera Ă  nĂ©cessiter diverses formes de soutien », a-t-il dĂ©clarĂ©.

Si sa dĂ©mission marque la fin d'une Ă©poque pour le diocĂšse de FrĂ©jus-Toulon, il est peu probable qu'elle marque la fin de son action pour l'Église catholique. Mgr Rey reste convaincu qu'Ă  un tournant historique, l'avenir de l'Église rĂ©side dans l'acceptation de la diversitĂ© liturgique tout en encourageant l'audace missionnaire. 

« Le christianisme n'est pas simplement un héritage, mais une promesse », a-t-il conclu. « Le christianisme est juste devant nous. »

 

 

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SolĂšne TadiĂ© est correspondante Europe du National Catholic Register. Franco-suisse, elle a grandi Ă  Paris. AprĂšs avoir obtenu une licence de journalisme Ă  l'UniversitĂ© Rome III, elle a commencĂ© Ă  couvrir Rome et le Vatican pour Aleteia. Elle a rejoint L'Osservatore Romano en 2015, oĂč elle a travaillĂ© successivement pour la section française et les pages culturelles du quotidien italien. Elle a Ă©galement collaborĂ© avec plusieurs mĂ©dias catholiques francophones. SolĂšne est titulaire d'une licence de philosophie de l'UniversitĂ© pontificale Saint-Thomas d'Aquin et a rĂ©cemment traduit en français (aux Éditions Salvator) Defending the Free Market: The Moral Case for a Free Economy du PĂšre Robert Sirico de l'Acton Institute.

DĂ©couvrez un extrait du thriller psychologique Nefarious

27/03/2025

DĂ©couvrez un extrait du thriller psychologique Nefarious

Avec : Sean Patrick Flanery (Edward Wayne Brady et Nefariamus / « Nefarious »), Jordan Belfi (Dr James Martin), Tom Ohmer (le directeur de la prisonTom Moss), Glenn Beck (Glenn Beck), Daniel Martin Berkey (le pĂšre Louis), Mark De Alessandro (Dr Alan Fischer),Cameron Arnett (l’administrateur Styles), James Healy Jr. (le gardien de la porte), Sarah Hernandez (le caporal Mendez), Jarret LeMaster (l’officier Wilson), Grifon Aldren (le sergent Wilborn), Eric Hanson (l’assistant du directeur Anderson), Stelio Savante (le dĂ©tective Russo), Robert Peters (le Dr Stewart), Tina Toner (Renee Davenport), Maura Corsini (Melanie Carter). ScĂ©nario : Cary Solomon et Chuck Konzelman d’aprĂšs le roman « A Nefariuos Plot » de Steve Deace. Directeur de la photographie : Jason Head. Musique : Bryan E. Miller.

 

Au cƓur du combat eschatologique


Les scĂ©naristes et rĂ©alisateurs Cary Solomon et Chuck Konzelman auxquels on doit Unplanned 2019, une magistrale dĂ©monstration de l’horreur qu’est l’avortement, se livrent avec Nefarious Ă  un exercice assez surprenant. S’agissant de disserter sur l’existence du diable au travers de quelques exemples qui marquent notre Ă©poque, ils convoquent Ă  cet effet le genre du « thriller et mĂȘme celui du film d’horreur. PrĂ©cisons toutefois que ces thĂšmes modernes apportent une profondeur que l’on ne trouve gĂ©nĂ©ralement pas dans les films de possession. Il faut admettre le rĂ©sultat est assez percutant et convaincant mĂȘme si ce n’est pas sans quelques dĂ©fauts. La maniĂšre de pointer et de traiter les pĂ©chĂ©s phares de notre Ă©poque est brillante parmi lesquels l’euthanasie et l’avortement, Des pĂ©chĂ©s qui amĂšnent Ă  une rĂ©flexion sur la prĂ©sence de la mort dans les sociĂ©tĂ©s contemporaines. Le film peine un peu dans une premiĂšre partie trĂšs riche, trop riche sans doute, en dialogues qui sont Ă©galement trĂšs rapides, ce qui peut rendre le suivi un peu difficile en sus d’un cĂŽtĂ© rĂ©pĂ©titif qui ralentit le rythme du film. Mais c’est Ă  peu prĂšs le seul dĂ©faut majeur du film car le rĂ©cit avançant, le spectateur est de plus « scotchĂ© » devant un affrontement qui s’intensifie progressivement et qui illustre l’histoire sĂ©culaire de la lutte entre le bien et le mal jusqu’à un « twist » final plutĂŽt brillant qui lance Ă  la figure du spectateur l’avertissement que cette guerre entre le bien et le mal ne se termine jamais du moins pas avant la fin des temps.

 

S’agissant d’un quasi huis-clos, la qualitĂ© de l’interprĂ©tation est essentiel et Jordan Belfi et Sean Patrick Flanery, des comĂ©diens peu connus en Europe, remplissent parfaitement le contrat avec une mention spĂ©cial pour Sean Patrick Flanery dont le rĂŽle est plus complexe qu’il n’y parait s’agissant de changer de personnalitĂ© durant la confrontation selon qu’il est dans un moment oĂč il est ou non possĂ©dĂ©. Avec ce personnage les cinĂ©astes transcendent la reprĂ©sentation typique d’un dĂ©mon. Il incarne une malveillance ancienne et intelligente dotĂ©e d’une profonde


comprĂ©hension de la nature humaine et de la moralitĂ©. Ce dĂ©mon n’est pas seulement une prĂ©sence chaotique ; il corrompt subtilement ses victimes, ciblant leur Ăąme et leur Ă©tat psychologique. Comme on le voit Ă  travers sa manipulation de Brady, Nefarious exploite efficacement les vulnĂ©rabilitĂ©s du docteur James Martin Martin, obligeant les personnages et le public Ă  affronter leurs peurs les plus sombres et leurs dilemmes moraux. De son cĂŽtĂ© le personnage du docteur James Martin reprĂ©sente une perspective rationnelle juxtaposĂ©e Ă  l’influence chaotique de Nefarious, forçant le spectateur Ă  une rĂ©flexion plus large sur l’intersection entre la foi et la science.

 

Distrayant et prenant par son cĂŽtĂ© « thriller », intelligent par la modernitĂ© de son apprĂ©hension du mal, Nefarious est un film chrĂ©tien qu’il faut voir et encourager, avec toutefois une rĂ©serve pour les plus jeune en raison d’une sĂ©quence difficilement supportable, celle de l’exĂ©cution du condamnĂ©. Suspense psychologique et rĂ©flexion thĂ©ologique.

 

 

Guerre, Église et État : Perspectives Contemporaines

27/03/2025

Guerre, Église et État : Perspectives Contemporaines

Les participants du Club des Hommes en Noir expriment un scepticisme marquĂ© quant Ă  la rĂ©alitĂ© de cette guerre et aux motivations politiques sous-jacentes de Macron, Ă©voquant une possible instrumentalisation Ă  des fins internes et europĂ©ennes. Ils abordent Ă©galement le rĂŽle de l'Église face aux conflits, les critĂšres de la guerre juste, et la question de l'adhĂ©sion des citoyens Ă  une potentielle mobilisation, soulignant les divisions et le manque d'unitĂ© nationale. En conclusion, l'Ă©mission offre une perspective critique sur le discours gouvernemental et les enjeux gĂ©opolitiques actuels Ă  la lumiĂšre des principes catholiques et de la situation politique française.

 

 

 

Marie, MĂšre de la GrĂące et Voie vers Dieu

27/03/2025

Marie, MĂšre de la GrĂące et Voie vers Dieu

Il souligne la nĂ©cessitĂ© d'approfondir la rĂ©vĂ©lation Ă  travers l'Écriture Sainte interprĂ©tĂ©e par la Tradition et le MagistĂšre. L'accent est mis sur le rĂŽle central de la Vierge Marie dans l'Incarnation et sa maternitĂ© spirituelle, source de grĂące divine pour les fidĂšles. L'union Ă  Marie est prĂ©sentĂ©e comme un chemin indispensable vers une union plus profonde avec JĂ©sus-Christ et une croissance dans la vie de la grĂące baptismale, but ultime de la vocation chrĂ©tienne.

 

 

Fichier audio ici

 

 

 

Riaumont la contre-enquĂȘte pour rĂ©pondre aux amalgames

26/03/2025

Riaumont  la contre-enquĂȘte pour rĂ©pondre aux amalgames

Ces histoires avec des adolescents en difficultĂ©s, Ă©talĂ©es sur plus d’un demi-siĂšcle, sont loin d’ĂȘtre une omerta : en mars 2025 on a pu recenser dĂ©jĂ  250 articles contre l’Ɠuvre Ă©ducative de Riaumont !

Et face au lynchage mĂ©diatique d’un documentaire d’ARTE qui a refusĂ© tout droit de rĂ©ponse, l’association Notre-Dame de Riaumont a dĂ» porter plainte pour diffamation avec constitution de partie civile.

Une vidĂ©o de contre-enquĂȘte (bit.ly/filmriaumont) permet enfin d’entendre le point de vue des religieux mis en examen depuis 2019, dont quasiment aucun media n’a respectĂ© la prĂ©somption d’innocence :

 

Marie a dit oui sans attendre d’assurance sur sa vocation

25/03/2025

Marie a dit oui sans attendre d’assurance sur sa vocation

JĂ©sus est le Don divin que Dieu le PĂšre offre Ă  l'humanitĂ© dĂ©chue. Nous devrions chaque annĂ©e nous prĂ©parer Ă  la fĂȘte de NoĂ«l en rĂ©flĂ©chissant Ă  la fois Ă  la gratitude de ce PĂšre divin et Ă  la bontĂ© gĂ©nĂ©reuse de ce Don qu'est le Fils divin.

 

Une autre façon de mĂ©diter sur le MystĂšre de l'Annonciation est de rĂ©flĂ©chir Ă  la maniĂšre dont Marie reçoit le Don divin de JĂ©sus. Marie est la premiĂšre et la plus fidĂšle disciple de JĂ©sus. Non seulement elle intercĂšde pour chacun d'entre nous mais elle est aussi notre modĂšle. Cela signifie qu'Ă  chaque passage oĂč il est question d’elle dans le Nouveau Testament, nous devrions rĂ©flĂ©chir Ă  la maniĂšre dont nous pouvons imiter ses vertus de premiĂšre disciple et meilleure disciple.

 

Lors de la scĂšne de l'Annonciation, Marie donne l'exemple de nombreuses vertus, la plus importante Ă©tant celle de l'humilitĂ©. Ce n'est pas un hasard si les mots « humble » et « humilitĂ© » dĂ©rivent du mot latin « humus », qui signifie « sol » ou « terre ». Marie est « enracinĂ©e » en Dieu, et l'on pourrait dire « terre Ă  terre », en raison de son humilitĂ©. Elle sait ce qu'elle est, et ne cherche jamais Ă  ĂȘtre quelqu'un qu'elle n'est pas. Mais cette humilitĂ© ne l'empĂȘche pas d'ĂȘtre profondĂ©ment surprise par le message de Dieu lui rĂ©vĂ©lant qu'elle est destinĂ©e Ă  ĂȘtre la MĂšre du Messie. NĂ©anmoins, sans aucune assurance sur ce que cette vocation exigera d'elle, elle s'en remet Ă  la volontĂ© de Dieu : « Qu'il me soit fait selon votre parole ».

 

PĂšre Thomas Hoisington

https://catholicdioceseofwichita.org/

La messe traditionnelle survivra, dût-elle passer par les catacombes

25/03/2025

La messe traditionnelle survivra, dût-elle passer par les catacombes

« Cette maniĂšre de cĂ©lĂ©brer la messe, que j’appelle la messe des siĂšcles, ne peut ĂȘtre dĂ©truite : aucun pape ne peut y mettre fin, malgrĂ© tous ses efforts », a dĂ©clarĂ© l’évĂȘque du Kazakhstan. « Elle survivra. Peut-ĂȘtre deviendra-t-elle clandestine pendant un bref moment, mais elle survivra dans les catacombes. »

 

« Un jour, j’en suis convaincu – c’est mon opinion personnelle – un pape cĂ©lĂ©brera la messe traditionnelle Ă  Rome, dans la basilique Saint-Pierre, avec la plus grande solennitĂ© », a-t-il ajoutĂ©, prĂ©cisant qu’il refuse d’employer les termes de « vieille messe » pour dĂ©crire la messe traditionnelle. Il prĂ©fĂšre parler de la « nouvelle messe », car elle est aujourd’hui la « messe de la jeunesse » en mĂȘme temps qu’elle est la « messe des siĂšcles ». Ses textes et ses rubriques remontent au moins au IVe siĂšcle et Ă  saint Ambroise, a-t-il insistĂ©.

 

Mgr Schneider : la messe traditionnelle n’a jamais connu une rupture du rite
Au cours de ses deux mille ans d’histoire, la messe traditionnelle a toujours « Ă©voluĂ© trĂšs lentement », sans aucune rupture dans le rite, mĂȘme si de petits changements ont Ă©tĂ© apportĂ©s au fil des siĂšcles, a soulignĂ© Mgr Schneider : « De petites, de trĂšs petites choses peuvent toujours ĂȘtre modifiĂ©es, mais jamais de maniĂšre radicale, mais au contraire avec beaucoup de prudence. »

InterrogĂ© sur le fait de savoir si la messe traditionnelle redeviendra un jour la norme dans l’Eglise catholique, Mgr Schneider a rĂ©pondu qu’à son avis c’est la « soi-disant nouvelle messe » qui sera rĂ©formĂ©e « Ă©tape par Ă©tape pour se rapprocher le plus possible de la messe des siĂšcles », la messe traditionnelle qui ne sera pas modifiĂ©e, selon lui, sinon par l’ajout de certaines prĂ©faces ou de nouvelles fĂȘtes.

 

Mgr Schneider l’affirme : la messe traditionnelle survivra
Ce qui pourrait alors distinguer la « nouvelle messe » de la messe traditionnelle serait l’utilisation plus importante des langues vernaculaires, peut-ĂȘtre accompagnĂ©e de « quelques changements minimes dans les rubriques », a-t-il ajoutĂ©.

 

« Mgr Lefebvre a dit un jour que s’il devait choisir entre cĂ©lĂ©brer le Novus Ordo, c’est-Ă -dire la nouvelle messe, entiĂšrement en latin, et cĂ©lĂ©brer le rite traditionnel entiĂšrement en français, il prĂ©fĂ©rerait cĂ©lĂ©brer le rite traditionnel entiĂšrement en français plutĂŽt que le Novus Ordo en latin. Et il avait raison », a conclu Mgr Schneider.

 

Anne Dolhein sur RĂ©information.tv

Ce que nous enseigne le “Oui” de Marie à l’Ange de l’Annonciation

24/03/2025

Ce que nous enseigne le “Oui” de Marie à l’Ange de l’Annonciation

Pourquoi la Vierge Marie n’a-t-elle pas exultĂ© de joie dĂšs l’instant de l’Annonciation ? Pourquoi a-t-elle attendu la Visitation pour exprimer sa joie en chantant son Magnificat ? L’Ange ne lui avait-il pas annoncĂ© l’imminence d’une naissance miraculeuse qui aurait dĂ» la rĂ©jouir immĂ©diatement ? Et pourtant
 C’est le temps long de la grĂące ! Voyons la scĂšne de plus prĂšs.

 

Dieu a préparé le terrain


Lorsque l’ange Gabriel se prĂ©sente devant la Vierge Marie, l’évĂ©nement fait irruption dans sa vie comme quelque chose d’extraordinaire et d’inattendu (Lc 1, 26-38). Mais en amont, Dieu a prĂ©parĂ© le terrain. Marie a Ă©tĂ© conçue prĂ©servĂ©e du pĂ©chĂ©, et encore qu’elle n’en ait probablement aucune espĂšce d’intuition, son enfance et son adolescence ont eu la fraĂźcheur d’une innocence qu’on pensait oubliĂ©e depuis le matin du monde. Toutefois, cette innocence initiale de Marie aurait pu se flĂ©trir avec le temps, lentement ou bien soudainement Ă  l’instar de celle d’Ève. Ce ne fut pas le cas. Dieu veillait, et prĂ©venait Marie de sa grĂące Ă  chaque instant. De son cĂŽtĂ©, Marie n’opposait aucune rĂ©sistance Ă  cette grĂące. De la simple non-rĂ©sistance au consentement actif, il y a un saut qualitatif que Marie a franchi en choisissant, dĂšs l’enfance et Ă  chaque instant, de se recevoir entiĂšrement de Dieu.

 

Ce n’était pas de sa part une option fondamentale un peu vague ou une vellĂ©itĂ©. Se recevoir entiĂšrement de Dieu, c’était d’abord mĂ©diter chaque jour sa Parole dans les Écritures. Et c’était laisser la Parole de Dieu littĂ©ralement façonner toute sa vie. L’Écriture, en elle, ne restait pas lettre morte, mais s’épanouissait en une vie toute discrĂšte mais toute donnĂ©e dĂ©jĂ . Tout cela, l’Évangile ne nous le dit pas. Mais comment Marie aurait-elle pu accueillir la visite de l’ange si elle n’avait pas Ă©tĂ© familiĂšre des Écritures, si elle n’avait pas confusĂ©ment reconnu dans l’évĂ©nement un accomplissement des rĂ©cits anciens qu’elle connaissait dĂ©jĂ  ?

 

La délicatesse de Dieu


En supposant tout cela, on ne cĂšde pas Ă  une mariolĂątrie de mauvais aloi, en lui accordant tous les privilĂšges et toutes les perfections imaginables sans aucun rapport avec la RĂ©vĂ©lation. Au contraire, on se donne les moyens de comprendre comment une simple crĂ©ature, une humble jeune fille d’IsraĂ«l, semblable aux autres jeunes filles de Nazareth, a pu accueillir la nouvelle de sa maternitĂ© divine. Et en dehors de sa condition particuliĂšre prĂ©servĂ©e du pĂ©chĂ© originel, Marie a accueilli l’Annonciation exactement comme tout chrĂ©tien peut accueillir les visites de Dieu : en Ă©tant pĂ©trie de l’Écriture, en consacrant du temps Ă  la priĂšre, en Ă©tant toute donnĂ©e dans le quotidien. C’est ainsi que nous autres chrĂ©tiens pouvons reconnaĂźtre la visite de Dieu lorsqu’elle se prĂ©sente. Rien d’extraordinaire, que de l’ordinaire humblement soumis Ă  la grĂące.

 

Lorsque Dieu dĂ©cide que le jour est venu de rĂ©vĂ©ler sa vocation et sa mission Ă  la Vierge Marie, il use d’une dĂ©licatesse infinie. Car enfin, s’il avait voulu forcer le rĂ©sultat et s’assurer d’une rĂ©ponse positive, il aurait pu choisir une apparition plus spectaculaire, voire mĂȘme apparaĂźtre en personne, au sommet d’une montagne, dans un roulement de tonnerre. Mais quelle aurait Ă©tĂ© alors la libertĂ© de Marie ? On ne peut rien refuser Ă  Dieu qui se prĂ©sente en majestĂ© ! Au lieu de cela, Dieu envoie un ange, dans la discrĂ©tion et la quiĂ©tude de sa maison. C’est donc trĂšs librement que Marie peut donner son "oui". LĂ  encore, c’est une loi commune de la vie spirituelle, que Dieu communique avec nous par des mĂ©diations trĂšs simples : une rencontre, une lecture. Nous aussi recevons la visite d’anges, au sens littĂ©ral et Ă©tymologique d’envoyĂ©, et il nous faut toute l’intimitĂ© d’une vie de priĂšre nourrie de l’Écriture et des sacrements pour y reconnaĂźtre Dieu qui veut communiquer sa volontĂ©.

 

L’Évangile ne cache rien


Mais lĂ  encore, Marie n’est pas en-dehors de la condition humaine. Sa rĂ©action est trĂšs naturelle tout en Ă©tant baignĂ©e de surnaturel : elle est troublĂ©e, craintive et bouleversĂ©e. Si son obĂ©issance religieuse est totale, elle n’exclut pas la prudence, et Marie ose demander : "Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ?" Dans cette question, il y a toute l’audace d’une fille d’IsraĂ«l qui sait qu’on peut tout demander au Dieu d’amour. Il y a aussi la marque d’une grande intimitĂ©, puisqu’elle Ă©voque trĂšs discrĂštement mais trĂšs simplement sa vie affective et sexuelle. Enfin il faut remarquer que par cette question, elle anticipe l’objection rationaliste tellement banale et rĂ©currente de l’impossibilitĂ© de cette naissance sans homme pour participer Ă  la conception. L’Évangile ne cache rien !

 

La littĂ©rature spirituelle a beaucoup mĂ©ditĂ©, Ă  raison, sur l’instant crucial de ce "oui".

 

SitĂŽt que l’ange l’a rassurĂ©e, la Vierge Marie donne son "oui". Ce faisant, c’est tout l’univers qui bascule, c’est toute l’Église passĂ©e, prĂ©sente et Ă  venir qui est engagĂ©e dans cette rĂ©ponse. Comme Ă  la Croix, lorsque JĂ©sus donne Marie Ă  Jean pour mĂšre, c’est toute l’Église qui est concernĂ©e. La littĂ©rature spirituelle a beaucoup mĂ©ditĂ©, Ă  raison, sur l’instant crucial de ce "oui". Mais lĂ  encore, la focalisation sur cet instant unique entre tous pourrait ĂȘtre trompeuse.

 

Un "oui" tous les jours


Car enfin, comme dans toute vocation, qu’il s’agisse d’une vocation religieuse, sacerdotale, maritale ou mĂȘme professionnelle, ce n’est pas seulement le choix d’un instant donnĂ© qui en fait la beautĂ©, mais la persĂ©vĂ©rance dans le consentement de toute une vie, Ă  mesure qu’on est confrontĂ© aux consĂ©quences non prĂ©vues de ce choix initial. Dans le cas de Marie, elle a dĂ» affronter trĂšs tĂŽt aprĂšs Ă  la prophĂ©tie de la Croix lors de la prĂ©sentation de JĂ©sus au Temple. Puis elle a dĂ» supporter de voir JĂ©sus accaparĂ© par les foules mais incompris de ces mĂȘmes foules. Enfin, il y eut la rĂ©alitĂ© de la Croix. À chaque fois, Marie a dĂ» actualiser son "oui", consentir Ă  nouveau, jour aprĂšs jour.

 

C’est ici qu’on en revient Ă  la question initiale. Pourquoi Marie a-t-elle attendu la Visitation pour exulter de joie en chantant son Magnificat ? Sans doute parce qu’entre ces deux Ă©vĂ©nements, Marie a vĂ©cu son obĂ©issance dans une certaine angoisse, lisant et relisant les Écritures, pour trouver dans le passĂ© des figures d’identification qui puissent l’aider Ă  comprendre ce qu’elle vivait : les femmes stĂ©riles gratifiĂ©es par Dieu d’une naissance miraculeuse (Sara, Anne, etc.), les hommes qui avaient dĂ» poser un acte d’abandon confiant (Abraham, Job...). À nouveau, Marie suit le chemin ordinaire d’une vocation : aprĂšs la rĂ©vĂ©lation vient le temps de l’approfondissement, du mĂ»rissement, des doutes possibles ; et c’est la rencontre d’un aĂźnĂ© dans la foi, plus expĂ©rimentĂ© dans les voies du Seigneur, capable d’authentifier la vĂ©ritĂ© de ce qu’elle vit, Élisabeth dans ce cas prĂ©cis, qui lui apporte la paix et lui permet d’exulter sa joie dans le Magnificat.

 

Évidemment, Marie occupe une place unique dans l’histoire du salut. Mais la maniĂšre dont Dieu lui a rĂ©vĂ©lĂ© sa vocation et la maniĂšre dont elle y a rĂ©pondu sont un enseignement qui vaut pour tous les fidĂšles. Il s’agit toujours et dans tous les cas que la Parole de Dieu vienne prendre chair en nous. Le temps est tout proche.

 

Source : ALETEIA
Jean-Thomas de Beauregard 

À quoi sert le CarĂȘme et comment faire un bon CarĂȘme

23/03/2025

À quoi sert le CarĂȘme et comment faire un bon CarĂȘme

Sans prĂ©tendre faire le tour de cette question, les membres du Club des Hommes en noir apportent leur expĂ©rience de prĂȘtres et de laĂŻcs pour donner tout son sens Ă  un temps liturgique qui semble Ă  la fois craint et qui en mĂȘme temps attire beaucoup de fidĂšles par ses exigences spirituelles.

Pour mieux dĂ©couvrir le sens du vrai carĂȘme chrĂ©tien, Philippe Maxence reçoit au micro du Club des Hommes en noir :

l’abbĂ© Marc Guelfucci ;
le pÚre Jean-François Thomas ;
le PĂšre Danziec ;
et le docteur Philippe de La Briole.

 

Ce CarĂȘme 2025 est aussi pour le Club des Hommes en noir une nouvelle occasion de tendre la main comme un mendiant pour vous demander votre soutien concret et financier pour assurer son existence, son dĂ©veloppement et son amĂ©lioration. Tendre ainsi la main n’a rien de facile et d’évident et nous espĂ©rons ne pas vous agacer par cette dĂ©marche qui fait appel Ă  votre misĂ©ricorde.

 

Le secret du bonheur de saint Joseph

22/03/2025

Le secret du bonheur de saint Joseph

ien qu’il soit largement connu comme le patron de la « bonne mort », le bonheur de saint Joseph ne s'est pas limitĂ© aux derniĂšres heures de sa vie. En effet, saint Joseph a Ă©galement connu une vie heureuse, malgrĂ© le fait qu’il ait Ă©tĂ© le seul membre de la Sainte Famille Ă  porter le poids du pĂ©chĂ©. Mais qu’est-ce qui rendait la vie de saint Joseph si heureuse ? L’Église compare son bonheur Ă  celui des saints au Paradis, car sur Terre, il lui a Ă©tĂ© permis de voir JĂ©sus-Christ face Ă  face pendant trente ans et de vivre avec lui quotidiennement ! Il a donc eu la grĂące de voir Dieu lui-mĂȘme chaque jour de sa vie !

 

Aujourd’hui, cette grĂące qu’a vĂ©cue saint Joseph est donnĂ©e Ă  chaque homme lorsqu’il franchit le seuil d’une Ă©glise. Son exemple devrait donc encourager les chrĂ©tiens Ă  se rendre rĂ©guliĂšrement devant le Tabernacle, oĂč ils peuvent rencontrer JĂ©sus, cachĂ© sous l'apparence du pain. En vivant chaque jour aux cĂŽtĂ©s de son Fils adoptif, vrai Dieu et vrai homme, saint Joseph a pu suivre son exemple et apprendre de son comportement. Si JĂ©sus a enseignĂ© les huit bĂ©atitudes Ă  ses disciples pendant sa vie publique, saint Joseph les avait sĂ»rement apprises bien avant, en voyant JĂ©sus les vivre dans sa vie quotidienne. 

 

GrĂące Ă  cela, il a pu les pratiquer avec une grande perfection jusqu’à la fin de sa vie, sous le regard de Celui qui devait lui accorder un jour la rĂ©compense Ă©ternelle. Pourquoi alors ne pas demander Ă  saint Joseph son aide pour suivre son exemple et mettre en pratique les bĂ©atitudes ? Si vous recherchez non seulement une « bonne mort » mais aussi le bonheur dans cette vie, priez saint Joseph ! Suivez son exemple, en vous mettant autant que possible en prĂ©sence de JĂ©sus-Christ et en pratiquant les bĂ©atitudes.

 

PriĂšre Ă  saint Joseph :


Je vous salue, Joseph,
Vous que la grùce divine a comblé.
Le sauveur a reposé entre vos bras et grandi sous vos yeux.
Vous ĂȘtes bĂ©ni entre tous les hommes, et JĂ©sus,
l’enfant divin de votre virginale Ă©pouse est bĂ©ni.
Saint Joseph, donné pour pÚre au Fils de Dieu,
priez pour nous dans nos soucis de famille, de santĂ© et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir Ă  l’heure de notre mort.
Amen.

 

Source : ALETEIA

Le Bon Dieu en haut-débit

21/03/2025

Le Bon Dieu en haut-débit

En effet, le monde a beau vivre des mutations diverses et variĂ©es depuis son origine, le mystĂšre du Calvaire, telle une ancre stabilisatrice, s’offre aux hommes pour les guĂ©rir de leurs agitations parfois contradictoires. La croix, arche du Salut et instrument de notre RĂ©demption, c’est elle, assurĂ©ment, qu’il s’agit de regarder, de vĂ©nĂ©rer et d’embrasser durant ces jours qui nous sĂ©parent du soleil de la PĂąque.

 

Le monde ne cesse de tourner


« Le monde tourne » : dans le contexte actuel il faut se le redire comme autant d’injections qui prĂ©munissent des dangers de l’insouciance ou du dĂ©sengagement. L’actualitĂ©, avec ses vertiges, et le progrĂšs, avec ses mirages, prennent en tenaille nos Ăąmes au point de les menacer d’étourdissement. Des basculements se dessinent sous nos yeux et nous resterions saisis et stupĂ©faits tel un lapin dans la lumiĂšre des phares d’une voiture ?

Depuis le dĂ©rĂšglement mĂ©taphysique provoquĂ© par le pĂ©chĂ© originel, le monde ne cesse de tourner et ce mouvement continuel, Ă  l’image de celui d’une toupie, peut finir par captiver ou immobiliser. Face au dĂ©veloppement exponentiel de l’intelligence artificielle (IA) – et le champ inouĂŻ des possibles qu’elle ouvre –, l’Église se trouve face Ă  l’une de ses plus nobles et plus exigeantes responsabilitĂ©s : assumer son rĂŽle de prophĂšte. Éviter le double piĂšge de l’immobilisme et de la fascination.

 

Se rappeler avec Cocteau qu’« il est possible que le progrĂšs soit le dĂ©veloppement d’une erreur ». Le dĂ©fi n’est pas de petite taille et les enjeux spirituels apparaissent immenses.

Et le CarĂȘme dans tout cela ? En nous enjoignant Ă  nous mettre rĂ©solument Ă  la suite du Christ, Ă  nous configurer Ă  son message de vie, la pĂ©riode liturgique qui prĂ©pare Ă  la cĂ©lĂ©bration de la RĂ©surrection possĂšde une Ă©paisseur spirituelle tout Ă  fait significative. Elle nous remĂ©more que « La croix demeure ». DerriĂšre les tĂ©nĂšbres du mont calvaire, la lumiĂšre du sĂ©pulcre s’annonce. « Ad lucem, per crucem ! »

 

La croix devient un passage obligĂ© dans la mesure oĂč il s’accompagne de son cortĂšge de grĂąces. Les mortifications prennent alors une dimension tout autre. L’ascĂšse et les renoncements joyeux n’en sont que les parties Ă©mergĂ©es du CarĂȘme. L’essentiel est invisible aux yeux. La richesse de la pĂ©dagogie de la liturgie, l’exercice hebdomadaire du chemin de croix chaque vendredi, la gratuitĂ© d’un temps plus consĂ©quent passĂ© avec Dieu participent Ă  rendre plus permĂ©ables nos Ăąmes aux inspirations divines, et Ă  ses bienfaits.

Sur l’observance du CarĂȘme, saint BenoĂźt note avec sagesse au chapitre 49 que si les moines devraient avoir, en tout temps, Ă  cƓur de vivre avec la mĂȘme intensitĂ© spirituelle qu’en CarĂȘme, il recommande Ă  ses frĂšres, qu’au moins durant ces jours saints, ils vivent en bon moine.

 

Revenir aux sources


Sylvain Tesson, au cours de sa promenade mĂ©ditative Sur les chemins noirs, adresse Ă  ses lecteurs diffĂ©rentes remarques dont deux d’entre elles me semblent pouvoir Ă©clairer notre propos. Au sujet des libres penseurs qui s’attellent Ă  desceller les croix des chemins et interdire les statues de Notre-Dame aux angles des rues, l’écrivain voyageur prĂ©vient : « Il ne faut pas s’échiner Ă  dĂ©raciner les choses si l’on n’a rien Ă  replanter Ă  la place. C’est un principe que le moindre agent de l’Office national des forĂȘts saurait expliquer savamment Ă  un agnostique. »

 

Le CarĂȘme vient sarcler nos Ăąmes. Retour aux sources, il plonge le chrĂ©tien jusqu’aux racines du salut qui proviennent de l’arbre de la croix. Toujours il nous faut revenir Ă  cet « Ecce lignum » et cette germination du Golgotha que Dieu a entreprise pour nous sauver.

Au milieu de cette France pĂ©riphĂ©rique dans laquelle il se promĂšne, Tesson touche du doigt ce monde qui tourne avec ses villages qui se vident, ses boutiques qui se ferment, la proximitĂ© qui se perd Ă  mesure que la fibre serpente les campagnes pour y acheminer Internet. Selon lui, « Le haut-dĂ©bit serait une solution fort acceptable Ă  condition qu’il se rĂ©sumĂąt Ă  celui des tonneaux percĂ©s d’un coup de hache dans les caves de Bourgogne » Ă©crit-il, provocateur. Le vin, bien sĂ»r, rĂ©jouit le cƓur de l’homme.

 

Mais il n’y a qu’un haut-dĂ©bit qui prĂ©serve des maux de crĂąne et qui garantisse la dilatation de l’esprit autant que l’élargissement du cƓur, c’est celui des flux divins. Le CarĂȘme en est une terre de gisements. À chacun de s’aventurer dans ce dĂ©sert et de puiser dans cette vaste solitude de quoi se recentrer sur Dieu. Un exercice de raffinage dĂ©licat mais en mesure de tenir toutes ses promesses.

 

PĂšre Danziec 

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